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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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compagnie de réserve, l’escouade de protection et d’honneur ainsi que les services de l’état-major n’aient pas eu le temps, sans doute, d’apparaître à l’ennemi lequel sous-estimerait quelque temps encore les forces de la 123 e .
    Valencey d’Adana observa à la lunette d’approche les Vendéens en pleine retraite. Il se trouvait dans la plus grande perplexité: quelle mouche avait piqué Blacfort à l’instant où, persévérant quelques minutes encore, la victoire était sienne?
    Bouleversé, il vit les Vendéens traîner un vétéran blessé mais celui-ci, dans un sursaut, arracha le pistolet d’un soldat ennemi, introduisit le canon dans sa bouche et se suicida.
    Valencey d’Adana ferma un instant les yeux.
    Puis O'Shea arriva au galop:
    – Les chouans!… Les chouans les ont lâchés!… Ils ont déserté en pleine bataille, à dessein. C'est ce qui explique cette panique.
    En selle sur un cheval gris, Victoire arriva à son tour, la sueur lui perlant le front: Dieu, qu’elle lui sembla belle!
    Dissimulant ses sentiments, le général regarda son épouse d’un air sévère et, de sa voix de commandement:
    – Madame et citoyenne, vous vous êtes bien battue!
    Victoire, radieuse, demanda:
    – Qu’as-tu préféré: ma charge couchée sur l’encolure du cheval ou ma façon de sabrer les brigands de la Vendée?
    – En tant que militaire, je dirai ceci: ce qui m’impressionne le plus, chez vous, ce sont… vos coups d’ombrelle!
    – Monstre!… dit-elle en riant et, approchant son cheval de celui du général, elle lui ôta son tricorne et déposa sur ses lèvres un baiser court mais violent en murmurant:
    – Vous m’en rendrez raison sous la tente, monsieur!
    Valencey d’Adana rosit légèrement puis, d’une voix rude destinée à effacer les sourires de ses hommes – mais il n’en fut rien –, il ordonna:
    – Conférence d’état-major dans dix minutes!… Doublez les postes!… Nettoyez les armes!… Désignez deux escouades pour ramasser les corps!… Exécution!
    Le sous-officier n’hésita pas:
    – Elle était sous mes yeux. Sacrée tireuse, colonel. La République peut être fière d’elle comme l’est la 2 e compagnie de fusiliers de la 123 e .
    «Et comme tu l’es sans doute aussi» pensa le sous-officier en voyant O'Shea sourire à Marie.
    Le jeune colonel, ancien du royal-Cravate, était mourant. Une balle lui était entrée dans la mâchoire et ressortie près de l’œil gauche. Chaque parole lui coûtait et Blacfort dut se pencher pour l’entendre.
    – Ne croyez que moi… Vous tenez la victoire… sans la trahison des chouans, je le jure sur Dieu… Attaquez demain, à l’aube, ne les laissez pas souffler… Pour Dieu, pour le roi…
    Il mourut trois heures plus tard en d’atroces souffrances.
    Blacfort, invité sous la tente par ses femmes, déclina l’offre brutalement et arpenta son camp en tous sens, mains derrière le dos. Derrière, à dix mètres, le curé Phébus Monteroux suivait, docile.
    Blacfort avait peine à le croire mais la chose paraissait une évidence: il allait gagner.
    – Nous les dominons!… dit-il en songeant à la demi-compagnie républicaine massacrée et pourtant, ces hommes de quarante ans étaient des rocs, des soldats exceptionnels.
    Valencey d’Adana n’y pouvait rien. Certes, sa cavalerie, brutale, avait bousculé l’aile droite mais, coupée de son infanterie, elle serait facile à éliminer.
    – Nous les tenons!
    Il fallait recommencer, poursuivre et cette fois, nul ne trahirait. Le regard que ses hommes portaient sur lui s’était modifié: il leur inspirait confiance, il était un général qui gagne, un homme dont on suit les ordres sans hésiter. Ses hommes, même les plus stupides, savaient que, sans la trahison des chouans, les derniers républicains, en cet instant, tomberaient sous les balles des pelotons d’exécution.
    – Nous les terrorisons!
    Il songea à ce républicain dont on lui avait dit que, capturé, il avait préféré le suicide.
    Demain, à l’aube, il attaquerait et une heure plus tard il ne demeurerait pas un survivant de la brigade «Liberté, liberté chérie».
    Le soleil se couchait.
    Valencey d’Adana songeait au bilan. Près de quatre cents morts chez les brigands de la Vendée, soixante-cinq chez les siens. Vraisemblablement cinq cent vingt républicains opposés à mille six cents royalistes. Un écart de un pour trois, en apparence insurmontable, en réalité, jamais encore

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