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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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d’Aigrefeuille, l’un des conseillers de près notre Saint-Père, mentis-je effrontément.
    — Monseigneur Guillaume d’Aigrefeuille ? Son élévation à la pourpre cardinalice est récente. Sa Sainteté Urbain doit l’avoir en grande estime. Je vous remettrai les copies moi-même. Disons… demain, à la même heure ? Cela vous convient-il, chevalier ?
    — Je ne sais comment vous remercier pour vos diligences, votre Excellence.
    — Mais si, mais si, messire Brachet de Born. Je vous sais instruit de l’état des finances de nos universités… » me suggéra le recteur, le regard brillant, la commissure des lèvres retroussée. « Nos étudiants n’obtiennent pas toujours les bourses qui leur sont nécessaires pour poursuivre leurs études… »
    Le message était clair. Le parchemin serait baillé chèrement, à Montpellier.
    Je dénouai les cordons d’une de mes bougettes et la lui tendis :
    « Autant pour vos escoliers, demain, votre Excellence. »
    Il s’en saisit délicatement, sans oser la soupeser, et la fit disparaître prestement sous son épitoge.
    « Je prierai pour votre épouse, messire chevalier. Et pour que l’Esprit sain éclaire le tribunal de l’inquisition… »

    Le soir même, le lendemain de la Saint-Nicolas, le 7 de ce mois, je tins conseil de guerre dans l’hostellerie qui nous accueillait pour prendre souper et repos. Nous ne pouvions imaginer que l’Inquisition sévissait encore, et étions aussi bouleversés les uns que les autres. Que pouvait-on reprocher à Marguerite ? Méresse diplômée de l’Université de Montpellier, deux fois doctoresse !
    Seules des dénonciations, des calomnies avaient pu déclencher la terrifiante mécanique inquisitoriale.
    Contraint de regarder cette cruelle vérité en face, loin de baisser le chef, je décidai de tout mettre en œuvre pour la sortir de ses geôles avant le rendu de l’impitoyable sentence. Par tous les moyens, quelles que fussent les sanctions que je risquais d’encourir pour recel d’hérétique, un crime grave. Au risque d’être accusé d’hérésie à mon tour.
    Si Marguerite était jugée coupable, si elle avouait des crimes imaginaires, tous nos biens seraient confisqués au profit de l’Église, et, le pire, si elle revenait sur ses aveux extorqués sous la torture, elle serait considérée relaps et conduite incontinent sur le bûcher, coiffée de la mitre renversée des hérétiques, un cierge à la main.
     
    « Vous trois, Guilbaud, Eudes et Yves, vous prendrez repos cette nuit. Demain, avant laudes, avant que le jour ne se lève, vous sauterez à cheval et galoperez à brides abattues vers Beynac et Calviac.
    — Quitte à crever nos coursiers ?
    — Peu me chaut ! Vous devrez parcourir une distance d’environ deux à trois cents lieues. Coupez par Albi, Villefranche-de-Rouergue, Cahors, Gourdon. Je vous donne huit jours. Lorsque vous arriverez en la bastide de Gourdon, ne vous divisez pas, poursuivez jusqu’à Beynac.
    « Vous prendrez langue avec le baron, le chevalier de Montfort et le chevalier de Lebestourac. Vous leur remettrez à chacun le pli qui lui revient. Et un deuxième pli pour Foulques. Il comprendra.
    « Ces plis ne devront être décachetés qu’en votre présence. Guilbaud présentera Eudes et Yves au baron Bozon, puis à Foulques. Vous remettrez à chacun son pli. Vous rejoindrez aussitôt Braulen et agirez de même façon avec Guillaume.
    « Vous y prendrez trois jours de repos. Vous recueillerez les réponses de chacun d’iceux que vous me remettrez, en prenant une route plus longue, mais moins montagneuse. Vous chevaucherez par-devers Cahors, Montauban, Toulouse jusqu’à Carcassonne où vous devriez être huit jours plus tard, en simple haubert. Nous y serons, Onfroi, Guy et moi, avec tous baguages.
    « Vous nous rejoindrez à la barbacane de Saint-Louis, à la porte de l’Aude, près le château Comtal, à la barbacane Notre-Dame ou à la porte Philippe III, défendue par trois grosses tours coiffées de poivrières. Vous ne pouvez pas ne pas nous y trouver.
    « Nous fêterons Noël et prierons pour mon épouse. Avant de prendre d’autres dispositions pour l’extraire de ce guêpier.
    — Tu connais bien la cité, Bertrand, s’étonna Guilbaud de Rouffignac.
    — Nous y avons pris gîte et couvert, Foulques de Montfort, Arnaud de la Vigerie et moi, en décembre de l’an de grâce 1348, à notre retour de l’île de Chypre. J’ai toutefois

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