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La lance de Saint Georges

La lance de Saint Georges

Titel: La lance de Saint Georges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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signèrent puis commencèrent à tendre leur corde. Au même
moment, messire Guillaume donna l’ordre de hisser la bannière d’Evecque sur le
mât. Elle était bleue, ornée de trois faucons jaunes aux ailes déployées et aux
serres prêtes à s’enfoncer dans la chair de leur proie. Guillaume sentait déjà
l’odeur des feux de saline et il entendait le chant des coqs, là-bas sur la
côte.
    Quand les quatre embarcations vinrent frotter contre les
galets, les coqs chantaient toujours.
    Guillaume et Harlequin furent les premiers à terre. Derrière
eux débarqua le groupe d’arbalétriers génois, des soldats de métier qui
connaissaient leur affaire. Le chef des Génois leur fit remonter la plage puis
traverser le village afin d’empêcher les villageois de fuir vers la vallée avec
leurs objets de valeur. Les autres hommes, ceux de messire Guillaume,
pilleraient les maisons et pendant ce temps les marins resteraient sur la plage
pour garder les navires.
    Sur la mer, la nuit avait été longue, froide et pleine
d’inquiétude, mais la récompense venait enfin. Quarante soldats envahirent
Hookton. Ils portaient des casques très ajustés et des cottes de mailles sur
des hoquetons [3] doublés de cuir. Armés d’épées, de haches et de
lances, ils se précipitaient pour piller. La plupart avaient déjà participé aux
autres expéditions de messire Guillaume et savaient exactement ce qu’ils
devaient faire. Enfoncer les portes à coups de pied et tuer les hommes. Laisser
crier les femmes, mais tuer les hommes car c’était eux qui pourraient résister.
Quelques femmes prirent la fuite, mais les arbalétriers étaient là pour les
arrêter. Une fois les hommes tués, le pillage pouvait commencer et cela prenait
du temps car les paysans avaient l’habitude de dissimuler ce qu’ils possédaient
et il fallait découvrir leurs cachettes. Les soldats devaient éparpiller la
paille, explorer les puits, sonder le sol, mais il y avait aussi beaucoup de
choses qui n’étaient pas cachées. Les jambons qui attendaient pour le lendemain
du carême, les casiers pleins de poisson séché ou fumé, les filets, les
ustensiles de cuisine, les quenouilles et les fuseaux, les œufs, les jattes de
beurre, les paniers de sel. Toutes choses bien ordinaires mais assez bonnes
pour qu’on les emporte en Normandie. Certaines maisons livrèrent quelques
petites réserves de pièces de monnaie et dans l’un des logis, celui du prêtre,
on trouva un véritable trésor : des assiettes, des pichets et des
chandeliers en argent. Il y avait même une bonne quantité de vêtements de laine
dans la demeure du prêtre, et un grand lit en bois sculpté, et aussi un bon
cheval dans l’écurie. Guillaume jeta un regard aux livres mais il en conclut
qu’ils étaient sans valeur. Aussi, après avoir arraché les fermoirs en argent
de leur couverture en cuir, les abandonna-t-il aux flammes quand on incendia
les maisons.
    Il lui avait fallu tuer la gouvernante du prêtre. Il
regrettait cette mort. Ce n’est pas qu’il répugnât particulièrement à tuer les
femmes, mais cela ne lui conférait aucun honneur et il n’encourageait pas ce
genre de massacre à moins d’avoir affaire à une personne qui créait des ennuis,
et la gouvernante voulait combattre. Elle avait frappé les soldats avec une
broche, les avait traités de « fils de porcs » et de « déchets
du diable », si bien qu’à la fin messire Guillaume avait dû la pourfendre
de son épée puisqu’elle ne voulait pas accepter son sort.
    — Stupide femelle ! dit-il en enjambant son corps
pour aller regarder dans l’âtre où pendaient deux jambons mis à fumer.
    — Retire-les, ordonna-t-il à l’un de ses hommes.
    Puis il laissa les soldats fouiller la maison pour se
diriger vers l’église.
    Le père Ralph, éveillé par les hurlements de ses
paroissiens, avait enfilé une soutane et couru à l’église. Les hommes de
Guillaume avaient épargné le prêtre, par respect. Mais quand il fut parvenu à
l’intérieur de l’église, il se mit à frapper les assaillants jusqu’à l’arrivée
d’Harlequin qui, d’une voix rageuse, commanda aux soldats de s’emparer de lui.
Ils le saisirent par les bras et le conduisirent devant l’autel recouvert de
son parement de Pâques blanc.
    Harlequin, l’épée à la main, s’inclina devant le père
Ralph :
    — Messire comte, dit-il.
    Le père Ralph ferma les yeux, peut-être pour prier, bien que
son expression

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