Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
Vom Netzwerk:
traces de loup dans son champ,
tandis que son chien, creusant de ses pattes les sillons, mettait
au jour un pauvre corps mort et portant les dents de loup marquées
sur la nuque ou sous l’oreille, et maintes fois aussi à la jambe et
toujours par derrière. Et toujours aussi l’os du cou et de la jambe
était brisé.
    Le paysan, peureux, allait tout soudain donner avis au bailli
qui venait avec le greffier criminel, deux échevins et deux
chirurgiens au lieu où gisait le corps de l’occis. L’ayant visité
diligemment et soigneusement, ayant parfois, quand le visage
n’était point mangé par les vers, reconnu sa qualité, voire son nom
et lignage, ils s’étonnaient toutefois que le loup, qui tue par
faim, n’eût point enlevé de morceau du mort.
    Et ceux de Damme furent bien effrayés, et nul n’osait plus
sortir la nuit sans escorte.
    Or il advint que plusieurs vaillants soudards furent envoyés à
la recherche du loup, avec ordre de le chercher, de jour et de
nuit, dans les dunes, le long de la mer.
    Ils étaient alors près de Heyst, dans les grandes dunes. La nuit
était venue. L’un d’eux, confiant en sa force, voulut les quitter
pour aller seul à la recherche, armé d’une arquebuse. Les autres le
laissèrent faire certains que, vaillant et armé comme il l’était,
il tuerait le loup si celui-ci osait se montrer.
    Leur compagnon étant parti, ils allumèrent du feu et jouèrent
aux dés en buvant à même à leurs flacons de brandevin.
    Et de temps en temps ils criaient :
    – Or ça, camarade, reviens ; le loup a peur ; viens
boire !
    Mais il ne répondait point.
    Soudain, entendant un grand cri comme d’un homme qui meurt, ils
coururent du côté où le cri était parti, disant :
    – Tiens bon, nous venons à la rescousse.
    Mais ils furent longtemps avant de trouver leur camarade, car
les uns disaient que le cri était venu de la vallée, et les autres
de la plus haute dune.
    Enfin, ayant bien fouillé dune et vallée avec leurs lanternes,
ils trouvèrent leur compagnon mordu à la jambe et au bras, par
derrière, et le cou brisé comme les autres victimes.
    Couché sur le dos, il tenait son épée dans sa main
crispée ; son arquebuse gisait sur le sable. À côté de lui
étaient trois doigts coupés, qu’ils emportèrent et qui n’étaient
point les siens. Son escarcelle avait été enlevée.
    Ils prirent sur leurs épaules le cadavre de leur compagnon, sa
bonne épée et sa vaillante arquebuse, et, dolents et colères, ils
portèrent le corps au bailliage où le bailli le reçut en la
compagnie du greffier criminel, de deux échevins et de deux
chirurgiens.
    Les doigts coupés furent examinés et reconnus pour être des
doigts de vieillard, lequel n’était manouvrier en aucun métier car
les doigts étaient effilés et les ongles en étaient longs comme
ceux des hommes de robe ou d’église.
    Le lendemain, le bailli, les échevins, le greffier, les
chirurgiens et les soudards allèrent à la place où avait été mordu
le pauvre mort et virent qu’il y avait des gouttes de sang sur les
herbes et des pas qui allaient jusqu’à la mer où ils
s’arrêtaient.

XXXVII
     
    C’était au temps des raisins mûrs, au mois du vin, le quatrième
jour, quand en la ville de Bruxelles on jette, du haut de la tour
Saint-Nicolas, après la grand’messe des sacs de noix au peuple.
    À la nuit, Nele fut éveillée par des cris venant de la rue. Elle
chercha Katheline dans la chambre et ne la trouva point. Elle
courut en bas et ouvrit la porte, et Katheline entra
disant :
    – Sauve-moi ! sauve-moi ! Le loup ! le
loup !
    Et Nele entendit dans la campagne de lointains hurlements.
Tremblante, elle alluma tous les cierges, lampes et chandelles.
    – Qu’est-il advenu, Katheline ? disait-elle en la serrant
dans ses bras.
    Katheline s’assit, les yeux hagards, et dit, regardant les
chandelles :
    – C’est le soleil, il chasse les mauvais esprits. Le loup, le
loup hurle dans la campagne.
    – Mais, dit Nele, pourquoi es-tu sortie de ton lit où tu avais
chaud, pour aller prendre la fièvre dans les nuits humides de
septembre ?
    Et Katheline dit :
    – Hanske a crié cette nuit comme l’orfraie et j’ai ouvert la
porte. Et il m’a dit : « Prends le breuvage de
vision », et j’ai bu. Hanske est beau. Ôtez le feu. Alors, il
m’a conduite près du canal et m’a dit : « Katheline, je
te rendrai les sept cents carolus, tu les donneras à Ulenspiegel,
fils de Claes. En

Weitere Kostenlose Bücher