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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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son regard et réprimai un soupir de soulagement lorsqu’il trancha aussi soudainement :
    « Votre conseil est sage. J’ai grand besoin de féaux chevaliers comme vous. Le royaume est agité, le régent, mon fils, n’en fait qu’à sa tête. La capitale n’est plus sûre. Les bourgeois se plaignent, le pain est cher, le blé dévasté, le vin, même le vin ne les abreuve plus depuis que les Anglais ont saisi un million de barils en Champagne.
    « Préparez vos effets, nous quittons Londres demain ! Votre compain d’armes aussi. Vous m’avez parlé d’un nouvel écuyer que vous avez pris en votre bannière. Qui est-il déjà ?
    — Oui, un damoiseau, Gui de Salignac de la Mothe-Fénelon, un ancien écuyer d’un seigneur de Floressas ruiné par les taxes et la guerre.
    — Noble famille. Or donc, il restera à Londres, le temps que les nouveaux otages, garants du paiement de ma rançon, rejoignent la Cité. Ils seront désignés à Calais, lorsque mon cousin et moi signerons ce remarquable traité que nous avons négocié âprement et qui met fin à la guerre. » Je me surpris à fredonner derechef :
     
    Matin et soir, soir et matin.
    Le soir, je prie pour toi et m’endors,
    Le matin, me réveille chagrin.
    Tous les soirs, tu baises de ta bouche mon corps,
    Chaque matin, je sens la mienne sur le tien.
     
    Le discours était grandiloquent et outrecuidé, mais j’avais obtenu satisfaction : Onfroi de Salignac, Guilbaud de Rouffignac et moi, allions prochainement remettre le pied sur notre terre de France, après quatre ans d’absence. Restait encore à expliquer à notre ami de la Mothe-Fénelon qu’il devrait patienter quelques temps. Combien de temps ?
    J’espérais pouvoir lui donner, dès notre arrivée à Calais, de bonnes et fraîches nouvelles. Trop reconnaissant pour lui avoir baillé sa rançon et muni d’une bougette bien garnie, et bien qu’affligé à l’idée de notre séparation, il fit preuve d’une grande dignité. Il n’avait reçu aucun subside de ses parents, modestes châtelains, trop pauvres pour lui faire l’avance d’un millier d’écus, et aucun signe de vie du seigneur de Floressas, qui avait peut-être passé les pieds outre.
     
    Nous l’avions réconforté et lui avions promis qu’il nous rejoindrait dans peu de temps dans le Pierregord, dès que le traité aurait été approuvé et ratifié par le conseil de régence et le Parlement de Paris. Promesse un peu téméraire, mais à laquelle nous n’entendions point faillir.

    Vers la mi-octobre 1360, le jour des ides de ce mois, vêtus d’un long et chaud mantel qui arborait l’Ordre de l’Étoile sur l’épaule à senestre et d’un fermail en émail à l’étoile d’argent frappée d’un soleil d’or sur le chaperon, nous chevauchâmes jusqu’au port de Douvres.
    Le roi Jean portait une superbe pelisse fourrée d’azur aux lys de France. Notre escorte, une compagnie d’environ cent vingt archers, fit merveille lorsqu’elle traversa la cité de Londres en grand appareil et franchit le fleuve Tamise, par le London Bridge, près la Tour blanche que nous avions saluée, sans nostalgie aucune.
     
    Alors que le roi Jean et sa suite traversaient la Manche pour se rendre à Calais, quarante-et-un princes et grands barons, dont la liste avait été établie par le roi Édouard et par ses conseillers, avaient gagné la cité de Londres. Les otages, garants de la ratification du traité et du paiement intégral de la rançon du roi Jean, décapitaient la noblesse.
    À leur nombre, on comptait le frère du roi, ses trois fils cadets, le duc de Bourbon, le dauphin d’Auvergne, les comtes de Saint-Pol, de Vaudemont, de Forez, de Ponthieu, de Blois, d’Alençon, d’Harcourt, d’Eu, de Porcien, de Sancerre, de Valentinois, et tant d’autres, sur la liste desquels figurait aussi un nom qui m’était cher, celui du maréchal Arnould d’Audrehem. Un des rares survivants à la charge fatale des chevaliers d’élite, lors de la bataille de Maupertuis.
     
    Deux bourgeois des neufs principales villes du royaume, judicieusement choisis pour leur richeté, faisaient aussi partie de ce voyage pour l’Angleterre. Ils étaient de Saint-Omer, d’Arras, d’Amiens, de Beauvais, de Lille, de Douai, de Tournai, de Reims, de Châlons, de Troyes, de Chartres, de Lyon, de Toulouse, d’Orléans, de Compiègne, de Rouen, de Caen, de Tours et de Bourges.
    Et pour d’aucuns, tels les bourgeois de La Rochelle, ils

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