Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
et plongé ensuite dans un court-bouillon. Ton Irma est peut-être allongée sur son plumard en ce moment, à relire ta dernière lettre dans laquelle tu lui disais que tu te portais bien et que tu pensais beaucoup à elle et que tu lui étais fidèle et que c'était pas toi qui irais fourrer ton nez ou quoi que ce soit dans les tentations multiples de Naples !
    Après quoi elle va essuyer une larme furtive et laisser le releveur du gaz partir sans lui avoir montré autre chose que l'emplacement du compteur... Et voilà la vie de cette pauvre Irma ! Chaque jour, elle se met la ceinture parce que le Führer lui a pris ce qu'elle avait pour l'expédier au fond de la mer... Et bientôt, elle recevra une carte postale de l'armée, simple, brève et cent pour cent militaire :
    Le sous-officier Alfred König, du 161 e Régiment d'Artillerie, est tombé le 30 septembre 1941 en combattant héroïquement pour le Führer et pour sa Patrie.
    » Là-dessous, le paraphe illisible d'un salaud d'officier quelconque et encore plus bas, en belles lettres gothiques, comme une citation de la Bible :
    Le Führer vous remercie. Heil Hitler!
    Porta exprima son indignation d'un pet vigoureux et, promenant son regard sur l'immensité grise :
    — Pendant quelques jours la petite Irma va se balader avec les yeux rouges et sa carte postale dans son sac à main. Elle rencontrera peut-être quelques personnes qui seront navrées pour elle, mais pas beaucoup, parce qu'elle n'est pas la seule dans son cas et s'il fallait compatir à toutes les douleurs, on n'en finirait pas et vous ne savez pas, Mme Une telle, où je pourrais dégoter une livre de beurre ? Et la prochaine fois que l'homme du gaz lui rendra visite, elle lui montrera davantage que l'emplacement du compteur et, de cette façon, la disparition d'Alfred aura eu tout de même son bon côté, parce qu'il ne venait en permission qu'une fois par an alors que le type du gaz passe tous les deux mois et qu'il ne risque pas de tomber pour le Führer et la patrie parce qu'il a déjà une patte en bois !... Qui sait ? On va peut-être atterrir en Espagne. Une jolie petite chose avec des cheveux noirs et un œillet derrière l'oreille à se mettre sous la dent, si j'ose dire...
    La soif me tourmentait à un point tel que la volubilité incessante de Porta me devenait progressivement insupportable.
    — Tu pourrais pas un peu fermer ta gueule, non ?
    Penser à trousser les Espagnoles alors qu'on est en train de crever à petit feu, de faim et de soif !
    — Crever ? T'es cinglé, non ? Si tu crois que les Forces Royales Italiennes de l'Air nous ont fait cadeau de ce ravissant youyou pour qu'on y crève... Ce serait une insulte pour le roi d'Italie. En parlant du roi d'Italie, je me demande si les têtes couronnées ont des chiottes en or avec un siège en peluche ?
    Hilare, il posa culotte et s'assit avec le postérieur au-dessus' du bord de l'embarcation. De temps à autre, une vague venait lui fouetter l'arrière-train.
    — Ouille ! Ça chatouille, bon sang ! Mais c'est hygiénique ! Tu devrais essayer. C'est encore mieux que les chiottes du roi d'Italie.
    — Porta, tu ne m'amuses plus...
    Sa vitalité me stupéfiait et m'épuisait ; elle était pour moi comme un mur blanc exposé au soleil de midi. Mais chaque fois que je me sentais sur le point de lui sauter à la gorge, ses yeux m'arrêtaient net. Ils me disaient qu'en dépit de toute sa gouaille, nous étions l'un et l'autre dans le même état..
    Et puis, cela aussi finit par nous porter sur le système et si nous n'avions pas, juste avant la tombée de la nuit, repéré un navire à l'horizon, je crois sincèrement que j'aurais perdu tout contrôle au point d'essayer de l'étrangler. Mais grâce à nos fusées, nous pûmes signaler notre présence et, moins d'une heure plus tard, nous lavions sous une douche chaude, à bord d'un destroyer italien, le mazout qui nous engluait les cheveux. Puis on nous fourra dans deux couchettes bien sèches, bien chaudes, on nous servit une montagne de spaghetti arrosée de vin rouge et l'on nous laissa dormir comme des bûches.
    Le lendemain, les marins nous dirent qu'une notable proportion des effectifs naufragés avait été sauvée et regroupée à Naples, où nous allions être déposés nous-mêmes. Le médecin du bord vint nous voir, nous demanda comment nous nous sentions, nous regarda attentivement et repartit comme il était venu. La conversation tomba sur les autres copains et Porta

Weitere Kostenlose Bücher