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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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que la lance ?
    — Que voudriez-vous que je fasse ? demanda Thomas.
    — Trouve Vexille. Tue-le, répondit-il d’une voix forte.
    Mais Thomas ne répondit rien.
    — Il a le Graal ! insista le Français.
    — Nous n’en savons rien, répondit Thomas avec colère.
    Seigneur Dieu, pensa-t-il, épargnez-moi ! Je peux
commander des archers. Je peux aller à Caen et faire en sorte que Mordecaï
fasse des miracles, puis conduire les hommes de Skeat à la bataille. Nous
pouvons gagner pour Dieu, pour Will, pour le roi et pour l’Angleterre.
    Se tournant vers le Français, il dit sur un ton dur :
    — Je suis un archer anglais, pas un chevalier de la
Table ronde.
    Messire Guillaume répondit avec un sourire :
    — Dis-moi, Thomas, ton père était-il l’aîné ou le
cadet ?
    Thomas ouvrit la bouche, se préparant à dire que, bien entendu,
le père Ralph était un cadet, puis il lui vint à l’esprit qu’il n’en savait
rien. Son père ne le lui avait jamais dit, et cela signifiait que peut-être son
père avait dissimulé la vérité comme il avait dissimulé tant de choses.
    — Pensez-y messire, dit messire Guillaume avec
insistance, pensez-y. Et souvenez-vous que Harlequin a mutilé votre ami et
qu’il est vivant.
    Je suis un archer anglais, pensa Thomas, et cela me suffit.
    Mais Dieu veut plus que cela, se dit-il ensuite. Seulement
lui ne voulait pas de ce fardeau.
    Il lui suffisait que le soleil d’été brille sur les champs,
sur les plumes blanches et sur les morts.
    Et que Hookton ait été vengé.
     
    FIN
     

 
Note historique
    Dans ce livre, seuls deux épisodes sont inventés :
l’attaque sur Hookton, au début – bien que les Français aient réellement
effectué de telles incursions sur les côtes anglaises –, et le combat des
chevaliers de sir Simon Jekyll contre les soldats de messire Geoffroi de
Pont-Blanc devant La Roche-Derrien. Hormis cela, tous les sièges, batailles et
escarmouches sont tirés de l’histoire, tout comme la mort de Geoffroi à
Lannion. La Roche-Derrien a été prise par escalade plutôt que par une attaque
du côté de la mer, mais je voulais donner à Thomas l’occasion de s’employer,
aussi ai-je pris certaines libertés avec les entreprises du comte de
Northampton. Celui-ci a effectué tout ce que le roman lui attribue : la
prise de La Roche-Derrien, la traversée de la Somme au gué de Blanchetaque,
ainsi que ses exploits à la bataille de Crécy. La prise et le sac de Caen se
sont déroulés d’une manière proche de celle décrite dans le livre, tout comme
la célèbre bataille de Crécy. Pour le dire brièvement, cette période de
l’histoire, considérée aujourd’hui comme le début de la guerre de Cent Ans, fut
horrible.
    Lorsque j’ai commencé à me documenter, je pensais que je
m’intéresserais davantage à l’idéal chevaleresque, à la courtoisie et à la
galanterie. Cela a bien dû exister, mais pas sur les champs de bataille, où
régnait une brutalité impitoyable. L’épigraphe du livre, une citation du roi de
France Jean le Bon, sert de correctif : «  car par lesdictes
guerres sont maintes foiz avenues batailles mortelles, occisions de genzy
pillement d’églises, destructions de corps et péril de âmes, déflorations de
pucelles et de vierges, deshonestations de femmes mariées et vefves, arsures de
villes, de manoirs et édifices, roberies et oppressions, guétemenz de voyes et
de chemins ». Ces mots, écrits quatorze ans environ après la bataille
de Crécy, expliquent pourquoi le roi abandonne aux Anglais presque un tiers du
territoire de la France. L’humiliation était préférable à la poursuite d’un
état de guerre aussi atroce.
    Les grandes batailles comme celle de Crécy furent
relativement rares au cours du long conflit anglo-français, peut-être en raison
de leur caractère très meurtrier, bien que, dans le cas de Crécy, ce soient les
Français et non les Anglais qui aient eu un nombre élevé de morts. Il est
difficile de dénombrer les pertes, mais du côté français elles s’élevèrent au
moins à deux mille hommes (le chiffre réel s’approchant probablement de quatre
mille). Il s’agissait surtout de chevaliers et d’hommes d’armes. Les pertes des
Génois furent très élevées, et au moins la moitié fut causée par leur propre
camp. Les pertes anglaises furent dérisoires, sans doute inférieures à une
centaine d’hommes. Ce succès est dû principalement aux archers anglais,

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