Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
humide...
    — Porta... Tu crois qu'on va s'en sortir ?
    — S'en sortir ? Je suis parfaitement sûr qu'on s'en sortira, alors, courbe la tête, mon fils, mais si jamais tu te mets à chialer, je te colle un de ces marrons dans ton nez que tu te demanderas d'où que c'est que ça t'est venu ! Tu vas me faire le plaisir de garder ta sale gueule en dehors de ce pissat de baleine, compris ? Je te dirai quand tu pourras te noyer. En attendant, sois heureux de ne pas être un entonnoir puant, avec les gros canons pour te donner la sérénade. Oh ! bien sûr, ces petits trous du no man's land sont souverains pour ceux qui ont tendance à la constipation, mais ici, et c'est plus que tu n'en mérites, non seulement tu peux ch... dans ton froc, mais te retrouver bien lavé, bien propre par la même occasion. C'est un truc que tu peux pas faire dans un trou d'obus...
    La soif nous torturait et finit même pas avoir raison de la faconde inépuisable de Porta.
    Juste après le lever du deuxième jour, un avion italien nous survola et laissa choir un canot pneumatique qui amerrit à vingt mètres de nous. Riant et pleurant, Porta hurla :
    — Merci, vieux bouffeur de spaghetti !
    Ce fut plus difficile que nous ne le pensions, et de parcourir ces vingt mètres, et de grimper à bord du canot. Nous passâmes chacun d'un côté. Je devais essayer le premier, mais je m'y pris de telle façon que je glissai sous le rafiot et faillis me noyer à force de rire. Un rire convulsif engendré par l'épuisement physique et nerveux. Mais finalement, nous nous retrouvâmes tous les deux dans le canot pneumatique et notre premier geste fut d'échanger une solennelle poignée de main.
    — Tout ce qui me manque, c'est un jeu de cartes !
    Il n'y en avait pas à bord, mais le compartiment étanche renfermait des boîtes de lait, de la viande séchée, des biscuits et quatre bouteilles de schnaps. Après avoir bien bu, bien mangé, nous nous étendîmes sous la bâche et bonsoir. Le froid nous réveilla au milieu de la nuit. Nous nous réchauffâmes mutuellement à grand renfort de bourrades, un bon coup de schnaps par là-dessus et rebonsoir, dans notre chaleur retrouvée. 
    Ce nouveau somme nous conduisit jusqu'aux environs de midi. Un second examen du compartiment étanche nous livra une boîte de fusées et un bidon d'huile jaune qu'il suffisait de verser sur l'eau pour qu'elle s'y étendît en reproduisant une immense tache dorée, bien visible du haut des airs. Nous suivîmes les instructions à la lettre, tirâmes deux ou trois fusées en braillant comme à un feu d'artifice ; puis nous chantâmes une chanson allemande, une chanson anglaise, une chanson française, dévorâmes le reste des provisions — à l'exception de quelques biscuits — trichant, histoire de rire, mais partageant tout en frères, et commençâmes finalement à parler des autres, dont beaucoup devaient être morts.
    — Il va falloir qu'on en écrive, des lettres, soupira Porta, à toutes ces mères et à toutes ces femmes et à toutes ces fiancées...
    Ursula.
    Le lendemain matin, nous bûmes ce qui restait de schnaps en grignotant les derniers biscuits.
    — Prochain service : cuir de botte. Comment que tu voudras le tien ? Avec des truffes ou dans une sauce à la vanille ?
    Ce même jour, nous rencontrâmes un cadavre maintenu à la surface par sa ceinture de sauvetage. Le hisser à bord ne fut pas une petite affaire. C'était un sous-officier aux jambes et à l'abdomen horriblement brûlés. Ses papiers nous apprirent qu'il s'était appelé Alfred König. Unteroffizier au 161 e Régiment d'artillerie, soldat depuis trois ans, vingt-deux ans, marié avec Irma Bartels, vingt ans, originaire de Berlin. Son portefeuille contenait quelques instantanés le représentant avec une jeune femme blonde et passablement jolie.
    Nous vidâmes ses poches avant de le restituer à la mer.
    — Et notre bon souvenir à tous ceux qui nagent entre deux eaux dans cette saloperie d'aquarium, dit Porta. J'écrirai une belle lettre à Irma, pour lui raconter que tu es mort en héros ; tué net, d'une balle dans le cœur, après avoir tenu en échec, durant quatre jours, des forces ennemies supérieures en nombre. Oui, je connais les formules idoines pour que ta petite Irma puisse répéter fièrement à ses copines que son Alfred s'est fait descendre dans toutes les règles, en combattant pour sa glorieuse pourriture de patrie. 
    Pas question d'avoir été rôti comme une oie

Weitere Kostenlose Bücher