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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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l’armée du peuple auraient suffi à le faire pendre. Et pourtant, il se méprisait de s’être cantonné dans un rôle aussi mineur. Bosko, en fait, avait une vocation de rédempteur. Il ne tardera pas à l’exercer. Il en mourra.
    La cousine de la petite Genia, Danka Dresner, avait quatorze ans. Ce n’était donc plus une enfant et elle n’aurait sans doute jamais eu les réflexes instinctifs qui avaient permis à sa jeune cousine de se faufiler à travers les cordons de police sur la Plac Zgody. Elle avait un emploi de femme de ménage à la base de la Luftwaffe. Mais, emploi ou pas, au cours de cet automne, toute femme âgée de moins de quinze ans et de plus de quarante était susceptible d’être embarquée dans un camp.
    C’est la raison pour laquelle, le matin où les Sonderkommandos SS et les équipes des services de sécurité débarquèrent rue Lwowska, Mme Dresner et Danka se réfugièrent dans une maison voisine de la rue Dabrowski équipée d’un faux mur. La voisine était une femme d’une trentaine d’années, employée au mess de la Gestapo près de Wawel. Elle pouvait donc se croire relativement à l’abri. Mais elle avait des parents âgés qui, eux, avaient le profil des sujets à haut risque. Aussi avait-elle construit cette cachette de soixante centimètres de large qui lui avait coûté une petite fortune car les briques devaient être apportées dans le ghetto une par une, cachées au milieu d’un tas de marchandises autorisées, telles que du bois de chauffage, des chiffons ou encore des produits désinfectants. Dieu sait combien elle avait dépensé pour ce misérable réduit, cinq mille zlotys, dix mille peut-être ?
    Elle en avait mentionné l’existence plusieurs fois à Mme Dresner. Si une Aktion se préparait, elle serait la bienvenue. Elle pourrait se cacher avec Danka. Aussi, le matin où Danka et Mme Dresner commencèrent à entendre le boucan en provenance de la rue Dabrowski, les aboiements des dobermans et des danois, les ordres des Oberscharführers amplifiés par les mégaphones, elles se précipitèrent chez la voisine.
    Arrivées dans sa chambre, elles se rendirent compte tout de suite qu’elle avait une peur bleue :
    —  Ça a l’air pire que la dernière fois, dit-elle. Mes parents sont déjà dans le réduit. Je peux cacher votre fille, mais pas vous.
    Danka regardait le fond de la pièce, le vieux papier mural tout taché. Elle paraissait fascinée : ainsi, les parents de la dame étaient derrière ça, coincés en sandwich dans l’obscurité, les nerfs tendus dans un réduit où peut-être des rats, sentant eux aussi le danger, couraient en tous sens. Mme Dresner pensait que sa voisine n’avait pas toute sa raison.
    —  Votre fille, mais pas vous, insistait-elle.
    Peut-être se disait-elle que si les SS découvraient la cachette, ils feraient preuve d’un peu plus d’humanité en découvrant la fragilité de l’enfant ? Mme Dresner expliquait qu’elle non plus n’était pas grosse, que l’Aktion semblait se concentrer de ce côté-ci de la rue Lwowska, qu’elle n’avait aucun autre endroit où se rendre. Et que, de toute façon, elle tiendrait bien dans la cachette. Danka est une fille très raisonnable, plaidait-elle, mais elle se sentira plus en sécurité avec sa maman à ses côtés. De fait, on voyait bien en mesurant le mur du regard que quatre personnes y tiendraient à l’aise. Mais les coups de feu qui se succédaient désormais dans la rue semblaient avoir eu raison de la dernière parcelle de lucidité de la voisine.
    — Je peux cacher votre fille ! hurlait-elle. Mais vous, partez !
    Mme Dresner se tourna vers Danka et lui dit d’obéir. Danka se demandera plus tard pourquoi, pourquoi elle avait obéi à sa mère, pourquoi elle s’était résignée à se réfugier dans la cachette sans dire un mot. La voisine l’amena au-dessus, dans le grenier, tira un vieux tapis et souleva quelques lattes de plancher d’où l’on accédait au réduit. Il ne faisait pas noir à l’intérieur car les parents avaient allumé une bougie. Danka se retrouva coincée contre la vieille femme – c’était la maman de quelqu’un d’autre, mais de son vieux corps mal lavé se dégageaient des effluves protecteurs, sans doute ceux de toutes les autres mères. La femme lui fit un bref sourire. De l’autre côté, le mari restait les yeux fermés comme s’il voulait concentrer son attention sur les bruits venant de l’extérieur.
    Au

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