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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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de
mal, Ulenspiegel.
    Mais la Gilline, accroupie en son coin, les yeux hors de la
tête, les dents hors la bouche, ne savait point parler et serrait
contre elle sa viole.
    Et les sept murmuraient toujours :
‘T is van te beven
de klinkaert !
en mesure.
    La Stevenyne, montrant les chandelles qu’elle avait en la
bouche, faisait signe qu’elle se tairait pareillement, les
happe-chair le promirent comme elle.
    Ulenspiegel continuant son propos :
    – Vous êtes ici, dit-il, en notre puissance, la nuit est tombée
noire, nous sommes près de la Lys où l’on se noie facilement quand
on vous pousse. Les portes de Courtrai sont fermées. Si les gardes
de nuit ont entendu le vacarme, ils ne bougeront point, étant trop
paresseux et croyant que ce sont de bons Flamands qui, buvant,
chantent joyeusement au son des pintes et flacons. Adoncques,
tenez-vous cois et coites devant vos maîtres.
    Puis, parlant aux sept :
    – Vous allez vers Peteghem trouver les Gueux ?
    – Nous nous y sommes préparés à la nouvelle de ta venue.
    – De là vous irez vers la mer ?
    – Oui, dirent-ils.
    – Connaissez-vous parmi ces happe-chair un ou deux que l’on
puisse relâcher pour nous servir ?
    – Deux, dirent-ils, Niklaes et Joos, qui ne poursuivent jamais
les pauvres réformés.
    – Nous sommes fidèles ! dirent Niklaes et Joos.
    Ulenspiegel dit alors :
    – Voici pour vous vingt florins carolus, deux fois plus que vous
n’auriez eu si vous aviez reçu le prix infâme de dénonciation.
    Soudain les cinq autres s’écrièrent :
    – Vingt florins ! Nous servons le prince pour vingt
florins. Le roi paye mal. Donnes-en la moitié à chacun de nous,
nous dirons au juge tout ce que tu voudras.
    Les bouchers et Lamme murmuraient sourdement :
    –
‘T is van te beven de klinkaert ; ‘T is van te
beven de klinkaert
.
    – Afin que vous ne parliez point trop, dit Ulenspiegel, les sept
vous mèneront garrottés jusqu’à Peteghem, chez les Gueux. Vous
aurez dix florins quand vous serez sur la mer, nous serons certains
jusque-là que la cuisine du camp vous tiendra fidèles au pain et à
la soupe. Si vous êtes vaillants, vous aurez votre part du butin.
Si vous tentez de déserter, vous serez pendus. Si vous vous
échappez, évitant ainsi la corde, vous trouverez le couteau.
    – Nous servons qui nous paye, dirent-ils.
    –
’T is van te beven de klinkaert !
‘T is van te beven de klinkaert !
disaient Lamme et
les sept en frappant sur les tables avec des tessons de pots et de
verres brisés.
    – Vous mènerez pareillement avec vous, dit Ulenspiegel, la
Gilline, la Stevenyne et les trois gouges. Si l’une d’elles veut
vous échappez, évitant ainsi la corde, vous trouverez le
couteau.
    – Il ne m’a point tuée, dit la Gilline, sautant de son coin et
brandissant en l’air sa viole. Et elle chanta :
    Sanglant était mon rêve,
    Le rêve de mon cœur :
    Je suis la fille d’Eve
    Et de Satan vainqueur.
    La Stevenyne et les autres faisaient mine de pleurer.
    – Ne craignez rien, mignonnes, dit Ulenspiegel, vous êtes si
suaves et douces, que l’on aimera, festoyera et caressera partout.
À chaque prise de guerre vous aurez votre part de butin.
    – On ne me donnera rien à moi, qui suis vieille, pleura la
Stevenyne.
    – Un sou par jour, crocodile, dit Ulenspiegel, car tu seras
serve de ces quatre belles filles, tu laveras leurs cottes, draps
et chemises.
    – Moi, seigneur Dieu ! dit-elle.
    Ulenspiegel répondit :
    – Tu les as longtemps gouvernées, vivant du profit de leurs
corps et les laissant pauvres et affamées. Tu peux geindre et
braire, il en sera comme je l’ai dit.
    Sur ce les quatre filles de rire et de se moquer de la
Stevenyne, et de lui dire en tirant la langue :
    – À chacun son tour en ce monde. Qui l’aurait dit de Stevenyne
l’avare ? Elle travaillera pour nous comme serve. Béni soit le
seigneur Ulenspiegel !
    Ulenspiegel dit alors aux bouchers et à Lamme :
    – Videz les caves à vin, prenez l’argent ; il servira à
l’entretien de la Stevenyne et des quatre filles.
    – Elle grince les dents, la Stevenyne, l’avare, dirent les
filles. Tu fus dure, on l’est pareillement pour toi. Béni soit le
seigneur Ulenspiegel !
    Puis les trois se tournèrent vers la Gilline :
    – Tu étais sa fille, son gagne-pain, tu partageais avec elle le
fruit de l’infâme espionnage. Oseras-tu bien encore nous frapper et
nous injurier, avec ta robe de brocart ? Tu nous méprisais
parce

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