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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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laissa rien paraître.
    «Ces gens-là sont fort sérieux», songea-t-il. Et c’est justement ce qu’il cherchait, des tueurs sans passion, connaissant bien leur travail, prenant des garanties quant à leur sécurité.
    Le voleur ajouta brusquement:
    – Cependant, de ton côté, tu dois t’attendre à ce que nous exigions des preuves de ta… fortune.
    Sans un mot, et sans baisser son arme, Dawson fouilla dans la tige d’une de ses bottes et en sortit un rouleau de gros papier brun. Il le posa sur la table en disant:
    – Regarde!
    L'homme ouvrit soigneusement le rouleau et des pièces d’or apparurent. Il n’alla pas plus loin, referma le papier et reposa le rouleau sur la table.
    – Cinquante louis!… dit Dawson.
    Le voleur hocha lentement la tête.
    – C'est trop. Ou est-ce Robespierre, dont tu veux la tête?
    – Rien de tel. Mais ceci n’est qu’un acompte. La mort de cet homme, je l’ai chiffrée à mon propre prix: cinq cents louis.
    Le voleur, grave, demeura longtemps silencieux puis:
    – Tu dois beaucoup le haïr.
    – Peu importe, ce n’est pas là ton affaire.
    L'interlocuteur de Dawson ébaucha un sourire en coin.
    – Rentre ton arme, citoyen: à cinq cents louis, ta personne est sacrée.
    Dawson estima le risque, le jugea nul, puis remit son pistolet à sa place et le rouleau d’or dans une des poches de sa redingote.
    Il allait parler lorsque la porte s’ouvrit sur une femme d’environ vingt-cinq ans. Grande, brune, souriante, les cheveux frisés: Dawson en eut le souffle coupé car elle correspondait très exactement à ce qu’il avait toujours recherché chez une femme. Elle portait une robe bleue très ajustée, collant au corps telle que s’en dessinait la mode.
    Elle adressa un sourire distrait à Dawson puis salua le voleur:
    – Ils ne sont point encore là?
    Le voleur secoua négativement la tête puis, désignant Dawson:
    – Le citoyen au léger accent est sans doute anglais. Tu as toujours rêvé de rencontrer un Anglais, n’est-ce pas?
    La jeune femme regarda Dawson avec une sorte d’émerveillement puis, sans être consciente de sa franchise:
    – Enfant, on m’a prédit que j’épouserai le premier Anglais que je rencontrerai!
    Elle s’approcha et plaqua un rapide baiser sur les lèvres de Dawson qui pensait vivre un rêve fou.
    – Attends dehors!… lança rudement le voleur et la jeune femme sortit, non sans se retourner et adresser au chef de l’espionnage anglais un regard qui le crucifia.
    – Qui est-elle?… balbutia-t-il.
    – Léonore.
    – Une de vos putains?
    Le voleur eut un haut-le-corps:
    – Léonore, une putain?… Ah, jamais!… Elle était l’épouse du défunt Alexandre Letessier, qui fut sergent aux gardes-françaises… et travaillait avec nous. Elle ne l’apprit qu’après sa mort et devint bouquetière. Notre chef ne le voulut point ainsi, estimant que l’assistance que nous nous portons vaut pour les épouses et les enfants. Elle sert à surveiller nos… clients, ou guetter l’arrivée de la police.
    Dawson, ravi que cette apparition qui correspondait à ses espérances ne vendît point son corps magnifique, craignait malgré tout d’être déçu:
    – Cependant, dans une société telle que la vôtre, il est bien connu que les femmes sont à tout le monde.
    – Certes non, tout au contraire. Personne ne touche à Léonore, pas même notre chef qui dédaigne et réprouve les mélanges en ce genre de choses.
    – Mais… elle a certainement des amants?
    Le voleur réfléchit avec application, bien qu’à l’évidence, le sujet ne le passionnât pas:
    – Non, je ne le crois pas. Elle économise pour acheter une belle boutique de fleuriste. Elle a failli réussir rue Basse-du-Rempart, il s’en est fallu de deux cents livres. Que veux-tu, elle aime les fleurs… et les Anglais!… Si son histoire de prédiction est vraie, ce sera toi, son amant, car elle nous a toujours parlé du premier Anglais qui croisera sa route. D’ailleurs…
    La porte fut ouverte d’un coup de botte.
    Trois hommes entrèrent, suivis de Léonore qui referma soigneusement la porte.
    Le voleur se leva et laissa son siège à l’un des arrivants qui s’assit sans quitter Dawson des yeux.
    Dawson ressentit un certain malaise. Si, contrairement au voleur, les deux hommes – dont l’un tenait un panier – demeurés debout avaient des têtes d’assassins, que dire de celui qui semblait leur chef à tous?… Visage émacié, on ne pouvait que très

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