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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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Héron. Tu cherches ta femme, je l’ai vue à Bruges, vivant en
toute piété et dévotion. Lui ayant demandé pourquoi elle avait fui
si cruellement son homme, elle me répondit : « Telle
était la sainte volonté de Dieu et l’ordre de la sainte Pénitence,
mais je ne puis vivre avec lui désormais ».
    Lamme fut triste à ce propos et regarda les fèves au vinaigre.
Et les alouettes, chantant, s’élevaient dans le ciel et Nature
pâmée se laissait caresser par le soleil. Et Katheline piquait tout
autour du pot, avec sa cuiller, les fèves blanches, les cosses
vertes et la sauce.

XLIII
     
    En ce temps-là, une fillette de quinze ans alla de Heyst à
Knokke, seule en plein jour, dans les dunes. Nul n’avait de crainte
pour elle, car on savait que les loups-garous et mauvaises âmes
damnées ne mordent que la nuit. Elle portait, en un sachet,
quarante-huit sols d’argent valant quatre florins carolus, que sa
mère Toria Pieterson, demeurant à Heyst, devait, du fait d’une
vente, à son oncle, Jan Rapen, demeurant à Knokke. La fillette
nommée Betkin, ayant mis ses plus beaux atours, s’en était allée
joyeuse.
    Le soir, sa mère fut inquiète de ne la voir point revenir :
songeant toutefois qu’elle avait dormi chez son oncle, elle se
rassura.
    Le lendemain, des pêcheurs, revenus de la mer avec un bateau de
poisson, tirèrent leur bateau sur la plage et déchargèrent leur
poisson dans des chariots, pour le vendre à l’enchère, par chariot,
à la minque de Heyst. Ils montèrent le chemin semé de coquillage et
trouvèrent, dans la dune, une fillette dépouillée toute nue, voire
de la chemise, et du sang autour d’elle. S’approchant, ils virent,
à son pauvre cou brisé, des marques de dents longues et aiguës.
Couchée sur le dos, elle avait les yeux ouverts, regardant le ciel,
et la bouche ouverte pareillement comme pour crier la
mort !
    Couvrant le corps de la fillette d’un
opperst-kleed
,
ils le portèrent jusques Heyst, à la Maison commune. Là bientôt
s’assemblèrent les échevins et le chirurgien-barbier, lequel
déclara que ces longues dents n’étaient point dents de loup telles
que les fait Nature, mais de quelque méchant et infernal,
weer-wolf
, loup-garou, et qu’il fallait prier Dieu de
délivrer la terre de Flandre.
    Et dans tout le comté et notamment à Damme, Heyst et Knokke
furent ordonnées des prières et des oraisons.
    Et le populaire, gémissant, se tenait dans les églises.
    En celle de Heyst, où était le corps de la fillette, exposé,
hommes et femmes pleuraient voyant son cou saignant et déchiré. Et
la mère dit en l’église même :
    – Je veux aller au
weer-wolf
, et le tuer avec les
dents.
    Et les femmes, pleurant, l’excitaient à ce faire. Et d’aucunes
disaient :
    – Tu ne reviendras point.
    Et elle s’en fut, avec son homme et ses deux frères bien armés,
chercher le loup par la plage, dune et vallée, mais ne le trouva
point. Et son homme la dut ramener au logis, car elle avait pris
les fièvres à cause du froid nocturne ; et ils veillèrent près
d’elle, remmaillant les filets pour la pêche prochaine.
    Le bailli de Damme, considérant que le
weer-wolf
est un
animal vivant de sang et ne dépouille point les morts, dit que
celui-ci était sans doute suivi de larrons vaquant par les dunes,
pour leur méchant profit. Donc il manda par son de cloche, à tous
et un chacun, de courir sus bien armés et embâtonnés à tous
mendiants et bélîtres, de les appréhender au corps et de les
visiter pour voir s’ils n’avaient pas en leurs gibecières des
carolus d’or ou quelque pièce des vêtements des victimes. Et après,
les mendiants et bélîtres valides seraient menés sur les galères du
roi. Et on laisserait aller les vieux et infirmes.
    Mais on ne trouva rien.
    Ulenspiegel s’en fut chez le bailli et lui dit :
    – Je veux tuer le
weer-wolf
.
    – Qui te donne confiance ? demanda le bailli.
    – Les cendres battent sur mon cœur, répondit Ulenspiegel.
Baillez-moi permission de travailler à la forge de la commune.
    – Tu le peux, dit le bailli.
    Ulenspiegel, sans donner mot de son projet à nul homme ni femme
de Damme, s’en fut à la forge et là, secrètement, façonna un bel et
grand engin à prendre fauves.
    Le lendemain samedi, jour aimé du
weer-wolf
,
Ulenspiegel, portant une lettre du bailli pour le curé de Heyst et
l’engin sous son mantelet, armé au demeurant d’une bonne arbalète
et d’un coutelas bien

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