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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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prêtre qui portait
une brassée de gerbes de flèches. Il était suivi d’un petit garçon qui en
portait encore plus.
    — Un cadeau des archers du roi, dit le père Hobbe en
déversant les flèches dans l’herbe.
    Thomas vit qu’elles avaient les empennes rouges des archers
personnels du roi. Il tira son couteau, trancha le lacet qui les retenait et
remplit son sac de ces nouvelles flèches.
    — En ligne ! En ligne ! cria le comte de
Northampton d’une voix enrouée.
    Son heaume était profondément cabossé au-dessus de sa tempe
droite et son surcot était maculé de sang. Le prince de Galles lançait des
insultes aux Français qui tournaient bride et retraversaient le terrain couvert
de morts et de blessés.
    — Archers ! appela le comte.
    Puis il tira le prince pour le ramener parmi les hommes
d’armes qui se mettaient lentement en formation. Deux des hommes ramassèrent
des lances ennemies pour en équiper le premier rang.
    — Archers ! appela à nouveau le comte.
    Will Skeat ramena ses hommes à leur position initiale,
devant le comte.
    — Nous sommes là, monseigneur.
    — Avez-vous des flèches ?
    — Quelques-unes.
    — Suffisamment ?
    — Quelques-unes, répondit Skeat d’un air têtu.
    Thomas donna un coup de pied à une épée brisée. À deux ou
trois pas devant lui se trouvait un cheval mort.
    Des mouches couraient sur ses yeux blancs et sur ses naseaux
noirs luisants de sang. Sa housse était blanc et jaune et le chevalier qui
avait monté ce cheval était coincé sous son cadavre. La visière de l’homme
était levée. Beaucoup de Français et presque tous les hommes d’armes anglais
combattaient visière levée. Soudain l’homme, dont le regard était fixé sur
Thomas, cligna des yeux.
    — Ayez pitié, murmura l’homme en français, pour l’amour
du Christ, ayez pitié.
    Thomas ne put l’entendre car l’air était rempli du tonnerre
des sabots et du cri strident des trompettes.
    — Laissez-les ! Ils ont leur compte ! lança
Will Skeat à certains de ses hommes qui s’apprêtaient à tirer sur les cavaliers
qui avaient survécu à la première charge et s’étaient retirés pour se réaligner
à portée des arcs.
    — Attendez ! cria-t-il.
    Thomas regarda sur sa gauche. Sur un mile de distance, des
cadavres d’hommes et de chevaux étaient étendus sur la pente, mais il semblait
que les Français ne soient parvenus jusqu’aux lignes anglaises qu’à l’endroit
où il se trouvait. Et voilà qu’ils revenaient. Il regarda la vague d’assaut
monter la pente. Cette fois, ils progressaient lentement, avec discipline. L’un
des chevaliers du premier rang portait un extravagant plumet blanc et jaune sur
son heaume, comme s’il participait à un tournoi. C’était un homme mort, pensa
Thomas. Aucun archer ne résisterait au plaisir d’atteindre une cible si
flamboyante.
    Thomas revint au carnage qu’il avait devant lui. Y avait-il
des Anglais parmi les morts ? Il semblait impossible qu’il n’y en ait pas,
et pourtant il n’en vit aucun. Un Français, une flèche plantée dans la cuisse,
tournait en rond parmi les cadavres, puis il tomba à genoux. Sa cotte de
mailles était déchirée à la taille et la visière de son heaume pendait, retenue
par un seul rivet. Pendant un moment, les mains crispées sur le pommeau de son
épée, il eut l’air d’un homme en prière, puis il bascula lentement en avant. Un
cheval blessé poussa un hennissement. Un homme tenta de se relever. Thomas vit
la croix rouge de saint Georges sur son bras et les quartiers rouge et jaune du
comte d’Oxford sur son jupon. Ainsi, il y avait des pertes anglaises.
    — Attendez ! cria Will Skeat.
    Thomas leva les yeux et vit que les cavaliers étaient plus
près, beaucoup plus près. Il tendit l’arc noir. Il avait tiré tant de flèches
que les deux doigts calleux qui tiraient la corde lui faisaient mal et que le
bord de sa main gauche était éraflé par le frottement des plumes d’oie. Les
muscles longs de son dos et de ses bras étaient douloureux. Il avait soif.
    — Attendez ! répéta Skeat.
    Thomas relâcha la corde de quelques pouces. L’ordre rapproché
de la deuxième charge avait été défait par les corps des arbalétriers, mais les
cavaliers se reformaient et ils étaient largement à portée des arcs. Mais Will
Skeat, sachant combien il disposait de peu de flèches, voulait que chacune
fasse mouche.
    — Visez bien, les gars. Nous ne devons rien

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