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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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rebondissant dans une ornière, me fit faire la grimace.
    — C'est salement douloureux, Vieux. Donne-moi une gorgée d'eau...
    — Faut pas que tu boives avant que le toubib t'ait vu, riposta le Vieux en me caressant les cheveux. Tu sais bien que c'est strictement défendu dans les blessures au ventre.
    — Tu veux pas y regarder ? Je crois que je vais devenir fou...
    — On t'a déjà pansé. On peut rien faire de plus avant que le toubib te prenne en main.
    La voiture s'arrêta. Le Vieux sauta à terre et Porta s'approcha de moi.
    — Maintenant, vieille branche, tu vas serrer les dents, hein, parce que je vais te soulever avec Pluton, pour te passer à Tom Pouce et au Vieux. Après ça, le plus dur sera fait Pense à toutes les jolies petites infirmières qui vont te bichonner les parties nobles quatre fois par jour avec du beau linge propre, comme ça se passe pour ce vieux cul-de-jatte d'Asmus !
    Mes lèvres saignaient, quand je me retrouvai finalement sur le sol avec une boîte à masque à gaz sous la tête, en guise d'oreiller. Il était devenu très important, tout à coup, d'être brave et stoïque et de ne pas gueuler. Lorsqu'ils descendirent Hugo Stege, il grogna brièvement, parce que sa jambe blessée avait heurté la roue de la voiture. Nos compagnons se penchèrent pour nous dire au revoir. Le Vieux m'infligea sur la joue le contact de son menton barbu et marmotta :
    — Tâche de rester sur le flanc jusqu'à ce que la guerre soit finie î
    Porta nous serra la main et nous tendit Staline pour que lui aussi pût nous dire au revoir; juste avant de remonter dans la voiture blindée, Porta nous cria :
    — Tas de petits vernis ! Embrassez toutes les filles pour moi, et dites-leur que je soigne tous les jours mon teint de lys et de rose, pour être toujours aussi beau quand elles me retrouveront !
    Puis il disparut et la voiture blindée s'éloigna, le Vieux, Tom Pouce et Pluton agitant les bras au sommet de la tourelle ouverte. Le nuage de poussière soulevé par leur passage les ravit bientôt à ma vue.
    En dehors même de mes souffrances, je me sentais seul et plein d'appréhension. J'étais heureux d'avoir Hugo Stege avec moi, pour partager ma solitude.
    Deux brancardiers nous transportèrent dans un vaste hall au sol couvert de paille, à la paille couverte de soldats blessés en uniformes sales et déchirés. Ils nous déposèrent côte à côte et Stege me prit la main en murmurant :
    — Ça fait mal, vieux ? Tu vas voir, ça ira mieux tout à l'heure, quand le toubib t'aura examiné et piqué dans le bras. Il faut qu'on se débrouille pour rester ensemble jusqu'au bout.
    — Et comment ! Faut pas qu'on nous sépare, quoi qu'il puisse arriver. Bon sang, ça fait jongler! C'est comme si on m'arrachait les tripes. Mais ta patte ? Tu en as pris un bon coup ?
    Il se forgea un pâle sourire.
    — Oh ! ça fait mal. Dans le pied, surtout Mais une patte, ça se coupe. C'est toi qu'est le moins bien partagé...
    Un médecin arriva en compagnie de deux infirmiers qui remplissaient une fiche pour chaque patient, sous la dictée du toubib. Il jeta un coup d'oeil indifférent à la jambe de Stege et dit :
    — Eclats d'obus dans la jambe gauche. Transport 6. Bandages frais immédiatement et trois centicubes antitétanique.
    Il refit lui-même le pansement de mon ventre et dicta :
    — Eclats d'obus dans la jambe gauche, le pied droit et l'abdomen. Transport 1. Trois centicubes antitétanique, deux centicubes morphine immédiatement et la même chose avant le départ.
    Je serrai les dents et lui demandai si Stege et moi ne pourrions pas rester ensemble.
    — Que vous claquiez ici ou dans le train-hôpital n'a pas beaucoup d'importance, riposta-t-il sèchement Mais les blessés du ventre partent avec le convoi 1, et lui, là, avec le convoi 6. Il n'y a rien que je puisse faire.
    Puis il s'en alla, blouse blanche flottant au vent. Je ne pense pas que ce toubib ait été spécialement arrogant ou brutal. Surchargé de boulot, simplement. En échange d'une bonne pipe anglaise, de notre tabac et de nos cigarettes, le Feldwebel du centre de transport nous promit de voir ce qu'il pouvait faire. Les deux injections m'assommèrent et je dormis d'un sommeil spasmodique, jusqu'à ce que les brancardiers me reprissent pour me fourrer dans une ambulance. Celle-ci contenait quatre brancards superposés. Stege était juste au-dessous de moi. Le Feldwebel avait tenu sa promesse.
    Quand l'ambulance

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