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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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passé dans les appartements du dauphin qui n’avait pour compagnies que celle du maréchal de Normandie, Robert de Clermont, et celle du maréchal de Champagne, Jean de Conflans.
    Sous les yeux ébaudis du dauphin, Étienne Marcel avait fait assassiner les deux maréchaux en lançant :
    « Sire, ne vous ébahissez pas des choses que vous allez voir, car elles ont été décidées par nous, et il convient qu’elles soient faites. »
    Le dauphin avait craint pour sa vie, jusqu’au moment où le prévôt des marchands s’était coiffé lui-même du chapeau d’icelui et lui avait mis sur le chef son propre chaperon rouge et bleu, parti de rouge et de pers, le pers à dextre.
     
    Croyant avoir maîtrisé le dauphin qu’il avait terrorisé, il avait également tenu le roi de Navarre, Charles le Mauvais, à l’écart de la capitale. Mais le dauphin avait profité des troubles qui s’en étaient suivis pour quitter Paris, rejoindre son armée et se rallier une noblesse horrifiée par le meurtre des deux maréchaux. Le Navarrais lui-même, s’étant senti évincé, en avait profité pour écraser une jacquerie et se faire ouvrir les portes de Paris et du pouvoir.
    Cependant, la plupart des barons s’étaient portés vers le dauphin Charles dont l’armée avait mis la capitale en état de siège. Charles de Navarre avait alors commis une erreur en tentant de compenser les défections dont ses compagnies avaient été victimes par l’enrôlement de mercenaires anglais ou gascons.
    Leur présence dans Paris avait déclenché de nouvelles émeutes. Etienne Marcel en avait lui-même fait les frais. Les bourgeois de la capitale s’étaient lassés, et d’une agitation qui nuisait au commerce, et du Navarrais qui n’avait pas réussi à débloquer les voies de communication fluviale.
    Le prévôt des marchands avait été forçaint, molesté, piétiné et finalement occis de plusieurs coups de dague. Le peuple avait aussitôt ouvert les portes de Paris au nouveau régent au moment où, faute d’être soldées, ses troupes avaient commencé à se débander.
    Le lendemain des calendes d’août 1358 {22} , le régent était entré derechef dans la Cité. Plus un Parisien n’avait semblé garder souvenance d’avoir jamais soutenu Étienne Marcel et le roi de Navarre.

    De la forteresse de Somerton, un beau jour, en janvier de l’an 1359, nous fûmes priés de regagner la Tour blanche. Le roi fut contraint de réduire sa suite à quelques chevaliers, écuyers, pages, serviteurs, et de renvoyer les autres.
    S’il jouissait cependant d’une belle suite d’appartements près du logis royal, nous devions nous contenter, près l’une des tours, de deux pièces communiquant entre elles. L’une était, fort heureusement, chauffée par une petite cheminée.
    Des meubles sommaires, en pin du Nord, trois coffres, une table de travail, quatre trépieds en guise de faudesteuils, un grand châlit et une paillasse en crins de cheval pour quatre. Ni courtine, ni baldaquin, ni coutil, quelques couvertures de grossière laine cardée.
     
    Le bois de chauffe, les mauvais parchemins déjà utilisés, grattés à la gomme arabique ou moult fois lavés, les encres et les plumes, les chandelles de suif nous coûtaient, chaque semaine, un peu plus. Comme si le cours de la livre tournois chutait plus vite que celui de la livre esterlin.
    Pour améliorer l’ordinaire de nos repas, nous devions débourser des sommes de plus en plus considérables, alors que la qualité et la quantité des victuailles se réduisaient comme une maigre soupe aux fèves trop longtemps portée sur les braises dans la marmite d’un cantou.
    En contrepartie, les bourses de nos nouveaux geôliers s’arrondissaient aussi vite que les nôtres fondaient comme neige au soleil.
     
    J’avais baillé les deux premiers tiers de nos rançons et aurais pu largement solder le tout dans le délai imparti par le chevalier de Morbecque, si le roi Jean ne m’avait fait comprendre que nous étions aussi garants, de par nos personnes, du bon paiement de la sienne. Mieux valait, dans ces conditions, ne pas anticiper les délais de paiement qui m’avaient été accordés.
    On ne savait pas quel sort l’avenir nous réservait. Ne sont pas chevaliers de l’Ordre de l’Étoile de la Noble Maison du Roi quiquionques ! Service du Roi nous obligeait !
    Cinquante-neuf gens d’armes royaux avaient été spécialement affectés à notre garde. Fort heureusement, moyennant

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