Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
parviennent, si la République est battue, alors… commença Gréville, rêveur.
    – Eh bien, que feras-tu?… demanda Dawson, curieux malgré la gravité de l’heure.
    Gréville rit, ouvrit un tiroir de son bureau, en sortit un pistolet et l’appuya sur sa tempe.
    – Voilà!… Les princes m’ont aimablement fait prévenir, et tout particulièrement le comte d’Artois: ni guillotine, ni peloton d’exécution mais la corde. Pendu!… Belle fin pour le chef de la police secrète de la République, ne crois-tu pas?
    – Ainsi, tu te suiciderais?
    – Tomber entre leurs mains infectes: jamais!
    Dawson se gratta machinalement la joue:
    – Crois-le ou pas, j’ai fait le plus vite qu’il fut possible… J’ai beau le savoir surprenant, Valencey d’Adana aura bien du mal à tenir pareil délai.
    Maîtrisant son cheval blanc très nerveux sans crainte de lui blesser la bouche, Blacfort interpella ses éclaireurs:
    – Eh bien, parlez!
    – C'est cette maudite 123 e demi-brigade qui devrait se trouver derrière nous, général, très loin derrière nous: eh bien elle nous barre la route.
    – Absolument impossible!… jeta Blacfort.
    Un des plus brillants éclaireurs royalistes, ayant consulté les autres du regard, insista:
    – Ils se déplacent plus vite que le vent, général, mais c’est eux. Nous avons lu le nom sur les bâches des chariots, «Liberté, liberté chérie». C'est la fameuse 123 e demi-brigade d’infanterie de la marine. Ils sont environ sept cents mais déployés avec intelligence au resserrement de la vallée. Pour passer, il faut forcer leurs lignes.
    Blacfort ferma les yeux un instant.
    Derrière lui, Mme de Juignet-Tallouart, l’abbé Monteroux et le bande de tueurs échangèrent des regards surpris.
    – Nous attaquons!
    La 123 e demi-brigade semblait figée, ses soldats pareils à des statues de sel.
    L'armée Blacfort, et surtout ses vétérans dont certains servaient depuis le début, avait une réelle expérience des combats et de l’attitude, au feu, des Bleus. Armées très inégales que celles de la République. Souvent courageuses, mais parfois inexpérimentées comme ces deux régiments de volontaires alsaciens massacrés, plus de mille cinq cents morts en vingt-quatre heures.
    Mais aucune troupe, jamais, n’avait conservé comme ces marins une telle immobilité et l’on y vit la main du diable. Le mot se répandit et l’appréhension se mua en haine, en folie assassine.
    Connaissant trop bien Valencey d’Adana, qu’il rencontrait pour la première fois sur un champ de bataille, Blacfort se méfiait. Lui aussi s’interrogeait sur cette immobilité, envisageant que la terreur n’y était peut-être pas étrangère: n’était-ce pas leur premier combat terrestre?
    Prudent, il fit avancer son artillerie, ses vingt-huit pièces de bric et de broc, notant avec satisfaction l’absence de réaction de la 123 e demi-brigade. Il commençait vraiment à y croire lorsque, à sa grande stupeur, un rideau de jeunes arbres s’effondra, révélant quarante canons Gribeauval flambant neufs. Servis par la fine fleur de l’artillerie de marine française, ils firent feu à la même seconde.
    Tout était déjà fini. Dans un hululement terrifiant qui fit instinctivement reculer toute l’armée Blacfort de plusieurs mètres, l’artillerie républicaine avait à tout jamais fait taire les pièces vendéennes, hommes hachés, canons pulvérisés.
    Quoiqu’il ne fût pas un général chevronné, Blacfort savait qu’il ne pouvait rester sur pareil échec: il fit donner sa cavalerie. Celle-ci eut l’intelligence de se déployer sur trois cents mètres de large, ôtant par sa dispersion une grande partie de ses moyens à l’artillerie de marine qui ne tua ou démonta qu’une quarantaine de cavaliers.
    Les autres, qui ne manquaient pas de bravoure, continuèrent la charge: six cents fusils à quoi s’ajoutait le tir des biscayens brisèrent celle-ci. Une trentaine de survivants tourna bride mais vit sa route coupée par une quarantaine de cavaliers aux chevaux frais débouchant d’un petit bois.
    O'Shea, commodore de la marine américaine et lieutenant-colonel dans l’armée française, menait la charge sabre au clair. Les Américains se révélaient les plus intrépides cavaliers mais que dire des Espagnols, forteresses de muscles soudées à leurs chevaux, et de tous les autres?
    Valencey d’Adana fit alors donner ses cent quatre-vingts vétérans, la garde, qui avancèrent au

Weitere Kostenlose Bücher