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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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la bière et nous invitaient parfois à leur table.
    Dans les vallées, nous nous entraînions, au tir à l’arc, à des poteaux de quintaine sommairement dressés, et au maniement de l’épée, de la hache ou de la masse d’armes, du fléau que nous appelions l’aspersoir d’eau bénite, et les Allemands, Morgenstern, c’est-à-dire l’étoile du matin.

    Toutefois, rien, je dois l’avouer, ne me toucha autant que ces quelques mots, lorsqu’ils me parvinrent à la Tour blanche où nous étions derechef enchefrinés, avec le roi Jean. Dans de meilleures conditions, il est vrai, que celles que nous avions connues.
    Ils étaient rédigés de la main de Hamon Leraut, l’un des écuyers de messire Bertrand du Guesclin, à qui nous devions tant :
     
    « Petit, je te l’avais bien dit ! Le temps des batailles rangées est bel et bien fini ! Elles ne conduiraient notre royaume, qui ne va pas tarder à se rétrécir comme une peau de chagrin , qu’à la souffrance des plus démunis, et Dieu sait s’il y en a, et à de nouvelles et sanglantes défaites !
     
    « J’ai ouï dire qu’aux côtés de notre roi Jean, tu avais su, d’esmerveillable façon, œuvrer de ce magnifique outil qu’est la hache d’armes pour faire grand foison des fervêtus, lors de cette bien triste bataille… À pied , comme il sied plus souventes fois que l’on ne s’accorde encore, làs, à le reconnaître. Ainsi soit-il !
     
    « Par Notre-Dame Guesclin, je te sais dans le besoin, mais ne peux que te bailler ces douze écus d’un bon aloi, avant que les ateliers royaux ne frappent une nouvelle monnaie, le « franc à cheval ». L’aloi en serait, paraît-il, fort bon et tiendrait le change par rapport à la livre esterlin. En attendant partage ces écus avec tes écuyers ; six pour eux, six pour toi. Et reviens-moi tantôt. Nous avons d’autres combats à livrer, et bougrement plus utiles pour le royaume, avant qu’il ne ressemble à une vieille pomme fripée en voie de décomposition.
     
    « Au fait, aimes-tu seulement les pommes ? Oui ? Alors, ne laisse pas le Godon et le Gascon les croquer à pleines dents, par Notre-Dame Guesclin ! Nous ne pourrions même plus les presser pour en extraire ce bon jus frais et pétillant, aussi doux aux lèvres et au palais que la patoune d’une jeune ribaude !
     
    « Puisses-tu cependant transmettre au roi Jean le féal hommage d’un serviteur qui n’a pas toujours respecté les principes de l’Ordre de l’Étoile – au sein duquel je viens d’apprendre que tu avais été intronisé – mais qui, onques, n’a jamais failli, et qui entend rester fidèle à l’esprit de chevalerie et aux vœux qu’il a prononcés lors de son adoubement.
     
    Reçois dans ton crâne écervelé toute mon estime et toute mon admiration. Je t’attends. »
     
    Je roulai le parchemin pour le mettre dans la boîte à message en cuir que j’avais achetée dans l’échoppe d’un bourrelier de la brumeuse et pluvieuse cité de Londres.
    Elle rejoindrait, un jour, si le Seigneur en avait décidé ainsi, les plis les plus précieux que j’avais déposés dans un coffre de notre manoir de Braulen, avant de répondre à l’appel du roi Jean. Lorsqu’il avait levé le ban de ses féaux sujets.

    À mesure qu’un accord sur l’ébauche d’un traité lanternait, le roi Édouard s’impatientait. Le roi Jean se lassait des parties de chasse et des lectures qu’il affectionnait pourtant. Les affaires du royaume étaient chaotiques et les nouvelles bien mauvaises.
     
    Le premier traité de Londres prévoyait de céder au roi Édouard l’ensemble de ses anciennes possessions d’Aquitaine. L’Angleterre ne renonçait pas pour autant à la couronne de France, et la rançon exigée pour la libération du roi Jean était bel et bien fixée à quatre millions d’écus, représentant plusieurs années de recettes fiscales qui priveraient le trésor royal de toute ressource.
    Lorsqu’elle parvint à Paris, l’annonce de ce traité provoqua un grand et grave émoi. Étienne Marcel, le prévôt des marchands de l’eau en profita pour déclencher une émeute. Une milice de trois mil hommes envahit le Palais de la Cité pour affronter le dauphin Charles. Ce dernier avait levé une armée de près d’un millier de gens d’armes. Ils marchaient sur la capitale, dans l’espoir de faire pression sur les Parisiens et d’empêcher son éviction en faveur du Navarrais.
     
    Un drame s’était

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