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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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franchit la frontière polonaise à Breslau. Pendant que nous stationnions dans la gare de marchandises de Czesto-chowa, on nous distribua nos « rations de secours », composées d'une boîte de goulasch, de quelques biscuits et d'une demi-bouteille de rhum. Il nous était strictement interdit de toucher à ces rations avant d'en recevoir l'ordre. Le rhum, en particulier, ne devait être consommé sous aucun prétexte. Avec sa grandiloquence habituelle, l'armée appelait ça une « raison de fer ».
    La première chose que fit Porta, bien entendu, fut de boire son rhum. Quand la bouteille quitta ses lèvres, elle était vide. Il la lança par-dessus son épaule, d'un geste élégant, fit claquer sa langue et se laissa choir sur la paille qui tapissait le plancher du wagon. Juste avant de s'endormir, il lâcha un vent sonore et ricana :
    — Reniflez un bon coup, mes chers petits. Il y a des vitamines dans l'air.
    Deux heures plus tard, il se réveilla, rota, s'étira ; puis, à notre stupéfaction, sortit une autre bouteille de son havresac et la vida sans broncher, le visage empreint d'une parfaite béatitude. Ensuite, il nous rallia autour de lui pour la classique partie de cartes et tout marcha comme sur des roulettes jusqu'à ce qu'une voix appelât de l'extérieur :
    — Obergefreiter Porta, sortez d'ici !
    Porta ne bougea pas d'un poil, les yeux fixés sur ses cartes.
    — Ta gueule, pourceau merdeux ! répliqua Porta, sans même se retourner vers la porte. Si t'as besoin de moi, viens me chercher, eh ! minable, mais essuie tes péniches avant d'entrer et, la prochaine fois, tâche de m'appeler « Herr Obergefreiter Porta ». T'es pas chez toi, ici, c'est pas la caserne, espèce de pouilleux congénital !
    Un silence de mort suivit cette apostrophe. Puis tout le wagon s'esclaffa et quand les rires se furent apaisés, la voix rugit de plus belle :
    — Porta, si vous ne sortez pas immédiatement, je vous expédie devant le conseil de guerre !
    Porta nous regarda en roulant des yeux ronds.
    — Que je sois pendu si c'est pas le capitaine Meier, chuchota-t-il. Le pauvre Porta va recevoir pan-pan-cu-cul !
    Il bondit hors du wagon et fit claquer ses talons devant Meier qui l'attendait les poings sur les hanches et les jambes écartées, le visage pourpre de fureur.
    — Ainsi vous avez tout de même daigné venir, Herr
    Obergefreiter ! Je vais vous apprendre à exécuter les ordres, espèce de salopard ! Comment m'avez-vous appelé ? Pourceau merdeux et pouilleux congénital ! Quoi ? Garde à vous, bon Dieu, avant que je ne perde mon sang-froid ! Insultes à un officier ! Qu'est-ce que c'est que ce travail ? Et vous puez le rhum à plein nez ! Vous êtes saoul comme un cochon ! Voilà qui explique bien des choses ! Vous avez bu votre ration de fer! Vous savez comment ça s'appelle ? Insubordination ! Et bon Dieu, vous n'allez pas l'emporter en paradis !
    Rigide et muet, l'air incroyablement stupide, Porta se tenait au garde-à-vous devant le capitaine Meier qui acheva bientôt de perdre tout contrôle sur lui-même.
    — Répondez, fumier puant ! Avez-vous bu du rhum, oui ou non ?
    — Oui, Herr Hauptmann, mais rien qu'une petite rincette versée dans notre ersatz de thé national-socialiste déjà si savoureux. Et c'était du rhum que le sous-officier d'ordinaire rne devait depuis la campagne de France. Je puis vous recommander d'essayer la recette, Herr Hauptmann. Un peu de rhum dans l'ersatz de thé que notre Führer bien-aimé nous fait distribuer...
    — Est-ce que vous vous foutez de moi ? Faites-moi voir le rhum de votre ration de fer !
    Sortant une bouteille d'une de ses vastes poches surnuméraires, Porta la présenta en souriant au capitaine stupéfait, afin qu'il pût voir par lui-même qu'elle était pleine.
    Un cafard quelconque avait dû dire à Meier que Porta avait sifflé son rhum. Nous découvrîmes effectivement, par la suite, que Meier avait promis quinze jours de permission à un caporal si ce dernier lui fournissait un motif valable de flanquer Porta dans le trou.
    — Herr Hauptmann ne s'imagine tout de même pas, enchaîna Porta, tout sucre et tout miel, que je croyais parler à Herr Hauptmann quand j'ai crié toutes ces choses horribles ! Il ne me viendrait jamais à l'idée de crier des choses pareilles à mon commandant de compagnie, pour qui j'ai la plus vive admiration. J'avais cru reconnaître la voix de l'Unteroffizier Fleischmann. Il est exact que son père avait des poux,

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