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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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espèces sonnantes et trébuchantes, nous pouvions recevoir et faire porter des plis qui mettaient désormais plus de deux mois à parvenir à leur destinataires, car nous ne pouvions plus nous déplacer librement, ne serait-ce que dans la capitale.

    En mars 1359, le roi Édouard, sentant que le pouvoir échappait au roi Jean, aggrava ses prétentions et obtint son accord sur un deuxième traité beaucoup plus contraignant. Cette fois, le royaume de France était totalement dépecé et l’échéancier prévu à l’origine pour le paiement de la rançon, raccourci.
    Aux anciennes possessions du duc d’Aquitaine, s’ajoutaient comtés et duchés qui avaient appartenu autrefois aux Plantagenêt : le Maine, la Touraine, l’Anjou et la Normandie ! Sans compter le duché de Bretagne pour lequel Jean de Montfort rendrait hommage au roi d’Angleterre, mettant ainsi fin à la guerre de succession, au grand dam de Bertrand du Guesclin.
    En outre, pressé de quitter la brumeuse Angleterre et craignant de finir ses jours dans un cul de basse-fosse, le roi Jean eut la faiblesse de ratifier ce traité léonin, le vingt-quatrième jour de mars. N’avait-il pas conscience qu’en agissant ainsi, il risquait de faire sombrer le royaume dans la guerre civile et qu’il offrait sa couronne sur un plateau ?
    Informé de ce deuxième traité de Londres, le régent Charles convoqua les états généraux. Scandalisés, ils déclarèrent le traité ni passable, ni faisable. C’était finement joué de la part du régent qui soulevait ainsi le royaume contre l’Anglais.
     
    Furieux, le roi Édouard débarqua, à quatre jours des calendes de novembre {23} , à Calais, comme à la parade. Édouard de Woodstock, prince de Galles et Jean de Gand, duc de Lancastre, quatrième fils du roi, l’avaient précédé et fait moult ravages dans la campagne de Picardie.
    Le roi d’Angleterre entendait prendre la ville du sacre, Reims, s’y faire oindre, ceindre la couronne de France et descharpir une nouvelle fois la chevalerie française pour discréditer définitivement les Valois.
    Après plus d’un mois de siège, entre la veille des nones de décembre et l’avant-veille des ides de janvier {24} , il dut renoncer. L’enceinte était achevée depuis six mois et le capitaine de la ville, Gaucher de Châtillon, chevalier de haut lignage et petit-fils du connétable de France, avait pris toutes ses dispositions.
    Trois des portes avaient été murées, la forteresse voisine de Porte-Mars avait été humiliée, les fossés doublés et quelques maisons des faubourgs rasées pour gêner le travail d’éventuels sapeurs.
    Avec grande adresse, le régent opposa une tactique à la du Guesclin : guerre d’escarmouches en évitant toute bataille rangée. Quelques victoires furent facilement acquises par de petits détachements, dans un camp et dans l’autre.
    Mais pendant ce temps, des marins normands firent une incursion dans le port de Winchelsea, à quelques lieues de Hastings, là où Guillaume le Conquérant avait écrasé l’armée anglaise et saxonne du roi Harold, trois cents ans plus tôt, la veille des ides d’octobre {25} .
    Lorsque le roi Édouard apprit la panique qu’elle avait déclenchée dans son royaume, fou de rage, il avait marché sur Paris.
    Son armée, harcelée, affamée, privée de nourriture faute de fourrage, se livra aux pires exactions, détruisant stupidement toutes les ressources qu’elle trouvait sur son passage : pieds de vigne arrachés, bétail abattu, populations massacrées.

    Vint le printemps. L’Anglais était épuisé. Bien des soldats se débandèrent. Ceux qui restaient à l’arme, passèrent la semaine de Pâques dans le désœuvrement, du côté de Montléry. La fête fut bien triste.
     
    Le roi Édouard tenta, sans grande conviction, d’en finir : il s’avança en vue de Paris, du côté de Notre-Dame-des-Champs, et demanda jour de bataille. Le silence lui répondit. S’il n’était pas bien là, il n’avait qu’à s’en aller.
    Pour mieux saper encore le moral de ses troupes, une violente tempête vint accabler l’armée anglaise qui pataugea dans la boue et perdit ses fameux charrois, emportés par un vent qui soufflait en rafales, et déconfit ses gens d’armes sous les fortes giboulées.
    Certes, les assaillants de Winchelsea rembarquèrent, sitôt perpétré leur méfait, mais ils avaient nargué l’Angleterre, et le roi Édouard savait qu’on lui reprochait, dans son

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