Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lanterne des morts

La lanterne des morts

Titel: La lanterne des morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
repensa-t-il jamais, le ci-devant roi, dans sa prison ou lors de cette longue nuit, la veille de l’échafaud?
    – Qu’importe, il avait perdu sur l’essentiel: vous vous aimiez d’un si bel amour!… Oh comme il dut enrager de la voir t’attendre contre toute logique en son château désert, surveillé par des sbires, ayant l’interdiction de s’approcher d’un port quelconque. Tout roi de France qu’il était, Capet ne put empêcher une si belle histoire.
    – Mais la racaille de ses partisans l’a tout de même enlevée.
    – Attends, ils sont trop loin de leurs bases. Je suis persuadé qu’ils n’arrivent pas à passer en Vendée. Nous la trouverons avant Blacfort: celui-là ne peut aller chier sans que nous en soyons informés.
    – Encore que ce genre d’informations demeure assez subalterne, ne crois-tu pas?
    Ils éclatèrent de rire puis Valencey d’Adana prit Mahé aux épaules, l’embrassa sur les deux joues et, d’une voix contrefaite de commandement, le ton sec:
    – Allez donc vous coucher, monsieur mon frère bien-aimé. Et laissez-moi en paix pour étriper les brigands de Vendée… s’il s’en présente!
    1 Guillotine.
    2 Cf. La Tour des demoiselles .

25
    Par prudence, le baron de Penchemel avait laissé s’écouler un bon quart d’heure avant de se précipiter pour ouvrir la porte du souterrain et appeler à pleine voix.
    Victoire arriva à bout de souffle, Jean-Baptiste sur les talons, ayant grimpé d’une traite les soixante-quatorze marches menant au souterrain dans lequel ils se morfondaient depuis des heures et des heures.
    Le baron de Penchemel fit asseoir la jeune femme et la désaltéra de sirop de fruit et d’eau fraîche.
    – Ils sont partis. Tous!
    – Ah ça, baron, qui étaient-ils donc?
    Le baron porta la main sur la joue qui fut giflée par Blacfort, puis soupira:
    – Les meilleurs ne furent pas ceux que j’attendais…
    – Que voulez-vous dire?
    – Je reçus d’abord la visite de six officiers républicains lesquels, apprenant que les Vendéens avaient laissé deux canons au château, les mirent en batterie et exterminèrent cinquante-deux de leurs adversaires par des tirs foudroyants et d’une diabolique précision.
    – Cinquante-deux, à six?
    – J’étais là, madame, et le vis de mes yeux car sans cela, j’aurais bien du mal à m’en convaincre. Ils ont attendu raides comme des statues et, lorsque les Vendéens sont arrivés, ils ont fait feu. Comme l’escomptaient les républicains, il s’agissait là d’une avant-garde, aussi prirent-ils congé et bien leur en prit car c’est tout un régiment qui arriva peu après au château. Ceux-là, bien que royalistes, me jouèrent une autre musique!
    – Une autre musique?
    – Le général de Blacfort est un fou furieux et…
    – Jamais vous ne haïrez cet homme davantage que je ne le hais, baron. Il a tenté d’abuser de moi mais j’appris plus tard qu’il tua ma sœur et le père de Valencey d’Adana. Lâche, il se fit nommer en Suède puis en Angleterre et en Russie, d’ambassade en ambassade, pour ne revenir qu’au milieu des troubles de la Révolution, cherchant sur quel fumier il pourrait s’ébattre. D’abord républicain modéré aux côtés de son maître le ci-devant duc d’Orléans nouvellement appelé «Philippe-Égalité», il changea de camp lorsque celui-ci fut guillotiné et réapparut en Vendée. Il est la perversion même, le mal absolu.
    Impressionné, le baron garda un instant le silence, puis abonda en ce sens:
    – Il est allé jusqu’à me gifler!… Il voulait des détails sur ces officiers républicains qui semblaient le fasciner.
    Il réfléchit un instant et, souriant dans le vague:
    – Quoique sur ce point, je ne le puisse blâmer. C'est eux qui, silencieux comme des loups, approchèrent presque jusqu’ici avant que mon chien ne hurle… si bien qu’il s’en fallut d’un souffle qu’ils ne tombent nez à nez avec vous.
    La marquise hocha distraitement la tête, se servant un verre d’eau mais elle sursauta lorsque le baron poursuivit:
    – Sur les six, quatre étaient des aristocrates. Mais le plus curieux, c’est qu’ils portaient l’uniforme de l’ancienne marine royale avec cependant la cocarde tricolore au tricorne.
    – La marine royale?
    – Oui, ici, si loin en les terres. Avouez que la chose est surprenante et…
    Il s’interrompit en découvrant la pâleur de Victoire dont la main, qui tenait le verre, tremblait anormalement:
    – Leurs

Weitere Kostenlose Bücher