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La Légion Des Damnés

La Légion Des Damnés

Titel: La Légion Des Damnés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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Maniez-vous un peu...
    Avant que j'aie compris ce qui m'arrivait, j'étais attaché sur le billard. Une piqûre dans le bras, une autre dans l'abdomen ; puis, l'un des chirurgiens me tapota l'épaule.
    — Serre les dominos, vieux frère. Ce ne sera pas très long, mais probablement douloureux, parce qu'on ne peut t'administrer qu'une anesthésie locale... Alors,
    du cran et on va te raccommoder en moins de deux...
    Peu de temps après, je me rendis compte, vaguement, qu'ils m'ouvraient le ventre, et j'entendis un léger cliquetis d'instruments métalliques. La seconde suivante, j'eus l'impression littérale qu'ils me sortaient toutes les tripes du buffet, à l'aide de pinces rougies à blanc. Je n'aurais jamais cru qu'il pût exister de telles souffrances. Je hurlai comme un dément, les yeux tirés hors de la tête.
    — Tu vas la fermer, ta gueule ? rugit le vieux chirurgien. On commence à peine ! Garde ton souffle pour quand tu auras vraiment des raisons de gueuler !
    A quel stade de l'opération commencèrent les vraies « raisons de gueuler », je n'en sais rien, mais je sais que lorsqu'ils en eurent terminé avec moi, j'avais accédé à un monde de tortures que je ne souhaite à personne de connaître. J'étais brisé, anéanti. On me ramena dans une salle, on me flanqua dans un lit, on me fit une nouvelle piqûre et je tombai comme une masse dans un sommeil cataleptique.
    De la première quinzaine, je ne garde que des souvenirs extrêmement flous et fragmentaires. Mes forces revenaient, très lentement. Le lit voisin était occupé par un aviateur grièvement brûlé, qui s'appelait Zepp. Puis il y avait six blessés graves, dont deux moururent en quelques jours. J'ignorais où était passé Stege et nul ne semblait pouvoir me le dire.
    Trois semaines après mon opération, le toubib déclara qu'on pouvait me déplacer sans danger. On m'évacua dans un vrai train-hôpital, avec de vraies couchettes et de grandes-fenêtres qui permettaient aux occupants des couchettes centrales d'observer le paysage. Comme mes pansements devaient être fréquemment renouvelés, on m'assigna une de ces précieuses couchettes-avec-vue-sur-le-dehors. Au-dessus de moi, reposait mon nouvel ami Zepp, dont le moral à tout casser vint plus d'une fois à ma rescousse.
    Nous fûmes débarqués à Lwow, où Zepp et moi prîmes le chemin de l'Hôpital de Réserve n° 7. Le toubib me dit que ma blessure n'avait pas mauvaise gueule et souligna sa déclaration d'un sourire. Le rythme du travail, en ces lieux, était beaucoup moins frénétique. Les toubibs avaient le temps de vous sourire et de vous traiter comme des êtres humains, non comme des quartiers de viande plus ou moins avariée. On me ressortit encore deux ou trois éclats de la jambe, puis l'infirmière refit mon pansement. Mon régime alimentaire se composait exclusivement de bouillies diverses et j'en vins à les détester si fort que je crus en perdre la boule. Consulté sur ce point, le toubib me tapota gentiment l'épaule en disant :
    — Plus tard, mon petit, plus tard, quand tu seras assez grand pour digérer quelque chose de plus solide...
    Zepp et moi étions à nouveau dans une salle de blessés graves. Nuit et jour, il y avait des cris, des grognements, des gémissements dans l'air, et l'odeur de pus et de pourriture était souvent effrayante. Un jour, un tout jeune gars, qui se savait condamné et qui souffrait le martyr depuis déjà trois semaines, quitta son lit pour se traîner jusque dans le corridor et se balancer du haut des marches. Ce fut d'autant plus horrible que nul d'entre nous ne pouvait se mettre sur pied pour l'en empêcher. Zepp eut le courage de tenter l'aventure, mais s'écroula presque tout de suite, à quelques pas de son lit, tandis que nous tirions à qui mieux mieux sur nos cordons de sonnette... Cette scène fut vraiment un épisode de cauchemar.
    Je souffrais horriblement de l'estomac, et ce ne fut pas une plaisanterie, non plus, lorsque les toubibs durent me redébrider les muscles de la jambe pour y repêcher les derniers petits éclats de ferraille. Ma température s'élevait au lieu de redescendre, mais ils estimaient tout de même que j'étais « en progrès », et je les aurais bouffés de bon cœur.
    Une nuit, je me réveillai en sursaut. Mes bandages étaient humides et collants. Je demandai à Zepp de sonner, et, l'instant d'après, une infirmière arriva au galop.
    — Qu'est-ce qui vous prend ? chuchota-t-elle. Vous n'êtes

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