Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
Vom Netzwerk:
de
dobbel-kuyt
.
    Bientôt le parfum des
heete-koeken
se répandit dans la
cuisine, et tous eurent faim, même la dolente affligée.
    Ulenspiegel mangea bien. Katheline lui avait donné un grand
hanap en disant qu’étant le seul mâle, chef de maison, il devait
boire plus que les autres et chanter après.
    Et ce disant, elle avait l’air malicieux, mais Ulenspiegel but
et ne chanta point ; Nele pleurait en regardant Soetkin blême
et toute sur elle-même affaissée ; Katheline seule était
joyeuse.
    Après le repas, Soetkin et Ulenspiegel montèrent au grenier pour
s’aller coucher ; Katheline et Nele restèrent dans la cuisine
où leurs lits étaient dressés.
    Vers deux heures du matin, Ulenspiegel s’était depuis longtemps
endormi à cause de la pesanteur de la boisson ; Soetkin, les
yeux ouverts, comme chaque nuit, priait Madame la Vierge de lui
donner le sommeil, mais Madame ne l’écoutait point. Soudain elle
entendit le cri d’une orfraie et de la cuisine un semblable cri
répondant ; puis, de loin, dans la campagne, d’autres cris
retentirent et toujours il lui paraissait qu’on y répondait de la
cuisine.
    Pensant que c’étaient des oiseaux de nuit, elle n’y fit nulle
attention. Elle entendit des hennissements de chevaux et le bruit
de sabots ferrés frappant la chaussée ; elle ouvrit la fenêtre
du grenier et vit en effet deux chevaux sellés, piaffant et
broutant l’herbe de l’accotement. Elle entendit alors une voix de
femme criant, une voix d’homme menaçant, des coups frappés, de
nouveaux cris, une porte se fermant avec fracas et un pas
angoisseux montant les marches de l’escalier.
    Ulenspiegel ronflait et n’entendait rien ; la porte du
grenier s’ouvrit ; Nele entra presque nue, hors d’haleine,
pleurant à sanglots, mit en hâte, contre la porte, une table, des
chaises un vieux réchaud, tout ce qu’elle put trouver de meubles.
Les dernières étoiles étaient près de s’éteindre, les coqs
chantaient.
    Ulenspiegel, au bruit qu’avait fait Nele, s’était retourné dans
le lit, mais continuait de dormir.
    Nele alors se jetant au cou de Soetkin :
    – Soetkin, dit-elle, j’ai peur, allume la chandelle.
    Soetkin le fit ; et toujours gémissait Nele.
    La chandelle étant allumée, Soetkin, regardant Nele, vit la
chemise de la fillette déchirée à l’épaule et sur le front, la joue
et le cou, des traces saignantes, comme en laissent les coups
d’ongle.
    – Nele, dit Soetkin l’embrassant, d’où viens-tu ainsi
blessée ?
    La fillette, tremblant et gémissant toujours, disait :
    – Ne nous fais point brûler, Soetkin.
    Cependant, Ulenspiegel s’éveillait et clignait de l’œil à la
clarté de la chandelle. Soetkin disait :
    – Qui est en bas ? Nele répondait :
    – Tais-toi, c’est le mari qu’elle me veut donner.
    Soetkin et Nele entendirent tout à coup crier Katheline, et les
jambes leur faillirent à toutes deux. « Il la bat, il la bat à
cause de moi ! » disait Nele.
    – Qui est dans la maison ? cria Ulenspiegel sautant du lit.
Puis, s’essuyant les yeux, il vaqua par la chambre jusqu’à ce qu’il
eût mis la main sur un lourd tisonnier gisant dans un coin.
    – Personne, disait Nele, personne ; n’y va pas,
Ulenspiegel !
    Mais lui, n’écoutant rien, courut à la porte, jetant de côté
chaises, tables et réchaud. Katheline ne cessait de crier en
bas ; Nele et Soetkin tenaient Ulenspiegel sur le palier,
l’une à bras-le-corps, l’autre aux jambes, disant :
    – N’y va pas, Ulenspiegel, ce sont des diables.
    – Oui, répondait-il, diable mari de Nele, je vais maritalement
l’accoupler à mon tisonnier. Fiançailles de fer et de viande !
Laissez-moi descendre.
    Elles ne le lâchaient point toutefois, car elles étaient fortes
de ce qu’elles se tenaient à la rampe. Lui les entraînait sur les
marches de l’escalier, et elles avaient peur se rapprochant ainsi
des diables. Mais elles ne purent rien contre lui. Descendant par
sauts et par bonds comme un boulet de neige du haut d’une montagne,
il entra dans la cuisine, vit Katheline défaite et blême à la lueur
de l’aube, et l’ouït disant : « Hanske, pourquoi me
laisses-tu seule ? Ce n’est point de ma faute si Nele est
méchante. »
    Ulenspiegel, sans l’écouter, ouvrit la porte de l’étable. N’y
trouvant personne, il s’élança dans le clos et de là sur la
chaussée ; il vit de loin deux chevaux courant et se perdant
en la brume. Il

Weitere Kostenlose Bücher