La lance de Saint Georges
cavalier déboulait.
L’homme essaya de s’écarter du groupe, mais le père Hobbe, le
seul à avoir conservé son arc, jeta l’arme dans les jambes avant du cheval qui
trébucha en brisant l’arc et tomba dans un grand bruit tout près d’eux. Sam
frappa de sa hache le chevalier qui poussait des cris.
— Vexille ! hurla Thomas aussi fort qu’il le put.
Vexille !
— Il a perdu la tête, dit Skeat au père Hobbe.
— Pas du tout, dit le prêtre.
Il n’avait plus d’arme. Mais quand Sam eut fini de découper
avec sa nouvelle hache la cotte de mailles et le vêtement de cuir, le prêtre
s’empara du cimeterre du Français mort qu’il leva en connaisseur.
— Vexille ! Vexille ! criait Thomas.
L’un des chevaliers qui se trouvaient près de l’éalé
l’entendit et tourna son heaume de son côté. Il sembla à Thomas que l’homme le
regardait longuement à travers les fentes de sa visière. Mais cela n’avait pu
être que très bref parce qu’il était assailli par deux soldats à pied. Il se
défendait habilement. Son cheval exécutait un pas de bataille pour éviter que
ses jarrets soient coupés. L’homme fit sauter l’épée de l’un des Anglais,
envoya son éperon gauche dans la face de l’autre, puis il fit rapidement
tourner son cheval et tua le premier d’un coup d’estoc. Le second se replia.
Alors le cavalier tourna bride et se dirigea droit sur Thomas.
— Tu cherches les ennuis, grommela Skeat en venant se
placer auprès de Thomas.
Le chevalier s’écarta au dernier moment et abattit son épée.
Thomas para le coup mais il avait été porté avec une telle force que le
bouclier vint frapper son épaule. Le cheval s’éloigna, tourna, revint et le
chevalier frappa à nouveau. Skeat donna un coup d’épée au cheval mais le
destrier portait une cotte de mailles sous sa housse et l’épée glissa. Thomas,
parant le coup, faillit tomber à genoux. Le chevalier était à trois enjambées,
le cheval tournait rapidement. Alors l’homme leva la main qui tenait l’épée,
releva sa visière et Thomas vit que c’était sir Simon Jekyll.
La colère monta en lui comme de la bile. Sans tenir compte
de l’avertissement de Skeat, il s’élança en avant l’épée haute. Sir Simon para
le coup avec une aisance méprisante, le destrier fit délicatement un pas de
côté et la lame de sir Simon s’abattit. Thomas dut se tordre sur le côté mais,
aussi rapide que fût son mouvement, la lame frappa tout de même son casque avec
une telle force qu’il en fût presque assommé.
— Cette fois, tu vas mourir, dit sir Simon.
Il porta un coup d’épée à la poitrine recouverte d’une cotte
de mailles de Thomas. Mais celui-ci avait trébuché sur un cadavre et était déjà
en train de tomber en arrière. Le coup ne fit que le renverser un peu plus
vite. Il se mit à ramper sur le dos, la tête tout étourdie par le coup qu’il
avait reçu sur le casque. Il n’y avait plus personne pour l’aider car il
s’était écarté du groupe de Skeat qui était en train de se défendre contre de
nouveaux cavaliers. Thomas essaya de se relever mais sa tête lui faisait mal et
le coup à la poitrine lui avait coupé le souffle. Sir Simon se pencha du haut
de sa selle, cherchant avec la pointe de son épée le visage sans protection de
Thomas.
— Damné bâtard ! dit sir Simon.
Puis il ouvrit la bouche toute grande comme s’il bâillait.
Il regarda fixement Thomas et un jet de sang vint asperger le visage de
celui-ci. Une lance avait traversé le flanc de sir Simon. Thomas, chassant le
sang qui l’aveuglait, vit que c’était un Français qui avait frappé avec une
lance bleu et jaune qui pendait à présent au côté de sir Simon. L’Anglais, les
yeux révulsés, vacillait sur sa selle, étouffant et agonisant. Puis Thomas
aperçut la housse du cavalier qui l’avait dépassé. Elle arborait trois faucons
d’or sur champ d’azur.
Thomas se remit sur pied en titubant. Doux Jésus,
pensa-t-il, il fallait qu’il apprenne à se servir d’une épée. L’arc n’était pas
suffisant. Les hommes de messire Guillaume le dépassèrent en fonçant sur le
conroi des Vexille. Will Skeat cria à Thomas de revenir mais celui-ci suivit
obstinément les hommes de messire Guillaume. Les Français se battaient contre
les Français ! Les Vexille avaient presque enfoncé la ligne anglaise mais ils
devaient protéger leurs arrières car les hommes d’armes anglais essayaient de
les
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