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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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que nous ne portions que de la futaine. Tu n’es vêtue si
richement que du sang des victimes. Ôtons-lui sa robe afin qu’elle
soit ainsi pareille à nous.
    – Je ne le veux point, dit Ulenspiegel.
    Et la Gilline, lui sautant au cou, dit :
    – Béni sois-tu, qui ne m’as point tuée, et ne me veux point
laide !
    Et les filles jalouses regardaient Ulenspiegel et
disaient :
    – Il est affolé d’elle comme tous.
    La Gilline chantait sur sa viole.
    Les sept partirent vers Peteghem, menant les happe-chair et les
filles le long de la Lys. Cheminant ils
murmuraient :
    –
‘T is van te beven de klinkaert ! ‘T is van te
beven de klinkaert !
    Au jour levant ils vinrent au camp, chantèrent comme l’alouette,
et le clairon du coq leur répondit. Les filles et les happe-chair
furent gardés de près. Toutefois, le troisième jour, à midi, la
Gilline fut trouvée morte, le cœur percé d’une grande aiguille. La
Stevenyne fut accusée par les trois filles et conduite devant le
capitaine de bande, ses dizeniers et sergents constitués en
tribunal. Là, sans qu’il la fallût mettre à la torture, elle avoua
qu’elle avait tué la Gilline par jalousie de sa beauté et fureur de
ce que la gouge la traitât comme serve sans pitié. Et la Stevenyne
fut pendue, puis enterrée dans le bois.
    La Gilline aussi fut enterrée, et l’on dit les prières des morts
sur son corps mignon.
    Cependant les deux happe-chair patrocinés par Ulenspiegel
étaient allés devant le châtelain de Courtray, car les bruits,
vacarmes et pillages faits dans la maison de la Stevenyne devaient
être punis par le dit châtelain, la maison de la Stevenyne se
trouvant dans la châtellenie, hors de la juridiction de la ville de
Courtray. Après avoir raconté au seigneur châtelain ce qui s’était
passé, ils lui dirent avec grande conviction et humble sincérité de
langage :
    – Les meurtriers des prédicants ne sont point du tout
Ulenspiegel et son féal et bien-aimé Lamme Goedzak, qui ne sont
venus à l’
Arc-en-Ciel
que pour leur délassement ! Ils
ont même des passes du duc, et nous les avons vues. Les vrais
coupables sont deux marchands de Gand, l’un maigre et l’autre très
gras, qui s’en furent vers le pays de France après avoir tout cassé
chez la Stevenyne, l’emmenant avec ses quatre filles, pour leur
ébattement. Nous les eussions bien happés au croc, mais il y avait
là sept bouchers des plus forts de la ville qui ont pris leur
parti. Ils nous ont tous garrottés et ne nous ont lâchés que quand
ils étaient bien loin sur la terre de France. Et voici les marques
des cordes. Les quatre autres happe-chair sont à leurs chausses,
attendant du renfort pour mettre la main sur eux.
    Le châtelain leur donna à chacun deux carolus et un habit neuf
pour leurs loyaux services.
    Il écrivit ensuite au conseil de Flandre, au tribunal des
échevins de Courtray et à d’autres cours de justice pour leur
annoncer que les vrais meurtriers avaient été découverts.
    Et il leur détailla l’aventure tout au long.
    Ce dont frémirent ceux du conseil de Flandre et des autres cours
de justice.
    Et le châtelain fut grandement loué de sa perspicacité.
    Et Ulenspiegel et Lamme cheminaient paisiblement sur la route de
Peteghem à Gand, le long de la Lys désirant arriver à Bruges, où
Lamme espérait trouver sa femme et à Damme, où Ulenspiegel, tout
songeur, eût déjà voulu être pour voir Nele qui, dolente, vivait
auprès de Katheline l’affolée.

XXXVI
     
    Depuis longtemps, au pays de Damme et dans les environs, avaient
été commis plusieurs crimes abominables. Fillettes, jeunes gars,
hommes vieux, que l’on savait s’en être allés chargés d’argent vers
Bruges, Gand ou quelque autre ville ou village de Flandre, furent
trouvés, morts, nus comme des vers et mordus à la nuque par des
dents si longues et si aiguës que l’os du cou était cassé à
tous.
    Les médecins et chirurgiens-barbiers déclarèrent que ces dents
étaient celles d’un grand loup. « Des larrons, disaient-ils,
étaient venus sans doute, après le loup, et avaient dépouillé les
victimes. »
    Nonobstant toutes recherches, nul ne put découvrir quels étaient
les larrons. Bientôt le loup fut oublié.
    Plusieurs notables bourgeois, qui s’étaient mis fièrement en
route sans escorte, disparurent sans que l’on sût ce qu’ils étaient
devenus, sauf parfois que quelque manant, allant au matin pour
labourer la terre, trouvait des

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