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La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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admettais que Nicolas est devenu complètement fou.
    – Il avait quelques dispositions à la chose!… répondit Valencey d’Adana avec ironie.
    Ils s’immobilisèrent ensemble, entendant un léger bruit. Puis le commandant de La Terpsichore remarqua avec amertume:
    – Il ne nous a pas seulement trahis, il n’a pas seulement tué mon père, Pauline et notre pauvre vieux curé 2 , c’est notre enfance, notre jeunesse qu’il traîne chaque jour dans la boue et…
    Il s’immobilisa de nouveau à un léger bruit et une biche, surprise, se trouva face à eux.
    Mahé approcha la main de sa ceinture pour y saisir un pistolet mais Valencey d’Adana claqua violemment ses paumes l’une contre l’autre, faisant détaler le gracieux animal.
    Un court instant marqué par la surprise, le visage de Mahé s’attendrit.
    – Pardon, j’avais oublié le premier commandement: ne jamais tuer les biches!
    Ils se regardèrent et échangèrent un sourire: le père de Victoire appelait celle-ci «ma biche» et les deux garçons, à l’époque, étaient tombés d’accord sur la pertinence de ce nom adorable.
    Mahé regarda le ciel étoilé et dit très doucement:
    – Gréville aurait pu nous en dire davantage concernant Victoire: un seul message où il parle d’elle avant son enlèvement et encore, en dix lignes!… Dieu sait pourtant qu’il nous en a fait tenir, des messages.
    Rêveur, il ajouta:
    – Au moins celui-ci est-il récent!
    – Quatre mois, une semaine et deux jours!… répondit Valencey d’Adana.
    Surpris d’un compte si précis, Mahé, qui sentait la tristesse de Joachim, risqua des paroles prudentes:
    – Au moins n’est-elle point morte. C'était le sens principal de sa lettre quoiqu’on y pût deviner… eh bien… des choses encourageantes!
    Observant les étoiles, Valencey d’Adana répliqua sans hésitation, d’une traite:
    – Sa lettre disait: «Votre proche voisine, la marquise Victoire de La Chesnaie de Flers, a été épargnée par les comités révolutionnaires. Son attitude, et votre prestige personnel dans une région où on la sait votre amie d’enfance, joints à ma protection menaçante, la protègent de toute atteinte et son château fut également respecté que le vôtre. Peut-être serez-vous heureux d’apprendre que sa santé est bonne et qu’elle se dépense beaucoup pour le bien de la nation. Dans le village proche, c’est elle qui a fourni et planté un jeune chêne qui est “l’Arbre de la Liberté”. Elle apprend à lire et à écrire aux paysans de la région de Ruffec, et surtout à leurs enfants. L'un d’eux, auquel elle enseigna voici deux années alors qu’il en avait seize, est aujourd’hui sous-lieutenant de cavalerie à l’armée du Rhin et promis à un bel avenir. Une seule étrangeté concernant la marquise, un détail: malgré tous ses travaux, chaque année la rend plus belle que la précédente. Singulier, n’est-ce pas?… Il est seulement regrettable qu’une entêtante tristesse ne quitte pas son regard, telle que si quelque chose, ou quelqu’un lui manquait. Je crois cependant que la chose n’est pas sans remède… Salut et Fraternité de votre ami, Pierre-François Gréville, général de la garde nationale de Paris, général de la police secrète.»
    Ils se regardèrent et ne purent s’empêcher de rire, puis Valencey d’Adana bourra de petits coups de poing les côtes de son ami en disant:
    – Je sais, monsieur mon frère, Gréville est un brave homme qui manque parfois de légèreté dans l’allusion dès lors qu’il s’agit d’amour, qui n’est pas le domaine où il excelle. Et je suis certes tenté, sans hypocrisie ni vantardise, de penser que c’est moi qui manque à Victoire. Mais si je me trompais?
    – Bêtises!… Victoire n’aimera jamais que toi. Sinon, belle comme elle est, elle serait déjà mariée depuis longtemps.
    – J’ai pourtant fait bien des tentatives pour la revoir pendant toutes ces années. Je pouvais tenter davantage encore mais la peur de l’exposer, elle, m’a retenu… Ils étaient si mesquins, me haïssaient si fort…
    Mahé haussa légèrement les épaules.
    – La faute en est à Louis Capet, ses courtisans et sa valetaille. Et c’est vrai qu’ils s’en seraient pris à elle si tu avais insisté. Pourtant, ils s’étaient déjà bien vengés: rentrant d’Amérique après la victoire, avec les autres, tu l’aurais épousée… voilà plus de treize ans!… Treize années volées…
    – Y

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