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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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l’a vu ; tu
mourras maintenant.
    Et le prisonnier riait, sautant d’aigre joie, agitant ses bras
liés et couverts de linges sanglants.
    – Il mourra, disait-il, il passera de la terre aux enfers, la
corde au cou, comme bélître, larron, vaurien : il
mourra ; Dieu est juste.
    – Il ne mourra point, dit le bailli. Après dix ans, le meurtre
ne peut être puni sur la terre de Flandre. Ulenspiegel fit une
méchante action, mais par filial amour : Ulenspiegel ne sera
point recherché de ce fait.
    – Vive la loi, dit le peuple.
Lang leve de wet
.
    Les cloches de Notre-Dame sonnaient pour les morts. Et le
prisonnier grinça des dents, baissa la tête et pleura sa première
larme.
    Et il eut le poing coupé et la langue percée d’un fer rouge, et
il fut brûlé vif à petit feu devant les bailles de la Maison
commune.
    Près de trépasser, il s’écria :
    – Le roi n’aura point mon or ; j’ai menti… Tigres méchants,
je reviendrai vous mordre.
    Et Toria criait :
    – Il paye, il paye ! Ils se tordent, les bras et les jambes
qui coururent au meurtre : il fume, le corps du
bourreau ; son poil blanc, poil de hyène, brûle sur son pâle
museau. Il paye ! il paye !
    Et le poissonnier mourut, hurlant comme un loup.
    Et les cloches de Notre-Dame sonnaient pour les morts.
    Et Lamme et Ulenspiegel remontèrent sur leurs ânes.
    Et Nele, dolente, demeura auprès de Katheline, laquelle disait
sans cesse :
    – Ôtez le feu ! la tête brûle, reviens Hanske, mon
mignon.

Partie 4

I
     
    Etant à Heyst, sur les dunes, Ulenspiegel et Lamme voient venir
d’Ostende, de Blanckenberghe, de Knokke, force bateaux pêcheurs
pleins d’hommes armés et suivant les Gueux de Zélande, qui portent
au couvre-chef le croissant d’argent avec cette inscription :
« Plutôt servir le Turc que le Pape. »
    Ulenspiegel est joyeux, il siffle comme l’alouette ; de
tous côtés répond le clairon guerrier du coq.
    Les bateaux, voguant ou pêchant et vendant leur poisson,
abordent, l’un après l’autre, à Emden. Là est détenu Guillaume de
Blois qui, par commission du prince d’Orange, équipe un navire.
    Ulenspiegel et Lamme viennent à Emden, tandis que sur l’ordre de
Très-Long, les bateaux des Gueux regagnent la haute mer.
    Très-Long, étant à Emden depuis onze semaines, se morfondait
amèrement. Il allait du navire à terre et de terre au navire, comme
un ours enchaîné.
    Ulenspiegel et Lamme, vaquant sur les quais, y avisent un
seigneur de bonne trogne, brassant quelque mélancolie et occupé à
déchausser d’un épieu l’un des pavés du quai. N’y pouvant parvenir,
il essayait toutefois de mener à bonne fin l’entreprise, tandis
qu’un chien rongeait un os derrière lui.
    Ulenspiegel vient au chien et fait mine de lui vouloir voler son
os. Le chien gronde ; Ulenspiegel ne cesse : le chien
mène grand vacarme de roquetaille.
    Le seigneur, se retournant au bruit, dit à
Ulenspiegel :
    – À quoi te sert-il de tourmenter cette bête ?
    – À quoi, messire, vous sert-il de tourmenter ce pavé ?
    – Ce n’est point même chose, dit le seigneur.
    – La différence n’est pas grande, répondit Ulenspiegel : si
ce chien tient à son os et le veut garder, ce pavé tient à son quai
et y veut rester. Et c’est bien le moins que des gens comme nous
tournent autour d’un chien quand des gens comme vous tournent
autour d’un pavé.
    Lamme se tenait derrière Ulenspiegel, n’osant parler.
    – Qui es-tu ? demanda le seigneur.
    – Je suis Thyl Ulenspiegel, fils de Claes ! mort dans les
flammes pour la foi.
    Et il siffla comme l’alouette et le seigneur chanta comme le
coq.
    – Je suis l’amiral Très-Long, dit-il ; que me
veux-tu ?
    Ulenspiegel lui conta ses aventures et lui bailla cinq cents
carolus.
    – Qui est ce gros homme ? demanda Très-Long montrant Lamme
du doigt.
    – Mon compagnon et ami, répondit Ulenspiegel : il veut,
comme moi, chanter sur ton navire, à belle voix d’arquebuse, la
chanson de la délivrance de la terre des pères.
    – Vous êtes braves tous deux, dit Très-Long, vous partirez sur
mon navire.
    On était pour lors en février : aigre était le vent, vive
la gelée. Après trois semaines d’attente dépiteuse, Très-Long
quitte Emden avec protestation. Pensant entrer au Texel, il part du
Vlie mais est contraint d’entrer à Wieringen, où son navire est
cerné par la glace.
    Bientôt ce fut tout autour un joyeux spectacle : traîneaux
et patineurs

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