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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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souhaiter la bienvenue.
    — Tu les entends ? intercala le Vieux. Ils s'imaginent qu'ils vont aller au ciel. Non, mes enfants, si jamais vous avez des plumes quelque part, elles sentiront le roussi !
    Des ordres étouffés retentirent à l'extérieur et, bientôt quelques grenadiers escaladèrent notre tank. Nous grillâmes une dernière cigarette.
    — Prêts pour l'attaque ! Compagnie 5... En avant, marche !
    Dans le grondement de ses moteurs, la compagnie traversa le village en ruine. Les couvercles de nos tourelles étaient toujours ouverts et perchés derrière nous, les grenadiers attendaient le début des réjouissances pour sauter à terre. Les yeux rivés aux fentes étroites du poste de pilotage, Porta tenait fermement les commandes. Debout dans la tourelle centrale, le Vieux scrutait fixement les ténèbres à travers le hublot de visée. Pluton était à son poste, auprès du canon lourd, et Tom Pouce avait ouvert toutes les soutes à munitions, prêt à recharger le canon à mesure que rejailliraient les douilles vides, portées au rouge par la déflagration. Assis devant le poste de radio, je m'assurai pour la vingtième fois que ma mitrailleuse était bien en ordre, et repoussai légèrement la longue bande de cartouches enroulée autour de moi comme un large serpent au corps plat.
    Une voix qui semblait réprimer un éclat de rire retentit soudain :
    — Compagnie 5... Compagnie 5... Ici, le poste de commandement de la compagnie... Ordre à tous les chars d'ouvrir le feu !
    Et l'enfer se déchaîna, emplissant nos têtes du grondement, du rugissement, du fracas, du vacarme de l'énergie libérée.
    De longues flammes rouges et jaunes jaillissaient comme des lances de feu de la gueule de chaque canon. L'intérieur du tank était un chaudron de sorcière, une chaudière de démon. La fumée des déflagrations nous piquait les yeux et nous brûlait la gorge. A chaque nouveau tir, une flamme pointue, surgie de la culasse de notre pièce, poignardait l'air épais. Les douilles éjectées s'accumulaient et roulaient avec un tintamarre épouvantable sur le fond métallique du char.
    Je contemplais, bouche bée, le paysage qui s'en venait à notre rencontre. J'aperçus soudain, droit devant nous des fantassins russes. Automatiquement, je louchai sur mon guidon de visée ; mon index se replia sur la détente, conformément aux instructions et de la façon réglementaire... Maintenant ! Le regard froid, les paupières plissées, j'observai la trajectoire de mes balles traçantes, corrigeai mon tir et fis mon travail d'assassin. Puis une violente secousse me projeta en avant, et si je n'avais pas eu le casque de protection bardé de cuir, mon visage eût été réduit en lambeaux par la culasse de ma mitrailleuse. Le Vieux se mit à engueuler Porta, qui venait de nous flanquer dans un entonnoir de plusieurs mètres.
    — Attends un peu que je puisse prendre mon élan et conduire ce teuf-teuf comme on doit le conduire ! vociféra Porta.
    L'artillerie antichar des Russes réagissait peu à peu et les premiers tanks immobilisés flambaient çà et là, masses d'acier environnées de flammes rouges et vomissant vers le ciel des cascades de fumée noire, épaisse, semblable à du velours.
    Nous poursuivions notre avance, lentement, avec nos grenadiers embusqués derrière nous, prêts à exterminer l'infanterie russe sitôt que nous aurions enfoncé leurs positions. Vers midi, Ivan battit en retraite. Dès qu'on nous eut ravitaillés en munitions et en carburant, nous fonçâmes sur ses traces. De loin en loin Ivan se retranchait dans un village. Nous nous arrêtions alors et, un quart d'heure plus tard, il n'y avait plus de village, rien que du feu dans lequel nous foncions à nouveau, détruisant tout : soldats, hommes, femmes, enfants et animaux domestiques. S'il y avait, devant nous, une maison incendiée, nous la traversions de part en part, dans un grand tourbillon d'étincelles, charriant parfois des poutres enflammées que nous perdions un peu plus loin, avec l'impression passagère d'être nous-mêmes en feu.
    Les soldats russes savaient mourir. Plus d'une fois, nous vîmes une poignée d'entre eux se cramponner à un point stratégique et retarder notre avance jusqu'à ce qu'ils eussent tiré leur dernière cartouche, ou que nous les eussions écrasés sous nos chenilles. Ça fait une drôle d'impression, au début de voir quelqu'un assis, couché, ou se traînant sur la route, et de ne pas chercher à

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