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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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Genia réussit à survivre à cette semaine de terreur grâce à cette faculté qu’elle avait de savoir se faire toute petite et se taire.
    A Zablocie, Schindler n’osait pas croire que la petite enfant en rouge avait réussi à sortir de la nasse. Il avait appris de la bouche de Toffel et de quelques autres connaissances du quartier général de la police de la rue Pomorska que sept mille habitants du ghetto avaient été ramassés au cours de l’Aktion. Un fonctionnaire de la Gestapo attaché au bureau des affaires juives avait confirmé le chiffre en s’en félicitant. Parmi les sous-fifres de la rue Pomorska, cette Aktion était d’ailleurs considérée comme un immense triomphe.
    Oskar avait commencé à tenter d’obtenir des précisions. Il savait par exemple que cette Aktion de juin avait été planifiée par un certain Wilhelm Kunde, mais qu’elle avait été menée sur le terrain par l’Obersturmführer SS Otto von Mallotke. Oskar ne constituait pas de dossiers, mais il se préparait néanmoins pour une époque où il pourrait rendre compte à Canaris et au monde. Ça arriverait plus tôt que prévu. Pour le moment, il cherchait à obtenir des précisions sur des événements passés qu’il avait pris pour des aberrations commises sous l’effet d’une folie passagère. Ses amis de la police lui fournissaient certaines informations, mais aussi des juifs lucides comme Stern. Des renseignements sur ce qui se passait dans le reste de la Pologne parvenaient au ghetto par l’intermédiaire des partisans de l’armée du peuple qui se servaient de la pharmacie Pankiewicz comme relais. Dolek Liebeskind, chef du groupe de résistance Akiva Halutz, glanait également des informations dans les autres ghettos grâce aux voyages qu’il effectuait en tant que représentant de l’Aide communautaire juive, une sorte de Croix-Rouge locale dont les Allemands toléraient encore l’existence.
    Le conseil du Judenrat avait estimé qu’il serait inopportun de dire quoi que ce soit sur les camps aux habitants du ghetto. Ça ne servirait qu’à déprimer les gens un peu plus ; il y aurait des troubles dans la rue, et, bien évidemment, des représailles en retour. Mieux valait laisser les rumeurs circuler, laisser entendre qu’elles étaient grossièrement exagérées et continuer d’espérer. Cette attitude avait été celle de la plupart des conseillers juifs, même quand ils étaient sous la houlette de l’excellent Arthur Rosenzweig. Mais Rosenzweig n’était plus là. Un représentant de commerce, David Gutter, allait bientôt, grâce à son nom à consonance germanique, devenir le nouveau président du Judenrat. Les nouveaux conseillers, dont le tristement célèbre Symche Spira était devenu le bras séculier, trafiquaient désormais avec les rations alimentaires, soit à leur profit, soit en en reversant une partie aux SS. Le Judenrat n’avait donc aucun intérêt à informer les gens du ghetto sur ce qu’on leur mitonnait puisqu’ils étaient persuadés qu’eux, au moins, seraient à l’abri.
    Le retour à Cracovie du jeune pharmacien Bachner – huit jours après qu’il eut été embarqué à la gare de Prokocim – permit aux habitants du ghetto, comme à Oskar, d’en savoir un peu plus. Il avait vu l’horreur absolue, racontait-il. Pendant sa brève absence, ses cheveux avaient blanchi et son regard était devenu celui d’un halluciné. Tous les gens de Cracovie qui avaient été raflés début juin avaient été expédiés au camp de Belzec, proche de la frontière russe. Une fois les trains arrivés en gare, des Ukrainiens armés de matraques avaient fait descendre tout le monde. Ils avaient été frappés tout de suite par une odeur pestilentielle que les SS avaient attribuée à l’usage d’un certain désinfectant. On avait aligné les gens devant deux entrepôts dont l’un portait une pancarte vestiaire et l’autre objets précieux. Les nouveaux arrivants devaient se déshabiller pendant qu’un enfant juif circulait parmi les groupes en distribuant des bouts de ficelle avec lesquels chacun devait attacher ses chaussures. Les lunettes et les bagues avaient été confisquées. Entièrement nus, les prisonniers étaient alors tondus par des coiffeurs d’occasion : leurs cheveux seraient utilisés – pour on ne sait trop quelle raison – par les équipages des sous-marins, avait dit un sous-officier SS. Mais ils repousseront, avait-il ajouté, laissant accréditer le mythe que

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