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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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comme pour les deux autres, se retrouver au milieu du groupe Schindler, c’était comme une résurrection. Tout le monde les félicitait.
    Dans la salle de douches, elles durent toutes passer à la tonte. Des femmes armées de rasoirs traçaient de grands sillons dans les nids à poux de leur crâne, de leurs aisselles et de leur pubis. Après la douche, elles se rendirent nues jusqu’au dépôt où étaient stockés les vêtements des morts. Elles ne purent s’empêcher d’éclater de rire quand elles se virent le crâne rasé et affublées d’oripeaux. Le spectacle de Mila Pfefferberg, pesant à peine plus de trente kilogrammes à l’époque, et vêtue d’une robe qui avait dû appartenir à une robuste matrone, déclencha une telle crise d’hilarité que ces femmes, à demi mortes de faim, se mirent à exécuter des numéros de clown, à qui ferait le plus rire les autres.
    —  Qu’est-ce que Schindler va bien pouvoir faire avec toutes ces vieilles peaux ? demanda une SS à sa collègue.
    —  Ce n’est pas notre affaire, répliqua l’autre. Qu’il ouvre un asile de vieillards si ça lui chante.
    Quels que fussent les espoirs qu’on pouvait nourrir, embarquer dans un train était toujours une expérience traumatisante. Même par temps de grand froid, les prisonniers ressentaient toujours une impression d’étouffement qu’accentuait l’obscurité ambiante. Quand les enfants entraient dans un wagon, ils se précipitaient vers les rares rayons de lumière qui filtraient à travers les parois. C’est ainsi que Niusia Horowitz courut à un bout du wagon pour profiter d’un interstice entre deux planches mal clouées qui lui permettait de voir ce qui se passait à l’extérieur. L’œil rivé au trou, elle contemplait un groupe d’enfants un peu désordonné proche de la barrière qui délimitait le camp des hommes. Ils faisaient des signes avec une insistance inhabituelle en direction du train. Niusia trouvait étrange qu’un gosse du groupe eût une telle ressemblance avec son petit frère âgé de six ans alors que celui-ci était en sécurité chez Schindler. Plus étrange encore que le garçon à ses côtés fût la doublure de son cousin, Olek Rosner. Et soudain, elle comprit. C’était Richard, c’était Olek.
    Elle tira sa mère par la manche pour qu’elle regarde à son tour. Il lui fallut un peu de temps, à elle aussi, mais elle finit par identifier les deux enfants. Elle se mit à gémir. La portière était bouclée maintenant. Tous les prisonniers se retrouvaient dans l’obscurité, tassés les uns contre les autres. Le moindre mouvement, la moindre manifestation d’espoir ou de panique devenaient contagieux. Tous se mirent à gémir. Manci Rosner avait écarté sa belle-sœur pour pouvoir regarder à son tour. Elle vit son garçon qui faisait de grands signes et se mit à sangloter.
    La portière s’ouvrit à nouveau et un sous-officier apparut.
    —  Qu’est-ce que c’est que tout ce bruit ? demanda-t-il.
    Manci et Regina se frayèrent un chemin jusqu’à lui.
    —  C’est notre enfant, là-bas, dirent-elles d’une seule voix.
    —  Mon garçon, ajouta Manci. Je veux lui montrer que je suis toujours vivante.
    Il les fit descendre sur le ballast.
    —  Quel est votre nom ? demanda-t-il à l’une d’elles.
    Elles se demandaient pourquoi cette question.
    Quand elles le virent fouiller dans sa poche, elles pensèrent immédiatement qu’il allait sortir un pistolet. En fait, il cherchait les lettres de leurs maris. Il fit un bref compte rendu du voyage qu’il venait d’effectuer avec eux. Manci lui demanda s’il ne pourrait pas leur accorder la permission de passer sous le wagon, comme si elles devaient satisfaire un besoin pressant. On tolérait ce genre de choses quand les trains prenaient trop de retard. Il leur donna l’autorisation.
    Sitôt qu’elle fut sous le wagon, Manci sortit le petit sifflet dont elle se servait pour guider Henry et Olek sur l’Appellplatz de Plaszow. Olek reconnut immédiatement le signal et se mit à agiter les bras. Il prit la tête de Richard entre ses mains pour la diriger vers l’endroit précis où se trouvaient leurs mères, accroupies entre les essieux.
    Tout le monde se mit à envoyer des signaux frénétiques, puis Olek tendit le bras en direction des deux femmes et releva sa manche pour bien montrer le tatouage qu’il portait au bras. Les femmes se mirent à applaudir pour faire savoir qu’elles avaient bien

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