Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
Vom Netzwerk:
raies de feu dans le ciel ; nous les voyions s’y
détacher et tomber. Le clairon de l’ange sonnait. Quel bruit
éclatant et puissant ! À chaque fanfare frappant les vapeurs
de l’air, celles-ci s’ouvraient, comme si de près quelque ouragan
eût soufflé sur elles. Et ainsi la voie nous était tracée. Ayant
été enlevés pendant mille lieues et davantage, nous vîmes Christ en
sa gloire, assis sur un trône d’étoiles, et à sa droite était
l’ange qui écrit les actions des hommes sur un registre d’airain,
et à sa gauche Marie sa mère, l’implorant sans cesse pour les
pécheurs. »
    « Claes et l’empereur s’agenouillèrent devant le
trône. »
    « L’ange lui jeta de la tête la couronne :
    – Il n’est qu’un empereur céans, dit-il, c’est
Christ. »
    « Sa Sainte Majesté parut fâchée ; toutefois, parlant
humblement :
    – Ne pourrais-je, dit-elle, garder cet anchois et ce hanap de
bière, car ce long voyage me donna faim ? »
    « – Comme tu l’eus toute ta vie, repartit l’ange ;
mais mange et bois toutefois. »
    « L’empereur vida le hanap de bière et grignota
l’anchois. »
    « Christ alors parlant dit :
    « – Te présentes-tu au jugement l’âme nette ?
    « – Je l’espère, mon doux Seigneur, car je me confessai,
répondit l’empereur Charles.
    « – Et toi, Claes ? dit Christ ; car tu ne
trembles point comme cet empereur.
    « – Mon Seigneur Jésus, répondit Claes, il n’est point
d’âme qui soit nette, je n’ai donc nulle peur de vous qui êtes le
souverain bien et la souveraine justice, mais je crains toutefois
pour mes péchés qui furent nombreux.
    « – Parle, charogne, dit l’ange en s’adressant à
l’empereur.
    « – Moi, Seigneur, répondit Charles d’une voix embarrassée,
étant oint du doigt de vos prêtres, je fus sacré roi de Castille,
empereur d’Allemagne et roi des Romains. J’eus sans cesse à cœur la
conservation du pouvoir qui vient de vous et pour ce, j’agis par la
corde, par le fer, la fosse et le feu contre tous les réformés.
    « Mais l’ange :
    « – Menteur gastralgique, dit-il, tu veux nous tromper. Tu
toléras en Allemagne les réformés, car tu avais peur d’eux, et les
fis décapiter, brûler, pendre ou enterrer vifs aux Pays-Bas, où tu
ne craignais rien que de n’hériter point assez de ces abeilles
laborieuses riches de tant de miel. Cent mille âmes périrent de ton
fait, non que tu aimasses Christ, mon Seigneur, mais parce que tu
fus despote, tyran, rongeur de pays, n’aimant que toi-même, et
après toi, les viandes, poissons, vins et bières, car tu fus goulu
comme un chien et buveur comme une éponge.
    « – Et toi, Claes, parle, dit Christ.
    « Mais l’ange se levant :
    « – Celui-ci n’a rien à dire. Il fut bon, laborieux, comme
le pauvre peuple de Flandre, travaillant volontiers et volontiers
riant, tenant la foi qu’il devait à ses princes et croyant que ses
princes tiendraient la foi qu’ils lui devaient. Il avait de
l’argent, il fut accusé, et comme il avait hébergé un réformé, il
fut brûlé vif.
    « – Ah ! dit Marie, pauvre martyr, mais il est au ciel
des sources fraîches, des fontaines de lait et de vin exquis qui te
rafraîchiront, et je t’y mènerai moi-même, charbonnier.
    « Le clairon de l’ange sonna encore et je vis s’élever, du
fond des abîmes, un homme nu et beau, couronné de fer. Et sur le
cercle de la couronne étaient écrits ces mots : « Triste
jusqu’au jour de la justice. »
    « Il s’approcha du trône et dit à Christ :
    « – Je suis ton esclave jusqu’à ce que je sois ton
maître.
    « – Satan, dit Marie, un jour viendra où il n’y aura plus
d’esclaves ni de maîtres, et où Christ qui est amour, Satan qui est
orgueil, voudront dire : Force et science.
    « – Femme, tu es bonne et belle, dit Satan.
    « Puis parlant à Christ, et montrant l’empereur :
    « – Que faut-il faire de ceci ? dit-il.
    « Christ répondit :
    « – Tu mettras le vermisseau couronné dans une salle où tu
rassembleras tous les instruments de torture en usage sous son
règne. Chaque fois qu’un malheureux innocent endurera le supplice
de l’eau, qui gonfle les hommes comme des vessies, celui des
chandelles, qui leur brûle la plante des pieds et les aisselles,
l’estrapade, qui brise les membres ; la traction à quatre
galères ; chaque fois qu’une âme libre exhalera sur le bûcher
son dernier

Weitere Kostenlose Bücher