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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Révolution, lorsque les archers de l’hôpital général venaient les arrêter, les représentants de l’ordre faisaient l’unanimité contre eux. Depuis les fenêtres, on leur jetait ordures et cendres chaudes tandis que les commis de boutiques, laquais et même artisans se lançaient dans de violentes bagarres contre les gens du roi en s’armant de couteaux, de fourches à fumier, voire de broches à rôtir!
    Tous ces gens du peuple connaissaient trop bien cet horrible hôpital général où l’on enfermait les mendiants, les filles de mauvaise vie, les folles et les fous, les prostituées, les vagabonds, les vénériens mais aussi, sous la pression des prêtres, les libertins et les épouses rétives. Sans états d’âme, on y enfermait pareillement les enfants abandonnés.
    Dawson eut un geste impatient:
    – C'est assez de discours sur les putains. Parle, dis l’objet de ta crainte ou je m’en vais à l’instant même.
    L'homme sentit qu’il ne pourrait plus gagner de temps. Il s’exprima avec réticence:
    – J’appartiens à un petit groupe qui a une autre activité, bien plus sérieuse. Mais voleur fut mon premier métier et, bien que la chose me soit interdite par mes camarades, parfois, je ne résiste pas à cette mauvaise inclination. Fais-m’en excuse mais je t’ai pris pour un gros bourgeois de province facile à détrousser et je n’ai pas résisté, par habitude…
    Dawson sentit son instinct s’éveiller:
    – Et… Quelle est cette autre activité dont tu parles?
    – Une activité importante et sérieuse qui m’interdit d’aller en prison où je pourrais faire le musicien.
    – Le musicien?… demanda Dawson, stupéfait.
    L'autre ébaucha un sourire.
    – Le musicien est un dénonciateur car «il joue de la casserole qui chante»…
    L'expression amusa Dawson qui ne se laissa cependant pas distraire:
    – Explique-moi ce que tu nommes une activité sérieuse.
    – Elle ne te concerne pas, tu es étranger. Tu n’as point un associé qui gêne tes affaires, une épouse riche mais embarrassante, un père dont tu guettes l’héritage: ce que nous faisons, et que tu dois comprendre à demi-bouche, comme je te le dis, ne te serait utile en rien dans cette ville où tu n’as point d’ennemis.
    Dawson cacha sa joie. Il écarta légèrement sa redingote grise, sembla se gratter la cuisse gauche, sous la table, mais c’est un court pistolet très adroitement dissimulé qu’il sortit, dirigeant l’arme vers le voleur:
    – Vous êtes une bande d’assassins qui vendez vos services!
    En face, l’homme pâlit:
    – C'est faux, je ne t’ai jamais rien dit de semblable.
    Dawson, que la largeur de la table séparait de son interlocuteur, se leva brusquement en renversant sa chaise et prit du champ, visant la tête du voleur:
    – Et tu m’as amené ici où vous vous réunissez si bien qu’à peine arrivés, tes complices m’auraient tué!
    – C'est faux!… Tu inventes de folles histoires!…
    – Je me doutais bien qu’il ne s’agissait pas d’affaires de putains mais je n’osais espérer tomber sur une bande d’assassins…. car c’est précisément ce que je recherche!
    – Tu me tends un piège, citoyen. Je ne suis pas si naïf.
    – C'est toi qui parles de piège?… Et moi, suis-je naïf qui dissimule si bien une arme?… Et pourquoi te tendrais-je un piège: suis-je en train de hurler «À l’aide»?… Non, tu me vois très calme et fort satisfait, espérant seulement que vous n’êtes point une bande de maladroits.
    Le voleur réfléchit longuement, grattant de l’ongle une tache sur la table. Il apportait beaucoup de soin et d’attention à cet inattendu nettoyage puis, levant brusquement son visage vers Dawson:
    – Il y a bien des choses vraies dans tes paroles et deux surtout: tu n’appelles pas à l’aide, tu ne t’enfuis pas sous la protection de ton arme.
    – Heureux que tu l’aies remarqué.
    – Ainsi, quelqu’un te… gêne?
    – Il doit disparaître.
    Le voleur hocha la tête et sembla choisir ses mots avec le plus grand soin:
    – Vois-tu, citoyen, dans un groupe, chacun est à sa place. Lorsque tous y demeurent, les affaires prospèrent en bonne intelligence. Je ne suis pas le chef, je ne veux donc rien savoir de qui tu veux tuer, ni si la chose est faisable. Celui qui décidera de cela va arriver bientôt, comme tu l’as deviné. C'est avec lui qu’il te faudra discuter.
    Dawson apprécia ce discours au plus haut point, même s’il n’en

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