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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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âcre des munitions.
    Je vomis.
    Une autre explosion titanesque et le wagon fut littéralement lardé de langues de flammes. Il commença à se retourner, mais quelque chose l'arrêta dans son lent « tonneau » et le maintint incliné selon un angle de quarante-cinq degrés. Ce nouveau coup au but avait légèrement déplacé le canon, de telle sorte que je pouvais à présent remuer mes jambes et mon bras gauche. J'essuyai les débris de cervelle visqueux qui m'encombraient les yeux. Derrière moi, je vis Schultz, un gosse de seize ans, les deux jambes réduites à l'état de pulpe rouge. Au-dessus de ma tête pendait un bras arraché, avec une bague en or, sertie d'une pierre bleue, à l'annulaire. Je sentis que j'allais tourner de l'œil et me mis à hurler. Je me repris assez vite, cependant, et criai les noms de mes copains, Stege, Porta, le Vieux. Peu de temps après, j'entendis une voix assourdie, venue de l'extérieur, qui me disait de taper sur les blindages pour leur indiquer ma position. Puis je reconnus la voix réconfortante du Vieux:
    — Tiens bon, Sven ! On arrive...
    Ils firent dans la paroi d'acier, au chalumeau, un trou qui encadra bientôt la sale gueule, la bonne gueule trois fois bénie de Porta.
    — Alors, alors ? gouailla-t-il. On refuse de sortir, maintenant ?
    Prudemment, ils me dégagèrent. Neuf des membres de l'équipage vivaient encore, et pendant que nous nous occupions d'un des blessés, un nouvel obus de gros calibre nous boucla tous à l'intérieur.
    Porta et Pluton attaquèrent la lourde porte blindée avec des masses prélevées dans l'outillage du wagon, et nous parvînmes à l'écarter suffisamment pour nous glisser à l'air libre. Armés de nos grenades et de nos mitraillettes, nous fonçâmes vers le pont, sous le couvert du déblai de la berge. Quelques tanks russes nous repérèrent et s'élancèrent pour nous couper la retraite. Tous ceux qui ont livré, ce jour-là, cette épouvantable course contre la mort ne l'oublieront pas de toute leur vie. Ceux, du moins, qui ont conservé leur vie. Nous arrivâmes les premiers. Les charges d'explosif furent préparées en un clin d'œil et les cordons allumés. Puis ce fut la traversée du pont arrosé par les Russes d'obus et de balles. Les hommes touchés continuaient sur leur élan et tombaient en tourbillonnant dans l'eau jaune toute brasillante de projectiles perdus. Nous avions presque atteint l'autre rive quand le pont sauta. La violence de l'explosion nous coupa le souffle tandis que la section de l'ouvrage d'art sur laquelle nous nous trouvions commençait à s'affaisser lentement.
    — Cramponne-toi au garde-fou ! hurla Porta.
    La plus grande partie du pont tomba dans le fleuve. Poutres et longerons métalliques pleuvaient comme feuilles mortes dans une bourrasque d'automne. La rupture des poutrelles restées attachées à la rive projeta de tous côtés des rivets et des boulons animés d'une puissance de choc redoutable. S'il y eut quelqu'un d'atteint par un de ces bouts de ferraille, il dut croire, certainement, avoir été frappé par une balle.
    Peu à peu, le vacarme s'apaisa. Avec l'aide de câbles métalliques pendants, Porta et moi atteignîmes la dernière pile du pont, puis, sur des traverses branlantes, gagnâmes enfin la rive.
    Von Barring avait eu le visage affreusement brûlé et souffrait le martyre. Un éclat avait arraché le nez et la joue du colonel Hinka.
    Dès que nous eûmes rejoint notre dépôt, nous nous affalâmes, profondément endormis.
    Nous abaissâmes sur nos yeux les grosses lunettes protectrices et nouâmes nos écharpes de soie. Von Barring passa Staline à Porta. Puis la voix du Vieux s'éleva, transmettant les ordres, par radio, à toutes les autres voitures blindées.
    — Lancez les moteurs. Préparez-vous à l'action !
    Les armes automatiques étaient chargées, les longues bandes de cartouches prêtes à se dérouler. Les chefs de voiture se déclarèrent prêts à partir. La voix du Vieux résonna de nouveau :
    — Premier peloton blindé de reconnaissance... en avant, marche!
    Les moteurs chantèrent Le gravier s'écrasa sous les gros pneus renforcés des voitures blindées.

Faites chauffer la colle

    JE parvins à chuchoter :
    — C'est moche, Vieux ?
    — Quelques éclats dans le bide et les guibolles. Pas trop de bobo. Prends ça avec le sourire, bon Dieu ! On t'emmène avec Stege au centre de classement. Stege n'a écopé que dans la patte.
    La voiture, en

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