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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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expédié à Auschwitz dans un wagon bourré de femmes malades, puis laissé pour compte dans un coin de Birkenau. Et pourtant, la plupart des prisonniers qui, comme lui, échappèrent aux fours crématoires parce qu’on les avait oubliés finirent par s’en tirer. Schindel serait ensuite envoyé à Flossenburg et participerait avec ses frères à une de ces marches de la mort que connurent les derniers prisonniers des camps. Il finirait par s’en tirer, mais son plus jeune frère serait tué au cours de cette marche, l’avant-veille de l’armistice. On comprend pourquoi la liste d’Oskar, sans que lui-même puisse être tenu pour responsable – ce qui n’était pas le cas de Goldberg –, donne encore des sueurs froides aux survivants, comme elle leur en avait donné au cours de ces derniers jours d’octobre 1944.
    Tout le monde a une histoire à raconter sur la façon dont il fit ou ne fit pas partie de la liste. Henry Rosner s’était aligné dans le groupe des partants quand un sous-officier aperçut le violon qu’il portait sous son bras. Sachant qu’Amon ne manquerait pas d’exiger des soirées musicales quand il reviendrait de prison, il fit sortir Rosner du rang. Celui-ci se dépêcha de cacher le violon sous son manteau, le manche bien collé contre son bras, avant de rejoindre le groupe des partants et de monter dans un wagon. Mais Rosner était de ceux qui avaient toujours reçu d’Oskar les assurances les plus fermes. Comme les Jereth, d’ailleurs, le vieux Jereth de la fabrique de caisses et Mme Chaja Jereth, qualifiée pour la circonstance de Metallarbeiterin, ouvrière métallurgiste. Les Perlman et les Levartov, vieux habitués d’Emalia, étaient aussi partants. En dépit des manipulations de Goldberg, Oskar avait en fait réussi à faire figurer sur la liste presque tous les gens qu’il voulait y mettre, encore qu’il y eût quelques surprises de dernière minute. Il était en tout cas trop blasé pour s’étonner que Goldberg lui-même se retrouvât dans le groupe des élus.
    Mais il y eut d’autres rajouts, plus heureux ceux-là. Poldek Pfefferberg, par exemple, oublié par inadvertance, et écarté par Goldberg faute d’avoir pu lui fournir des diamants… Il fit savoir qu’il échangerait bien une miche de pain ou quelques vêtements contre une bouteille de vodka. Une fois la bouteille en main, il obtint la permission de se rendre à la baraque des sous-officiers, rue Jerozolimska, où Schreiber était de garde. Il lui donna la bouteille et le supplia d’obliger Goldberg à le faire figurer sur la liste ainsi que sa femme Mila.
    —  Schindler nous aurait mis dessus s’il n’avait pas eu un trou de mémoire, plaidait-il.
    —  C’est vrai, répondit l’autre. Il serait normal que vous soyez sur la liste tous les deux.
    On se demande encore pourquoi des individus comme Schreiber ne se sont pas posé la question à l’époque : « Si cet homme et cette femme méritent d’être sauvés, pourquoi pas les autres ? »
    Quand vint la minute de vérité, les Pfefferberg se retrouvèrent dans le bon groupe. Comme, à leur grande surprise, Helena Hirsch et sa jeune sœur pour laquelle elle aurait tout fait afin qu’elle survive.
    Le dimanche 15 octobre 1944, quelque huit cents prisonniers mâles de Plaszow figurant sur la liste de Schindler se tenaient prêts à embarquer dans des wagons alignés au bout de l’embranchement ferroviaire qui menait au camp. Les femmes ne suivraient que huit jours plus tard. Il y avait d’autres wagons sur la voie, contenant mille trois cents prisonniers pour Gröss-Rosen. Mais ceux destinés au « personnel » de Schindler étaient nettement séparés des autres. Allaient-ils devoir passer par Gröss-Rosen avant d’atteindre la Moravie ? Les avis étaient partagés. Ils savaient de toute façon que le voyage serait long, qu’ils devraient ronger leur frein dans les gares de triage, que les convois prioritaires les relégueraient parfois pendant plusieurs heures sur les voies de garage. La première neige était tombée la semaine précédente, et ils devraient affronter le froid. On avait remis à chaque prisonnier trois cents grammes de pain pour toute la durée du voyage, et il n’y avait qu’un seau d’eau dans chaque wagon. Pour les besoins naturels, il faudrait réserver un coin du wagon, et s’ils étaient trop tassés, ils urineraient et poseraient leur culotte là où ils se trouveraient. Ils étaient prêts à tout

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