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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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étaient dégoûtés par ce qui se passait et
ils tentaient d’arrêter les excès de sauvagerie. Mais ils étaient submergés par
le nombre de ceux qui ne voyaient rien d’autre que les occasions offertes par
une ville vaincue. Le père Hobbe, un prêtre anglais qui avait une préférence
pour les hommes de Will Skeat, tenta de persuader Thomas et son groupe de
garder une église, mais ils avaient d’autres plaisirs en tête.
    — Préserve ton âme, Tom ! dit le prêtre en se
souvenant que Thomas, comme tous les hommes de l’armée, avait assisté à la
messe la veille.
    Mais Thomas considérait que son âme serait de toute façon
perdue, peu importait qu’elle le soit plus tôt. Il cherchait une fille,
n’importe quelle fille à vrai dire. La plupart des hommes de Skeat avaient une
femme au camp. Thomas avait vécu avec une douce petite Bretonne, mais elle
avait attrapé la fièvre juste avant le début de la campagne d’hiver et le père
Hobbe avait dit pour elle une messe funéraire. Thomas avait vu son corps sans
suaire descendre dans la tombe peu profonde et il avait pensé aux tombes de
Hookton et à la promesse qu’il avait faite à son père agonisant. Par la suite,
il avait négligé cette promesse. Il était jeune et n’aimait pas qu’un fardeau
pèse sur sa conscience.
    La Roche-Derrien se courbait devant la fureur anglaise. Des
soldats éparpillaient la paille et brisaient les meubles à la recherche
d’argent. Tout habitant qui essayait de protéger sa femme était tué, tandis que
toute femme qui essayait de se protéger elle-même était battue jusqu’à ce
qu’elle se soumette. Certains avaient échappé au pillage en traversant le pont.
La petite garnison de la barbacane s’était enfuie et les hommes du comte
contrôlaient la ville, ce qui signifiait que le sort de La Roche-Derrien était
scellé. Des femmes se réfugièrent dans les églises où certaines trouvèrent des
protecteurs, mais la plupart n’eurent pas cette chance.
    Thomas, Jake et Sam finirent par découvrir une maison qui
n’avait pas été pillée. Elle appartenait à un tanneur, un homme qui répandait
une mauvaise odeur, avec une femme hideuse et trois enfants en bas âge. Sam,
dont le visage innocent donnait le change à ceux qui le jugeaient sur sa bonne
mine, mit son couteau sur la gorge du plus jeune des enfants, si bien que le
tanneur se souvint brusquement de l’endroit où il avait caché son argent.
Thomas surveillait Sam, craignant qu’il ne tranche la gorge du petit garçon
car, malgré ses joues rouges et ses yeux rieurs, il était aussi mauvais que les
autres membres de la bande de Will Skeat. Jake ne valait pas mieux et cependant
Thomas les considérait tous deux comme des amis.
    — Cet homme est aussi pauvre que nous, dit Jake avec
surprise en ratissant les pièces du tanneur.
    Il poussa un tiers du tas vers Thomas et lui proposa
généreusement :
    — Tu veux sa femme ?
    — Ah non, par le Christ, elle louche autant que toi.
    — Vraiment ?
    Thomas laissa Jake et Sam à leurs jeux et partit à la
recherche d’une taverne où il pourrait trouver de la nourriture, une boisson et
de la chaleur. Persuadé que toutes les filles qui méritaient qu’on s’y
intéresse étaient déjà prises, il défit la corde de son arc, dépassa un groupe
d’hommes qui se partageaient le contenu d’une charrette et découvrit un
estaminet où une veuve aux allures maternelles avait, avec sagesse, sauvegardé
à la fois ses biens et ses filles en accueillant aimablement les premiers
soldats et en leur livrant en abondance bière et nourriture, avant de les réprimander
parce qu’ils salissaient son sol avec leurs pieds boueux. Peu d’hommes
comprenaient ce qu’elle disait, et l’un des soldats avertit Thomas qu’il devait
les laisser tranquilles, elle et ses filles.
    Thomas leva les mains pour indiquer qu’il n’avait pas de
mauvaise intention, puis il prit une assiette avec du pain, des œufs et du
fromage.
    — Maintenant, paie-la, grogna l’un des soldats.
    Thomas déposa quelques pièces du tanneur sur le comptoir.
    — Il est bien de sa personne, dit la veuve à ses
filles, qui gloussèrent.
    Thomas se retourna et fit mine d’examiner les deux filles.
    — Ce sont les plus jolies filles de toute la Bretagne,
elle tiennent de vous, madame, dit-il à la veuve en français.
    Ce compliment peu sincère provoqua des torrents de rires.
Au-dehors, on entendait des cris et des pleurs mais dans la

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