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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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453-44
    A l’adresse des :
    Commandants des camps de concentration
    Da, Sach , Bu, Mau, Slo , Neu , Au i- lll

    Gr-Ro, Natz , Stu, Rav , Herz , A-L Bels Gruppenl . D. Riga, Gruppenl . D. Cracow (Plaszow).
     
    Les demandes de punition par le fouet en cas de sabotage de la production de guerre par les prisonniers sont en augmentation.
    J’exige qu’à l’avenir, dans tous les cas de sabotage prouvés (un rapport de la direction doit être joint), une demande d’exécution par pendaison soit soumise. L’exécution devra avoir lieu devant tous les membres de l’équipe de travailleurs concernée. Le motif de l’exécution devra être annoncé pour exercer un effet préventif.
    (signé)
    SS Obersturmführer.
    On s’occupait de tout dans ce royaume d’Ubu. Certains dossiers traitaient de la longueur optimale des cheveux des prisonniers avant la tonte réglementaire et la récupération des cheveux « pour la fabrication de chaussettes en cheveux destinées aux équipages des sous-marins et de chaussons pour les employés des chemins de fer du Reich ». Parfois il s’agissait de recommandations et de contre-recommandations pour l’enregistrement des décès. Devait-on les enregistrer dans les dossiers des huit services concernés, ou simplement dans le service du personnel, en mettant à jour la carte figurant dans l’index ? Des choses capitales, en somme. Et voilà qu’un Herr Oskar Schindler de Cracovie venait pour s’entretenir de sa petite entreprise industrielle de Zablocie. On lui délégua un sous-fifre avec rang de commandant dans les services du personnel.
    Oskar n’en fut pas mortifié. Il y avait après tout des gens qui utilisaient la main-d’œuvre juive sur une plus grande échelle que lui. Les énormes boîtes : Krupp, bien sûr, et I. G. Farben. Même l’usine de câbles de Plaszow, dirigée par Walter C. Toebbens, l’industriel qui avait failli se retrouver dans l’armée sur décision de Himmler, employait plus de travailleurs que Herr Schindler. Sans compter les aciéries de Stalowa Wola, les usines d’aviation de Budzyn et de Zakopane, ou le complexe industriel Steyr-Daimler-Puch de Radom.
    L’officier du personnel avait les plans d’Emalia sur son bureau.
    — J’espère que vous ne voulez pas augmenter le nombre de vos prisonniers, commença-t-il par dire sur un ton assez froid. C’est impossible étant donné le risque de typhus que cela ferait courir.
    Oskar le rassura aussitôt. Ce qui l’intéressait, c’était de pouvoir compter sur une certaine stabilité de la main-d’œuvre. Il avait déjà évoqué ce problème avec un de ses amis, le colonel Erich Lange. Oskar sut immédiatement que ce nom disait quelque chose à l’officier. Il tira de sa poche une lettre du colonel que l’autre se mit à lire. Le bureau était plongé dans le silence. On n’entendait que les bruissements étouffés par les cloisons des bureaux adjacents : crissements de plumes, dossiers feuilletés, questions posées à voix basse… la routine, quoi ! Comme si ces gens ne savaient pas qu’ils travaillaient pour l’industrie de la mort.
    Le colonel Lange, chef d’état-major de l’Inspection des armements du quartier général, avait le bras long. Oskar l’avait connu au cours d’une réception donnée par le général Schindler à Cracovie. Ils s’étaient tout de suite trouvés sur un terrain d’entente. Il n’était pas rare que, au cours d’une soirée comme celle-là, certains invités se sentent des atomes crochus, parce qu’ils éprouvaient le même dégoût pour le régime, et qu’ils se retirent dans un coin pour se jauger mutuellement. Parfois, ils devenaient amis. Erich Lange avait été profondément marqué par les camps de travail qu’il avait pu voir en Pologne – le complexe industriel d’I. G. Farben à Buna, par exemple, où les chefs d’équipe avaient adopté les cadences requises par les SS et exigeaient des prisonniers qu’ils déchargent leurs sacs remplis de ciment au pas de course ; où les travailleurs avaient pris l’aspect de squelettes ; où l’on jetait ceux qui n’en pouvaient plus dans des tranchées creusées pour le passage des câbles et qu’on enterrait sous le béton en même temps que ces câbles. « On ne vient pas ici pour vivre, mais pour y mourir dans un bloc de ciment », avait annoncé un directeur d’usine à des prisonniers nouvellement arrivés. Lange, qui avait entendu le discours de bienvenue, en aurait

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