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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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le
navire fut vidé de sa moelle, hommes et butin, comme un os de bœuf
sous la dent d’un lion.
    Ce fut en ce temps aussi que le duc ordonna aux Pays-Bas de
cruels et d’abominables impôts, obligeant tous les habitants
vendant des biens mobiliers ou immobiliers à payer mille florins
par dix mille. Et cette taxe fut permanente. Tous les marchands et
vendeurs quelconques durent payer au roi le dixième du prix de
vente, et il fut dit dans le peuple que des marchandises vendues
dix fois en une semaine, le roi avait tout.
    Et ainsi le commerce et l’industrie s’en allaient vers Ruine et
Mort.
    Et les Gueux prirent la Briele, forte place maritime qui fut
nommée le Verger de liberté.

II
     
    Les premiers jours de mai, par un ciel clair, le navire voguant
fièrement sur le flot, Ulenspiegel chanta :
    Les cendres battent sur mon cœur.
    Les bourreaux sont venus, ils ont frappé
    Par le poignard, le feu, la force et le glaive.
    Ils ont payé l’espionnage vil.
    Où était Amour et Foi, vertus douces,
    Ils ont mis Délation et Méfiance.
    Que les bouchers soient frappés,
    Battez le tambour de guerre !
    Vive le Gueux ! Battez le tambour !
    La Briele est prise,
    Et aussi Flessingue, clef de l’Escaut ;
    Dieu est bon, Camp-Veere est prise,
    Où était l’artillerie de Zélande.
    Nous avons balles, poudres et boulets,
    Boulets de fer et boulets de fonte.
    Dieu est avec nous, qui donc contre ?
    Battez le tambour de guerre et gloire !
    Vive le Gueux ! Battez le tambour !
    Le glaive est tiré, hauts soient nos cœurs,
    Fermes nos bras, le glaive est tiré.
    Foin du dixième denier l’entier de ruine,
    Mort au bourreau, la hart au spoliateur ;
    À roi parjure peuple rebelle,
    Le glaive est tiré pour nos droits,
    Pour nos maisons, nos femmes et nos enfants.
    Le glaive est tiré, battez le tambour !
    Hauts sont nos cœurs, fermes nos bras.
    Foin du dixième denier, foin de l’infâme pardon.
    Battez le tambour de guerre, battez le tambour !
    – Oui, compères et amis, dit Ulenspiegel, oui, ils ont dressé
Anvers, devant la Maison commune, un éclatant échafaud couvert de
drap rouge ; le duc y est assis comme un roi sur son trône au
milieu des estafiers et des soudards. Voulant sourire bénévolement,
il fait aigre grimace. Battez le tambour de guerre !
    « Il a octroyé un pardon : faites silence : sa
cuirasse dorée reluit au soleil, le grand prévôt est à cheval à
côté du dais ; voici venir le héraut avec ses
timbaliers ; il lit : c’est le pardon pour tous ceux qui
n’ont point péché ; les autres seront punis cruellement.
    « Oyez, compères, il lit l’édit qui commande, sous peine de
rébellion, le payement des dixième et vingtième deniers. »
    Et Ulenspiegel chanta :
    Ô duc ! entends-tu la voix du populaire,
    La forte rumeur ? C’est la mer qui monte
    Au temps des grandes houles.
    Assez d’argent, assez de sang,
    Assez de ruines !
    Battez le tambour !
    Le glaive est tiré.
    Battez le tambour de deuil !
    C’est le coup d’ongle sur la plaie sanglante,
    Le vol après le meurtre.
    Te faut-il donc
    Mêler tout notre or à notre sang pour le boire ?
    Nous marchions dans le devoir, féaux
    À Sa Majesté Royale.
    Sa Majesté est parjure,
    Nous sommes dégagés de serments.
    Battez le tambour de guerre.
    Duc d’Albe, duc de sang,
    Vois ces échoppes et ces boutiques fermées,
    Vois ces brasseurs, boulangers, épiciers,
    Refusant de vendre pour ne payer point.
    Qui donc te salue quand tu passes ?
    Personne.
    Sens-tu, comme un brouillard de peste,
    Haine et mépris t’environner ?
    La belle terre de Flandres,
    Le joyeux pays de Brabant,
    Sont tristes comme des cimetières.
    Là où jadis au temps de liberté,
    Chantaient les violes, glapissaient les fifres,
    Sont le silence et la mort.
    Battez le tambour de guerre.
    Au lieu des faces joyeuses
    De buveurs et d’amoureux chantants,
    Sont les pâles visages
    De ceux qui attendent, résignés,
    Le coup de glaive de l’injustice.
    Battez le tambour de guerre.
    Nul n’entend plus dans les tavernes
    Le cliquetis joyeux des pintes,
    Ni la claire voix des filles
    Chantant par troupes dans les rues.
    Et Brabant et Flandres, pays de joie,
    Sont devenus pays de larmes.
    Battez le tambour de deuil.
    Terre des pères, souffrante aimée,
    Ne courbe point le front sous le pied du meurtrier.
    Abeilles laborieuses, ruez-vous par essaims
    Sur les frelons d’Espagne.
    Cadavres de femmes et filles enterrées vives,
    Criez à Christ :

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