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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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n’avaient pas été enregistrés aussi méticuleusement que les adultes. La plupart de ces enfants qui, chacun le savait instinctivement, auraient été les premières victimes de la sélection, compte tenu de leur âge et de leur non-identité, avaient réussi à se tenir cachés au cours de ces deux dimanches.
    Olek Rosner s’était dissimulé dans les combles d’un des baraquements avec deux autres enfants. S’abstenant de parler ou de satisfaire leurs besoins naturels, ils se tinrent immobiles pendant toute la journée du deuxième dimanche au milieu des poux et des rats. Les enfants savaient aussi bien que les adultes que les SS et les Ukrainiens n’aimaient pas se hasarder dans les combles. Ils pensaient que c’étaient des nids à typhus, et le Dr Blancke les avait bien avertis qu’une simple crotte de pou sur la moindre coupure était susceptible de déclencher une épidémie. Certains des enfants de Plaszow avaient d’ailleurs trouvé pendant plusieurs mois un refuge dans une petite baraque proche de la prison des hommes sur laquelle une pancarte : « Achtung Typhus », avait été affichée.
    Mais ce dimanche-là, l’Aktion sanitaire d’Amon paraissait beaucoup plus dangereuse aux yeux d’Olek Rosner que n’importe quel pou porteur d’épidémie. Certains des deux cent soixante-huit enfants qui s’étaient retrouvés avec leur ticket pour Auschwitz s’étaient, eux aussi, cachés au départ. A Plaszow, chaque enfant avait en fait sa cachette favorite. Certains avaient choisi des trous sous les baraques, d’autres la blanchisserie, d’autres encore une cahute derrière le garage. Certaines de ces cachettes étaient désormais éventées et ne pourraient plus servir.
    Un autre groupe, celui des adultes qui connaissaient tel ou tel sous-officier, avait rejoint l’Appellplatz sans appréhension particulière. Himmler, on s’en souvient, avait dénoncé ce type de compromission : des Oberscharführers SS, qui pouvaient exécuter des prisonniers de sang-froid, avaient leurs chouchous, comme à l’école. Ces parents-là estimaient qu’au cas où leurs enfants seraient placés sur la liste noire, ils pourraient faire appel à leur protecteur SS.
    Le premier dimanche, un orphelin âgé de treize ans pensait qu’il était plus ou moins à l’abri parce qu’il s’était fait passer pour un adulte au cours des appels précédents. Mais une fois nu, il avait été trahi par son corps. Pendant que les parents rassemblés sur l’Appellplatz hurlaient qu’on leur rende leurs enfants, que les haut-parleurs diffusaient une chanson insipide intitulée Mammi , kauf mir ein Pferdchen (Maman, achète-moi un poney), l’enfant était simplement passé d’un groupe à l’autre avec le même instinct infaillible qui avait autrefois sauvé le Petit Chaperon rouge, Plac Zgody. Personne, non plus, ne l’avait remarqué. Il se tenait debout, l’air presque aussi adulte que les autres, le cœur battant à tout rompre. Puis, prétextant une colique fulgurante, il demanda à un garde la permission de se rendre aux latrines.
    Les latrines, tout en longueur, avaient été construites à l’extrémité du camp des hommes. Arrivé là, le gamin franchit la planche qui tenait lieu de siège et s’enfonça lentement dans le magma puant, se retenant par les bras de chaque côté de la fosse, et tentant de trouver des prises pour ses genoux ou ses orteils de chaque côté des parois. L’odeur le suffoquait. Un essaim de mouches lui collait à la figure. Quand ses pieds touchèrent enfin le fond de la fosse, il crut entendre un murmure au-dessus du bourdonnement des mouches qu’il prit pour une hallucination.
    —  Ils vous cherchent ?
    Puis une autre voix :
    —  Hé ! faites gaffe, c’est notre cachette !
    Il y avait dix autres enfants dans la fosse.
    Amon, dans son rapport, avait utilisé le mot Sonderbehandlung – traitement spécial. Le terme tomberait plus tard dans le domaine public, mais c’était la première fois que Pemper le voyait noir sur blanc. Il avait une connotation tranquillisante, voire médicale, mais Mietek savait désormais de quel genre de médecine il était question.
    Un télégramme envoyé le matin même à Auschwitz par Amon était encore plus explicite sur ce « traitement spécial ». Amon expliquait que pour rendre toute évasion encore plus difficile, il avait donné des ordres pour que les gens du groupe sélectionnés abandonnent tous leurs habits civils au

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