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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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jour: porteurs d’eau, vendeurs d’images, ramoneurs, regrattiers, vinaigriers, rémouleurs, mendiants… Et tous ces vendeurs de se faire insulter par les cochers, eux-mêmes filant doux devant la garde nationale…
    Au fond, Dawson adorait la France mais, chose beaucoup plus rare chez les Anglais, il aimait aussi les Français.
    Sans pouvoir en expliquer la raison, il aimait certaines façades comme le couvent des Capucines, certains monuments tels que la fontaine des Enfants Trouvés sise face à Notre-Dame ou le vieux faubourg Saint-Marcel entre Saint-Étienne-du-Mont et Saint-Médard avec cette très vivante rue Mouffetard qui montait de la barrière de Fontainebleau vers la place de la Contrescarpe.
    Dawson leva les yeux vers une très jolie Parisienne qui l’éloigna de ses pensées. Il soupira d’aise. Car pour qui ne pouvait rencontrer un petit bonheur, celles qui se vendaient offraient, à ses yeux, compensation. On parlait de vingt mille prostituées à Paris, depuis les plus quelconques appelées marcheuses, bouisses ou daussières qui se donnaient dans les escaliers ou sur les quais derrière les billes de bois jusqu’aux boucaneuses, en général assez jolies, qui exerçaient en maison, sous le contrôle d’une maquerelle. Entre ces deux espèces se trouvaient les raccrocheuses, qui vendaient leurs charmes dans des chambres garnies.
    Dawson y consentait parfois, mais il préférait la chasse. Avec tous ces hommes à la guerre, les ateliers fonctionnaient avec des femmes de sept à quatre-vingts ans travaillant douze heures par jour. Toutes n’étaient point farouches dès lors qu’il s’agissait, en s’offrant, d’améliorer une condition harassante et sans perspectives.
    Dawson sentit le geste pourtant adroit, très adroit. Il saisit d’une poigne de fer la main du tire-bourse qui pâlit.
    – Te voilà fait!… dit-il avec son léger accent.
    L'autre semblait sur le point de défaillir:
    – Ah, citoyen, non, par pitié, ne me livre pas: j’en mourrais!
    Étonné de pareille émotion chez son voleur, Dawson questionna:
    – Quoi, la prison te fait-elle si peur?
    – Mais il me trouvera, citoyen, même en prison, et me fera égorger.
    – De quoi parles-tu?
    – Citoyen, laisse-moi t’offrir à boire, tu comprendras. L'idée de se faire rafraîchir par son voleur amusa Dawson qui accepta.
    Il eut tort.
    Valencey d’Adana et les siens avançaient sous le couvert de la forêt, marchant depuis le matin sans échanger un mot. Ils tenaient leurs chevaux par la bride en raison des branches basses et gardaient tous leurs sens en éveil, du moins le tentaient-ils, sans cesse distraits par l’horrible scène du matin.
    Le Vendéen à la jambe coupée, sans chercher à finasser, les avait donc menés au camp improvisé en plein champ par Blacfort et son armée.
    En officier connaissant particulièrement bien son métier, Valencey d’Adana avait effectué un relèvement du camp, écoutant avec attention les explications du prisonnier complaisant, si complaisant, même, qu’il éveilla la méfiance du capitaine de vaisseau.
    Ses officiers, du bout de la botte, fouillaient les déchets et autres objets abandonnés: bouteilles vides, musettes percées, poudre gâtée par l’humidité…
    De son côté, O'Shea était parti chasser. Il peut sembler curieux qu’un marin, qui plus est Américain fraîchement débarqué en France, soit désigné pour semblable mission. Cependant, dès le premier jour, O'Shea avait démontré son écrasante supériorité en ce domaine, rapportant deux lièvres tués à la fronde: l’absence de coups de feu, pour des fugitifs, se révélant absolument vitale.
    L'Américain revint au bout de dix minutes, très pâle, et fit part de sa découverte à Valencey d’Adana.
    Après un regard au prisonnier, le commandant de La Terpsichore avait lancé:
    – Amenez celui-là, il n’a pas l’air d’avoir la conscience tranquille.
    À huit cents mètres du camp, près d’un lit de braises mourantes, les six marins découvrirent à côté d’une longue barre d’acier un corps dépecé et affreusement mutilé.
    Sur la tête décapitée manquaient les joues et les oreilles. À proximité, de longs cheveux coupés et une robe rayée de tricolore indiquaient qu’il s’agissait d’une femme, probablement une cantinière servant dans les armées de la République.
    – Les monstres!… balbutia le marquis de La Mellerie, le cœur au bord des lèvres.
    – Je crains que ce ne

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