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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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gonflant puissamment se muaient en la seule clameur d’une seule et immense voix sous l’influence d’une impulsion qui, de tant de cœurs, ne faisait qu’un seul et immense cœur. Jamais pareille acclamation ne s’était élevée du sol de la Nouvelle-Angleterre ! Jamais ne s’était tenu sur le sol de la Nouvelle-Angleterre homme aussi honoré par ses frères mortels que l’était, en ce jour, le prédicateur !
    Qu’advenait-il de lui cependant ? Les brillantes particules d’un halo ne s’agrégeaient-elles point dans les airs autour de sa tête ? Éthéré comme l’était son esprit, porté aux nues d’une apothéose par ses admirateurs fervents, ses pas dans le cortège foulaient-ils tout de bon la poussière de ce monde ?
    Comme les hommes d’armes et les dignitaires civils défilaient, tous les yeux s’étaient tournés vers la place qu’occupait parmi eux le pasteur. Les vivats se taisaient, ne laissaient plus subsister qu’un murmure, tandis qu’une partie après l’autre de la foule pouvait l’entrevoir. Qu’il paraissait faible ! Qu’il était pâle au milieu de son triomphe ! L’énergie, ou plutôt l’inspiration qui l’avait soutenu tant qu’il délivrait le message sacré qui, du ciel, transportait avec lui sa propre force, s’était retirée à présent qu’elle avait si fidèlement rempli son office. L’ardeur que la foule venait de voir brûler sur les joues de son pasteur s’était éteinte comme une flamme qui s’affaisse sans même laisser espérer un dernier sursaut parmi des charbons en cendres. On aurait à peine cru que c’était là visage de vivant tant la mort lui prêtait ses teintes. On aurait à peine cru que c’était un homme vivant qui avançait là, d’un pas tellement épuisé et sans tomber pourtant !
    Un de ses confrères – le Révérend John Wilson – voyant en quel état la vague de l’inspiration l’avait laissé en se retirant, se hâta de lui offrir appui. D’une main tremblante, mais avec décision, le jeune pasteur repoussa le bras du vieil homme. Il continua d’avancer, si l’on peut employer ce mot pour décrire des mouvements qui évoquaient plutôt les efforts mal assurés de l’enfant qui voit les bras de sa mère grands ouverts devant lui pour le tenter d’aller de l’avant. Enfin tout imperceptible qu’eût été le terrain gagné par ses derniers pas, voici qu’il arrivait en face du pilori où il y avait si longtemps – tout un sinistre laps de temps – Hester Prynne avait été ignominieusement exposée aux regards du monde. Et là se tenait Hester, la petite Pearl à la main ! Et là, sur la poitrine d’Hester Prynne, rougeoyait la lettre écarlate ! Le pasteur s’arrêta. La musique pourtant continuait de jouer la marche joyeuse et imposante qui balançait d’un rythme les pas du cortège. Elle le pressait d’avancer – de se rendre au festin ! Mais le pasteur s’arrêta.
    Messire Bellingham, l’ex-gouverneur, n’avait cessé durant les dernières minutes d’attacher sur lui un regard anxieux. Il quitta à présent sa place dans le cortège pour lui prêter aide et assistance, jugeant que, sans cela, le Révérend Dimmesdale allait inévitablement tomber. Mais il y avait dans l’expression du pasteur quelque chose qui retint le magistrat bien qu’il ne fût point homme à obéir aux vagues intimations d’esprit à esprit. La foule cependant regardait, béante de stupeur et d’émotion religieuse. Aux yeux de tous ces gens assemblés, cette faiblesse terrestre n’était qu’un aspect nouveau de la force céleste du pasteur. Le miracle ne leur eût pas paru trop grand si le Révérend Dimmesdale s’était élevé du sol, sous leurs yeux et, de plus en plus indistinct, de plus en plus étincelant, était finalement monté se confondre avec la lumière des cieux !
    Il se tourna vers le pilori et tendit les deux bras :
    – Hester, dit-il, viens ici ! Viens, ma petite Pearl !
    Son air était effrayant comme il regardait la mère et la fille, mais il s’y mêlait quelque chose d’étrangement triomphant et d’indiciblement doux. L’enfant, d’un de ces mouvements d’oiseau chez elle caractéristiques, vola à lui et lui entoura les genoux de ses bras. Hester Prynne – lentement, comme contrainte par un destin inévitable et en dépit de sa plus puissante volonté – s’approcha elle aussi mais s’arrêta avant de le joindre. À ce moment, le vieux Roger Chillingworth fendit les

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