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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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rapport sur Plaszow aussi complet que vous pourrez le faire en un après-midi.
    Stern, qui n’avait jamais vu Sedlacek ni Babar, pensait que c’était peut-être un peu risqué. Il croisa les mains et murmura qu’avant d’entreprendre une pareille tâche, il aimerait dire un mot en privé à Herr Direktor.
    Oskar avait l’habitude de dire que Stern ne pouvait pas faire une demande ou un rapport sans l’enrober de toute sorte de considérations tirées de l’enseignement talmudique. Cette fois-ci, pourtant, il n’y alla pas par quatre chemins :
    —  Dites-moi, Herr Schindler, protestait Stern, vous ne croyez pas qu’on est en train de prendre un risque énorme ?
    Oskar piqua une terrible rogne :
    —  Vous croyez que je vous aurais demandé cela s’il y avait un risque quelconque ? (Puis, reprenant son aplomb :) Il y a toujours un risque. Vous le savez mieux que quiconque. Mais pas avec ces deux-là. Ce sont des gens sûrs.
    Stern passa tout l’après-midi à faire son rapport.
    C’était un homme cultivé et intelligent, et il savait comment rédiger ce genre de document. Les organisations de secours de Budapest comme les sionistes d’Istanbul recevraient un rapport détaillé. Il suffirait de multiplier le document de Stern par mille sept cents, c’est-à-dire le nombre de camps de travaux forcés petits et grands installés sur le territoire polonais, et on aurait un canevas qui stupéfierait le monde.
    Sedlacek et Oskar voulaient encore quelque chose de Stern. Le matin qui suivit la nuit de ripailles, Oskar, portant héroïquement son foie en bandoulière, retourna à Plaszow avant l’heure d’ouverture des bureaux. La veille, il avait entrecoupé son prêche sur la tolérance de diverses suggestions. Pourrait-il avoir la permission d’Amon d’emmener deux industriels amis faire un tour de cette petite communauté industrielle exemplaire ? Pas de problème. Oskar arriva donc ce matin-là avec les deux hommes devant l’immeuble de l’administration et demanda les services du prisonnier Itzhak Stern pour faire un tour du camp. Babar avait une sorte d’appareil photo miniature, mais il le trimbalait ouvertement dans une main. Si un SS lui avait posé une question, il est probable qu’il se serait empressé de décrire avec force détails le fonctionnement de cette petite merveille qu’il avait acquise récemment au cours d’un voyage d’affaires à Bruxelles ou à Stockholm.
    Quand Oskar sortit des bureaux de l’administration en compagnie des deux hommes venus de Budapest, il prit familièrement le petit Stern par l’épaule. Ses amis aimeraient visiter les ateliers et les dortoirs, dit Oskar. Mais si quelque chose paraissait leur échapper, Stern n’aurait qu’à faire semblant de renouer un lacet de ses souliers.
    Empruntant la voie royale de Goeth pavée de fragments de pierres tombales, ils passèrent devant les baraques des SS. Les lacets de Stern venaient justement de se défaire.
    — Veuillez m’excuser, messieurs, dit-il, pendant que l’associé de Sedlacek photographiait les équipes poussant les wagonnets chargés de pierres.
    Il fit des nœuds assez compliqués pour permettre aux trois hommes de lire les inscriptions qui pavaient la route: Bluma Gemeinerowa (1859-1927); Matylde Liebeskind, décédée en 1912 à l’âge de quatre-vingt-dix ans ; Helena Wachsberg , morte en couches en 1911 ; Rozia Groder , décédée en 1931 à l’âge de treize ans ; Sofia Rosner, Adolf Gottlieb, morts sous le règne de l’empereur François-Joseph et tant d’autres… Stern voulait absolument qu’ils voient ce qu’on avait fait de la mémoire de ces gens honorables.
    Ils passèrent devant le Puffhaus , le bordel réservé aux SS et aux Ukrainiens dont les pensionnaires étaient polonaises, avant d’atteindre la carrière qui s’enfonçait profondément au flanc de la colline. Les lacets de Stern semblaient lui poser d’énormes problèmes. Il voulait que la pellicule témoignât : la plupart des hommes équipés de marteaux et de piques laissaient leur santé sur ce morceau de falaise. Ils étaient d’ailleurs trop épuisés ce matin-là pour porter une attention quelconque au petit groupe de visiteurs. Ivan, le chauffeur ukrainien d’Amon Goeth, était là, comme le contremaître, un ancien droit-commun allemand à tête de pioche nommé Erik qui s’était déjà fait la main en tuant son père, sa mère et sa sœur. Il aurait été pendu ou se serait retrouvé en

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