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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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légitimité, et que dans l’ère nouvelle qui allait suivre il serait toujours le grand Oskar Schindler, l’enfant prodigue du vieux Hans de Zwittau.
    Jereth, l’homme de la fabrique de caisses, lui avait demandé de construire une baraque – un refuge en fait – sur un bout de terrain vague adjacent à son usine. Oskar obtint les permis nécessaires sous prétexte qu’il avait besoin d’un local de repos pour ses équipes de nuit. Jereth avait lui-même fourni le bois pour la construction.
    La baraque, minable et sans confort, fut terminée à l’automne. Le bois utilisé pour la construction était encore vert et chacun se demandait s’il n’allait pas rétrécir en séchant et former des interstices où la neige s’engouffrerait en hiver. Mais qu’importe ! La baraque allait bel et bien servir de refuge aux Jereth, aux ouvriers de la fabrique de caisses, à ceux de l’usine de radiateurs et aux équipes de nuit d’Oskar au cours d’une Aktion montée en octobre.
    L’Oskar Schindler qui, au cours d’une Aktion, descend de son bureau confortable par un petit matin glacé pour dire deux mots aux SS, aux auxiliaires ukrainiens, à la police polonaise et aux supplétifs de l’OD ; l’Oskar Schindler qui n’hésite pas à accompagner ses équipes de nuit de Podgorze au ghetto; l’Oskar Schindler qui s’empare du téléphone pour servir quelques salades à propos de son équipe de nuit qui doit rester impérativement sur place parce qu’il y a du retard dans les livraisons : cet Oskar Schindler-là s’est mis délibérément en marge de tout ce qui est véritablement nécessaire pour une saine gestion de son entreprise. Les hommes qui ont réussi à le faire sortir par deux fois de prison ne pourront pas renouveler indéfiniment leur geste, même si Oskar les arrose copieusement. Cette année-là, ils ont commencé à envoyer à Auschwitz des gens d’une certaine importance. S’ils meurent là-bas, leurs veuves reçoivent du commandant du camp un télégramme aussi sec qu’informatif: «Votre mari est mort au camp de concentration d’Auschwitz. »
    Bosko, plus mince qu’Oskar, originaire des Sudètes comme lui, avait l’allure d’une grande perche. Sa famille, traditionaliste, veillait à préserver les vieilles valeurs germaniques. Pendant un bref moment, après la prise de pouvoir d’Hitler, il s’était laissé porter par le courant de pangermanisme qui déferlait sur l’Europe centrale, de la même manière que Beethoven s’était découvert la fibre européenne au début du règne de Napoléon. Etudiant en théologie à Vienne, il avait rejoint les SS, peut-être pour échapper au service militaire dans la Wehrmacht. Il regrettait maintenant – beaucoup plus qu’Oskar ne pouvait le deviner – cette erreur de jeunesse. Tout ce qu’Oskar savait de lui à l’époque, c’est qu’il était toujours prêt à mettre des bâtons dans les roues quand une Aktion se préparait. Il avait sous sa responsabilité directe le périmètre englobant le ghetto. Aussi était-il aux premières loges pour voir de son bureau installé à l’extérieur des murs tout ce qui se passait quand une Aktion était en cours. Comme Oskar, il en éprouvait la nausée. Et comme Oskar, il se considérait comme un témoin potentiel.
    Oskar ignorait qu’au cours de l’Aktion d’octobre, Bosko était parvenu à faire sortir quelques dizaines d’enfants dissimulés dans des boîtes de carton. Oskar ignorait aussi que le Wachtmeister refilait à la Résistance des laissez-passer courants par paquets de dix. L’Organisation de combat juive était bien implantée à Cracovie. Ses membres se recrutaient surtout parmi les jeunes, notamment les adhérents d’Akiva, un club portant le nom d’une figure légendaire, le rabbin Akiva ben Joseph. L’OBZ avait pour chefs Dolek
    Liebeskind et un couple dont les carnets deviendraient un grand classique de la Résistance, Shimon et Gusta Dranger. Les membres de l’organisation devaient pouvoir franchir sans problème les postes de garde à l’entrée du ghetto pour passer de l’argent frais, des faux papiers, des exemplaires du journal de la Résistance et pour recruter des volontaires. Ils étaient en contact avec l’armée polonaise du peuple, une organisation orientée à gauche, implantée dans les forêts autour de Cracovie, et dont les membres avaient un urgent besoin des documents fournis par Bosko. Les contacts qu’entretenait Bosko avec l’OBZ et

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