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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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L’épée et la hache d’armes en mains, s’il le fallait.

    Le neuvième jour de décembre, j’avais maîtrisé mon chagrin et ma révolte, à grands arrois de peine. Je sollicitai audience auprès du cardinal Guillaume d’Aigrefeuille. Tout serait tenté pour sauver Marguerite et Isabeau des flammes de l’Enfer.
    Le douzième jour , je n’avais aucune réponse. On me fit seulement savoir que ma requête avait été remise à la chancellerie, et que je devais patienter.
    Le treizième jour , j’appris que la chancellerie étudiait ma requête, mais qu’on souhaitait de plus amples informations sur son objet. Je m’y prêtai de mauvaise grâce.
    Le quatorzième jour , je me présentai derechef. On me dit que le Saint-Père était en conseil avec le roi Jean et que nul ne pouvait être reçu par ses conseillers.
    Le quinzième jour , le Pape et leurs éminences, monseigneur d’Aigrefeuille et monseigneur de Griomard, discouraient d’affaires de grande importance pour le royaume.
    Le seizième jour, le cardinal d’Aigrefeuille et le cardinal de Griomard avaient l’ouïe de Sa Sainteté sur des affaires d’importance concernant la Chrétienté. Il n’était point question de les troubler en leurs sages réflexions…
     
    Le dix-huitième jour, je pénétrai, par la porte des Champeaux, dans la cour d’honneur, après avoir franchi sans coup férir un pont couvert entre le petit Tinel et la sacristie nord, gravis un escalier et m’engageai dans la Grande salle de l’audience. Enluminée des fresques des Prophètes dont un peintre italien du nom de Matteo Giovinetti – un curé de Viterbe, élève de Simone Martini – avait magnifiquement tapissé plafonds et murs, appris-je plus tard. Sur l’heure, je ne m’attardai pas à les contempler.
    Le clergé pleurait misère mais les papes trouvaient toujours de quoi embellir leur palais, leur jardin et leur verdurier.
    Pour leur plaisir ou leur gloire. Pour le bénéfice des plus miséreux qui, il est vrai aussi, s’ils ne pouvaient admirer les somptueuses fresques peintes sur les murs du palais, quêtaient du pain et des habits que leur livrait toujours l’Aumônerie des Pauvres, la Pignotta, plusieurs fois dans l’année.
    Dire qu’Arnaud avait occis le père Louis-Jean d’Aigrefeuille, Aumônier des pauvres, en la cathédrale de Famagouste, douze ans plus tôt ! Alors qu’il était entendu en confession par icelui. Pour lui dérober les fioles et en négocier la valeur inestimable auprès d’un Hachichiyyin. Le Mal noir avait décimé l’équipage de la Santa Rosa et s’était propagé du port de Marseille à tout l’Occident chrétien. Et au-delà, en moins d’un an {38} .
     
    Le Palais des Papes grouillait d’activité. Des chasubles, des robes rouges, noires, brunes, pourpres se croisaient dans la Cour d’honneur, parcouraient un dédale de couloirs. Des clercs, des moines, des prélats, des officiers, des laïcs, des familiers du Saint-Office, des damoiseaux, des écuyers, des sergents massiers de la garde pontificale se bousculaient dans une agitation qui n’avait rien de monacale…
    Je demandai mon chemin, prétendant avoir audience auprès de son éminence le cardinal d’Aigrefeuille. À ce nom, on ouvrit des yeux ronds. J’ignorais alors qu’il était l’un des deux conseillers de Sa Sainteté le pape Urbain.
     
    On m’indiqua un bâtiment sur une des ailes desservies par l’escalier d’honneur. Il donnait accès aux appartements des corps de logis. L’entrée de la Salle du Conclave était surveillée par deux gardes pontificaux. Je quérai le passage. On me répondit que son Éminence tenait conseil avec le cardinal de Griomard, que la prochaine audience de la Contredite se tiendrait après l’Épiphanie. Il ne recevait personne.
    Je bousculai les gardes et forçai le passage. Deux calottes pourpres vissées sur le crâne se tenaient aux deux extrémités d’une grande table jonchée de parchemins, d’encriers, de plumes, de codex. Elles relevèrent le chef à mon intrusion.
    Six gardes se précipitèrent sur moi pour me sorçaindre. Douze autres pointèrent leur arme d’hast sur ma poitrine.
    « Je dois parler à son Éminence le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille ! clamai-je d’une voix forte et assurée. Il s’agit d’une question de vie ou de mort ! »
    Les gardes pressèrent l’arestuel de leur lance pour me repousser. En désespoir de cause, je huchai à gueule bec :
    « Sustine et

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