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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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monde entier ? Voyez ! il y a le forgeron ! Il a lavé sa face noire et mis ses habits du dimanche et on le dirait tout prêt à prendre un air gai si seulement quelqu’un de gentil voulait bien lui montrer comment faire ! Et voilà Maître Brackett, le vieux geôlier qui me fait bonjour de la tête et me sourit. Pourquoi me fait-il des signes comme ça ? Mère ?
    – Il se souvient de toi toute petite, mon enfant, répondit Hester.
    – Il ne devrait quand même pas me sourire et me faire des signes comme ça, ce noir vilain bonhomme ! dit Pearl. Il peut te faire bonjour à toi s’il veut, parce que tu es tout de gris vêtue et portes la lettre écarlate. Mais voyez, Mère, que d’étrangers il y a ! et des Indiens parmi eux et des matelots ! Que sont-ils tous venus faire ici sur la Place du Marché ?
    – Ils sont venus pour voir passer le cortège. Le Gouverneur et les magistrats vont tous défiler et les pasteurs et tous les gens sages et haut placés derrière les soldats et la musique.
    – Le pasteur y sera-t-il aussi ? demanda Pearl. Et me tiendra-t-il les deux mains comme lorsque tu me menas vers lui des bords du ruisseau ?
    – Il sera là, oui, répondit la mère. Mais il ne te dira rien aujourd’hui et il ne faudra, toi, rien lui dire.
    – Quel drôle d’homme triste c’est ! dit l’enfant, comme parlant en partie pour elle-même. Dans la nuit noire, il nous appelle à lui et tient ta main et la mienne là-haut sur le pilori. Et dans la forêt, où seuls les vieux arbres peuvent entendre et une bande de ciel voir, il devise avec toi assis sur un tas de mousse ! Et il me met au front un baiser que le petit ruisseau a eu du mal à effacer ! Mais ici, au grand soleil, il ne nous connaît point et nous ne devons point le connaître ! Un drôle d’homme triste avec sa main toujours sur son cœur !
    – Paix, petite Pearl, dit Hester. Tu ne peux comprendre ces choses. Ne pense pas maintenant au pasteur mais regarde autour de toi comme le monde est gai. Les enfants sont venus de leurs écoles, les grandes personnes de leurs boutiques et de leurs champs pour être contents tous ensemble. C’est qu’à partir d’aujourd’hui un homme nouveau va régner sur eux et, depuis qu’il y a des gens et des nations, c’est l’habitude en pareil cas de se réjouir – comme si une année de bonheur et d’abondance allait enfin se dérouler en ce pauvre vieux monde !
    Hester disait vrai. Une jovialité inaccoutumée éclairait les visages. Les Puritains concentraient alors en ce jour de fête – et devaient continuer à faire de même durant presque deux siècles – tout ce qu’ils croyaient pouvoir concéder en fait de gaieté et de réjouissances à l’infirmité humaine. Ils écartaient alors d’eux le nuage qui les assombrissait habituellement au point de montrer, durant ces quelques heures de frairie, des mines à peine plus allongées que la plupart des autres communautés durant une période d’affliction publique. Mais qui sait si nous ne nous exagérons pas l’austérité des teintes noires et grises qui, indubitablement, caractérisaient les us et coutumes de cette époque ? Les bonnes gens qui se trouvaient, ce matin-là, sur la Place du Marché, n’avaient point hérité de la sombre humeur puritaine. Leurs pères avaient vécu aux temps prospères et radieux de l’ère élisabéthaine – à une époque où, prise dans son ensemble, l’Angleterre peut paraître avoir mené la vie la plus imposante, la plus magnifique et la plus joyeuse que le monde ait connue.
    S’ils avaient suivi leur goût héréditaire, les colons de la Nouvelle-Angleterre eussent célébré tout événement public d’importance par cavalcades, spectacles, banquets et feux de joie. Il ne leur eût point paru impraticable de combiner, lors des plus majestueuses cérémonies, les divertissements et la pompe, d’enjoliver, pour ainsi dire, de brillantes broderies en style grotesque la robe d’apparat dont une nation se pare aux grandes occasions. Dans le cérémonial institué pour l’installation annuelle des magistrats, on peut discerner les traces obscurcies, un reflet très dilué des fastes que nos ancêtres avaient pu entrevoir en la fière ville de Londres – nous ne dirons point aux fêtes d’un couronnement, mais à l’élection du Lord-Maire {69} .
    Les fondateurs de la communauté – hommes d’État, prêtres et soldats – considérèrent comme un devoir de revêtir, pour

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