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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Saint-André qui quitta immédiatement la pièce puis, d’un ton irrité:
    – Nous avons si peu de navires et cet imbécile ne leur transmet pas les ordres.
    Gréville ne fit aucun commentaire sachant, en toutes circonstances, demeurer à sa place, ce que Robespierre appréciait.
    – Eh bien, citoyen Gréville, parle-moi de lui.
    Gréville réfléchit un court instant:
    – Je le connais trop bien pour douter un seul instant que Valencey d’Adana ne mène à bien sa mission même si, agissant pour la République, il y joint des motifs plus personnels… Il détruira Blacfort et son armée du bocage.
    – Pour l’instant insaisissables l’un et l’autre!… remarqua Robespierre du ton neutre du constat.
    – Il faut faire montre de patience, citoyen Robespierre. Avec cinq hommes, il n’en pourra détruire plus de mille bien aguerris qui échappent au général Turreau et à ses «colonnes infernales» qu’on voit, il est vrai, venir de loin. Valencey d’Adana observe les Vendéens, note leurs réactions, mène l’insécurité dans leurs forêts profondes où ils n’avaient jamais été inquiétés. Au Moulin-aux-Chèvres, une de leurs places fortes, il a tué le ci-devant comte d’Hernanville et une partie de son état-major: un coup d’une grande audace.
    Robespierre, mains derrière le dos, l’air soucieux, entreprit d’aller d’un mur à l’autre:
    – Il faut en finir plus vite. La Vendée immobilise des troupes dont nous avons besoin aux frontières et je dois faire cesser au plus tôt toutes ces clabauderies de l’Assemblée nationale. Même Danton, qui nous tire vers l’arrière, nous critique sur ce point.
    – Danton perd tout crédit dans le peuple, il ne sera bientôt plus une force.
    Robespierre se contint difficilement:
    – Il ne sera bientôt plus rien du tout et je ne crains pas même le lémure de ce pourri dégénéré, de cette ordure!
    Gréville demeura prudemment dans son domaine.
    – Valencey d’Adana, en toutes choses, fait montre de méthode. Il prend la mesure des Vendéens, après il frappera, fort, une seule fois.
    – Je sais. Mais le Comité de salut public ne se sentira pas obligé de m’en croire. Ah, il me le faut rencontrer.
    – C'est délicat, citoyen Robespierre. Il existe un statu quo entre Valencey d’Adana et nos troupes. Il les évite sans vraiment les fuir. Quant à nos soldats, les nouvelles vont vite: on sait l’existence de ces officiers de marine portant la cocarde tricolore au tricorne. Ils savent que ce petit groupe utilise les méthodes des brigands en plus raffiné encore, et leur inflige des pertes. Ils n’ignorent pas non plus leurs convictions depuis l’incident de la Croix-aux-Loups.
    – Qu’est-ce que ceci?
    Gréville expliqua:
    – Tu sais l’ordre des généraux brigands de la Vendée concernant les quinze mille hommes de l’armée de Mayence que nous avons rapatriés en Vendée: pas un prisonnier, aucun survivant. Près de Clisson, cinquante de nos grenadiers blessés et capturés ont ainsi été égorgés, dont un tambour de quatorze ans. Après cette affaire, au hameau de la Croix-aux-Loups, quatre de nos grenadiers défaits et égarés furent pris à partie par la population. Les pierres tombaient dru, c’était une lapidation à mort. C'est toujours pareil, citoyen: dès qu’un de nos soldats assommé tombe à terre, il est égorgé. Or, cette fois, un groupe d’officiers de marine les a vigoureusement dégagés puis a promptement disparu. La nouvelle a fait le tour de l’armée de l’Ouest.
    – Je dois cependant rencontrer Valencey d’Adana. Ne pourrions-nous faire… arrêter ces officiers?
    – Impossible, ils sont à présent trop populaires et encore, on ne sait pas qu’il s’agit de Valencey d’Adana, sinon, imagine l’ovation… En revanche, nous pourrions le faire… encadrer… fermement. Valencey d’Adana est intelligent, il comprendra.
    Robespierre parut soulagé:
    – C'est excellent!… J’ai hâte de le revoir!
    – Le revoir?… releva aussitôt le général de police.
    Robespierre, agacé – peut-être par lui-même – répondit vivement:
    – Je l’ai connu autrefois, il y a bien longtemps… Autre chose?
    – Citoyen, te souviens-tu de cet Anglais dont je t’ai parlé la fois dernière?
    – L'espion?
    – C'est bien davantage. Nous avons beaucoup travaillé et savons aujourd’hui que c’est leur chef à tous, un certain Francis Dawson. Un homme très habile.
    Robespierre haussa les

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