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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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santés pour ces retrouvailles
    Avec fol espoir de paix sans faille !
     
    Quelques jours plus tard, Gui de Salignac de la Mothe-Fénelon nous rejoignit et me donna la colée à force brasses, et un écuyer du roi Édouard me fit savoir que son maître me décernerait l’Ordre de la Jarretière, avec moult plaisirs, si j’acceptais de servir le duché de Guyenne !
    Trop, c’était trop !
    Ma réponse, formulée en des termes choisis, était dénuée de toute ambiguïté. Dès lors, peu de temps après, on nous fit comprendre qu’il serait préférable que nous quittassions l’hôtel de Savoy, pour loger dorénavant, avec Onfroi, Guilbaud et Gui, dans un autre manoir royal, celui de Windsor. Un château qui ressemblait plus à une prison qu’à un manoir.
    En fait, nous serions de la suite du roi Jean, qui avait été lui-même invité à se déporter dans cette nouvelle résidence.

    Vers la fête des feux de la Saint-Jean, nous reçûmes enfin des nouvelles du Pierregord, en réponse à celles que nous avions données ! Mes coliques cessèrent sur le champ.
    En ce qui me concernait, je brisai fébrilement les sceaux de trois messages, suite aux missives que j’avais fait parvenir à mes proches. Ils me chauffèrent le cœur, tel un brasero, pour une âme en peine condamnée à l’oubli dans un cul de basse-fosse.
     
    Le premier, que je décachetai évidemment incontinent, provenait de ma tendre mie, Marguerite. Elle avait pris langue avec Jacob Salomon, notre banquier juif de Cahors. Il lui avait avancé le tiers de la rançon, soit deux mil écus, sans faire d’autres objections que celles que lui posait sa condition d’usurier.
    Marguerite avait été contrainte d’accepter de mettre en réméré notre château de Rouffillac où était détenu Arnaud Méhée de la Vigerie, dans l’attente de son procès.
    Les deux autres sceaux que je brisai étaient ceux de Mathilde, la comtesse d’Œttingen, et de la princesse Échive de Lusignan, sœur de Pierre, fils aîné du roi de Chypre et de feu le royaume de Jérusalem.
    Tout en vantant mes exploits, elles me baillèrent, sur leur cassette personnelle, la contrevaleur de mil sept cents écus d’or, par lettres à changer. Ces lettres me seraient prochainement remises, l’une sur un comptoir vénitien, l’autre sur un comptoir génois de la place de Londres. Elles précisaient, toutefois, qu’elles portaient peu d’estime au roi Jean.
     
    Mais quelle ne fut pas ma surprise, lorsque, un mois plus tard, le mestre-capitaine d’une cogge, affrétée par la ligue hanséatique, me remit l’incroyable somme de trois mil marks d’argent !
    À l’exception de ma tendre épouse, je n’avais sollicité, d’aucune façon, aucune aide. Le grand maître de l’Ordre de Sainte Marie des Allemands me faisait savoir qu’il ne s’agissait que de ma part sur le butin considérable que nous avions prélevé sur les païens de Lituanie…
    J’en eus les larmes aux yeux. Comment avait-il su ma détresse ? À la parfin, l’esprit de chevalerie n’était peut-être pas encore révolu. Oui, révolu. Il m’invitait aussi à rejoindre Marienbourg, dès qu’il m’en serait possible, pour convertir du païen !

    Pendant de longues, de bien longues années, nous fûmes, Gui de Salignac de la Mothe-Fénelon, mes nouveaux chevaliers bacheliers et moi, ballottés comme des chiffonniers, de château en château, de château en forteresse, à mesure que traînaient le collationnement de la rançon du roi et les interminables négociations préliminaires au traité de Londres.
    Un traité qui ferait basculer, s’il était signé, près de la moitié du royaume de France dans les mains du roi d’Angleterre, en conséquence de notre magistrale défaite.
     
    Du manoir de Savoy au château de Windsor, du château de Windsor à celui d’Herford, puis d’Herford à la lugubre forteresse de Somerton, nous étions toujours libres de nous rendre dans le cœur de la capitale londonienne et de sillonner la campagne du Kent, tantôt riche, ensoleillée, souriante et verdoyante, tantôt brumeuse et froide, pluvieuse ou parfois enneigée, selon les saisons.
    L’été, des femmes et des galopians sillonnaient les bois pour couper du fenouil, de l’aubépine qu’ils accrochaient au seuil de leur demeure. Les manants fendaient des bûches ou entassaient du charbon de bois dans des huchets.
    Le soir, les braves gens faisaient ripailles, dansaient rondes et caroles, buvaient de

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