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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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poulets !
    Puis, se tournant vers Jeannette :
    — Vous voyez, madame, comme je vous protège ?
    — Il y a donc de la chevalerie dans la guerre ?
    — Il y a des occasions dans la guerre, madame. Vous
êtes riche, vous êtes veuve, il vous faut un homme.
    Elle le regarda de ses grands yeux troublants, osant à peine
croire à sa témérité.
    — Pourquoi ? demanda-t-elle simplement.
    — Pourquoi ?
    Sir Simon était abasourdi par cette question. Il fit un
geste en direction de la fenêtre.
    — Écoutez ces cris ! Que croyez-vous qu’il arrive
aux femmes quand une ville est prise ?
    — Mais vous avez dit que vous me protégeriez.
    — C’est ce que je vais faire.
    Il commençait à être perdu dans cette conversation. Cette
femme, pensa-t-il, bien que belle, était remarquablement stupide.
    — Oui, je vous protégerai, et vous vous occuperez de
moi.
    — De quelle façon ?
    Sir Simon poussa un soupir.
    — Avez-vous de l’argent ?
    Jeannette haussa les épaules.
    — Il y en a un peu en bas, monseigneur, dissimulé dans la
cuisine.
    Sir Simon fronça les sourcils de colère. Le prenait-elle
pour un idiot ? Croyait-elle qu’il allait mordre à l’hameçon et descendre
l’escalier, en la laissant escalader la fenêtre ?
    — Il y a une chose que je sais au sujet de l’argent,
madame, c’est qu’on ne le cache jamais là où les serviteurs peuvent le trouver.
On le dissimule dans les appartements privés, dans la chambre à coucher.
    Il ouvrit un coffre et se mit à jeter sur le sol les
vêtements qu’il contenait, mais il n’y avait rien d’autre. Soudain, frappé par
une inspiration, il entreprit de cogner contre les panneaux de bois. Il avait
entendu dire que de tels panneaux dissimulaient souvent une cachette. Presque
aussitôt, il fut récompensé par un son creux des plus satisfaisants.
    — Non, monsieur, s’écria Jeannette.
    Sans lui prêter attention, sir Simon tira son épée et
s’attaqua aux panneaux, qui se fendirent et s’écartèrent des poutres auxquelles
ils étaient fixés. Il rengaina la lame et se mit à tirer de ses mains gantées
sur le bois.
    — Non ! gémit Jeannette.
    Sir Simon ouvrit de grands yeux. Il y avait de l’argent
caché derrière les panneaux, tout un baril de pièces, mais ce n’était pas
l’essentiel. L’essentiel consistait en une armure et en une épée telles que
jusqu’ici sir Simon n’en avait vu qu’en rêve. Une armure scintillante dont
chaque pièce était finement gravée et damasquinée d’or. Faite en Italie ?
Et l’épée ! Quand il la tira du fourreau, il eut l’impression de tenir
Excalibur elle-même dans sa main. La lame avait un reflet bleu. Elle était loin
d’être aussi lourde que sa propre épée et possédait un merveilleux équilibre.
Une lame des fameux forgerons de Poitiers ou, mieux encore, d’Espagne ?
    — Ces armes appartenaient à mon mari, plaida Jeannette,
et c’est tout ce qui me reste de lui. Elles doivent revenir à Charles.
    Sir Simon ne l’écouta pas. Il passa son doigt ganté sur
l’incrustation d’or qui ornait le faucre de l’armure. À elle seule, cette pièce
valait un domaine !
    — C’est tout ce qui lui reste de son père, implora
Jeannette.
    Sir Simon dégrafa la ceinture de son épée et laissa la
vieille lame choir sur le sol, puis il mit autour de sa taille l’épée du comte
d’Armorique. Il se retourna et regarda Jeannette, s’émerveillant de son doux
visage où ne paraissait aucune peur. C’étaient bien là les dépouilles de la
guerre dont il avait rêvé et dont il commençait à craindre de ne jamais les
trouver sur son chemin : un baril de pièces, une armure digne d’un roi,
une lame faite pour un champion et une femme qui ferait envie à l’Angleterre
tout entière.
    — L’armure est à moi, dit-il, tout comme l’épée.
    — Non, monsieur, je vous en prie.
    — Qu’allez-vous faire ? Me les racheter ?
    — S’il le faut, dit Jeannette en regardant le baril de
pièces.
    — Cela aussi m’appartient, madame, dit sir Simon.
    Et pour le prouver, il alla à la porte, la débloqua et cria
à deux de ses archers de monter. Il leur désigna le baril et l’armure.
    — Descendez cela et surveillez-le, et n’allez pas
imaginer que je n’ai pas compté les pièces. Je l’ai fait. Maintenant,
allez !
    Jeannette observa le vol. Elle avait envie de pleurer pour
éveiller sa pitié, mais s’efforça de garder son calme.
    — Si vous me

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