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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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gaspiller,
alors visez bien ! Tuez les chevaux.
    Les arcs se tendirent au maximum. La corde de Thomas brûlait
ses doigts douloureux.
    — Allez-y ! cria Skeat.
    Une volée de flèches descendit la pente, les plumes rouges
se mêlant aux blanches. La corde de Jake se cassa. Il se baissa pour la
remplacer. Une deuxième volée partit en sifflant dans l’air. Tandis que les
troisièmes flèches étaient mises en place, les premières atteignaient leurs
cibles. Les chevaux hennirent et se cabrèrent. Les cavaliers hésitèrent puis
éperonnèrent leurs montures, comprenant que le moyen le plus rapide d’échapper
aux flèches était de renverser les archers. Thomas tira sans discontinuer. Il
ne réfléchissait plus et se contentait de chercher un cheval, de le suivre avec
la pointe de sa flèche et de lâcher la corde. En prenant une flèche blanche, il
vit du sang sur l’empenne. Ses doigts saignaient. C’était la première fois que
cela se produisait depuis son enfance. Il se remit à tirer malgré la douleur
qui lui faisait monter des larmes aux yeux. Mais la seconde charge avait perdu
toute sa cohésion. Les pointes de fer torturaient les chevaux, et les cavaliers
avaient devant eux les cadavres de la première attaque. L’élan des Français
était brisé. Ils ne pouvaient plus résister au fléau des flèches mais ne
voulaient pas faire retraite. Les chevaux et les hommes tombaient, les tambours
battaient et l’arrière-garde poussait les premiers rangs vers le terrain
ensanglanté où attendaient les trous et où volaient les flèches. Thomas tira
une autre flèche. Il vit le trait s’enfoncer dans le poitrail d’un cheval,
puis, cherchant dans son sac, il s’aperçut qu’il ne lui restait qu’une seule
flèche.
    — Tu as des flèches ? demanda Sam.
    Mais personne n’en avait plus. Thomas tira celle qui lui
restait avant de se retourner pour trouver une ouverture entre les hommes
d’armes et échapper aux cavaliers qui n’allaient pas manquer de surgir. Mais il
n’y avait pas d’ouverture.
    Il eut un moment de terreur. On ne pouvait s’échapper et les
Français arrivaient. Presque sans réfléchir, il plaça sa main droite à
l’extrémité de son arc et le jeta par-dessus les hommes en cuirasse. L’arme
allait l’encombrer, il voulait s’en débarrasser. Il ramassa un bouclier, en
espérant qu’il portait un blason anglais, et engagea son bras gauche dans les
lanières. Après avoir tiré son épée, il recula entre deux des lances tenues par
les hommes d’armes. D’autres archers faisaient de même.
    — Laissez rentrer les archers ! cria le comte de
Northampton.
    Mais les hommes d’armes craignaient trop l’arrivée rapide
des Français pour ouvrir leurs rangs.
    — Prêts ! cria un homme d’une voix qui laissait
percer sa nervosité.
    Les flèches étant épuisées, les cavaliers français
remontaient la pente entre les cadavres et les trous, la lance baissée et les
éperons en action pour demander un dernier effort à leurs chevaux avant de
frapper l’ennemi. Les housses étaient pleines de boue et des flèches y étaient
accrochées. Le regard fixé sur une lance, Thomas leva le bouclier. Dans leurs
armures de fer, les ennemis avaient des visages monstrueux.
    — Tout ira bien, mon gars, dit une voix calme derrière
lui. Lève bien ton bouclier et attaque le cheval.
    Thomas jeta un coup d’œil derrière lui. Il vit que c’était
l’homme aux cheveux gris, Reginald Cobham, le vieux champion en personne, qui
se tenait au premier rang.
    — Préparez-vous ! cria Cobham.
    Les chevaux arrivaient sur eux, immenses. Les lances étaient
pointées, le bruit des sabots et des armures assourdissant. Les Français
criaient victoire en se penchant en avant.
    — Maintenant tuez-les ! cria Cobham.
    Les lances frappèrent les écus. Thomas fut projeté en
arrière. Un sabot le heurta à l’épaule mais un homme derrière lui le remit sur
pied et il fut poussé violemment contre le cheval de l’ennemi. Il n’avait pas
assez de place pour se servir de son épée, et son bouclier était collé à son
côté. Il sentit une odeur de sang et de sueur de cheval. Quelque chose frappa
son casque en faisant tinter son crâne et en lui obscurcissant la vue. Puis,
miraculeusement, la pression disparut, il entrevit un morceau de jour et se
dirigea vers lui en titubant.
    — Bouclier haut ! cria une voix.
    Il obéit instinctivement. Son bouclier fut rabattu. Mais sa
vision

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