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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Rouffignac et mes trois écuyers, Gui de Salignac de la Mothe-Fénelon, Eudes de Saint-Pol et Yves de Penhoët, sellèrent nos chevaux. Onfroi de Salignac se tiendrait céans, veillerait sur nos effets, et resterait à la disposition du roi Jean, si icelui venait à requérir nos services.
    Je mis le pied à l’étrier et nous franchîmes, au pas, la herse et la porte principale du fort défendue par deux grosses tours à mâchicoulis, armées d’archères. Du fort Saint-André et de la Tour Saint-Jacques, construite sous le règne du roi Philippe le Bel, qui commandait les défenses du pont Saint-Bénézet, rive dextre, nous jouissions d’une vue étendue sur la plaine et le Palais des Papes.
    Dès que nous eûmes quitté le chemin de castine, nous lançâmes nos montures au petit galop. Pour prendre les routes de… Montpellier. Dieu ! Que la vie était belle. Depuis notre mariage, à la veille de l’assaut d’une avant-garde anglaise et gasconne, lancé par une nuit de lune noire contre l’enceinte du village fortifié de Commarque, j’avais passé plus de temps éloigné de mon épouse et de mes enfants qu’en leur présence. Qu’elles seraient chaudes, ces premières retrouvailles !
     
    Ce jour, à sexte, nous arrivâmes en vue des murailles fortifiées et hautement remparées de la ville de Montpellier, par le faubourg des Carmes, jusqu’aux ateliers des tanneurs et des drapiers. Nous longeâmes les douves jusqu’à la porte des Carmes. L’Ordre à l’Étoile que nous arborions sur nos chaperons et sur nos pelisses ne suffit pas à nous ouvrir le passage. Nous dûmes parlementer pour entrer dans la cité.
    Peu après la cathédrale Saint-Pierre, on nous indiqua la faculté de médecine, dont les bâtiments étaient adossés à la porte de la tour des Pins.
    Je confiai ma monture à l’un de mes écuyers et me pressai en grande hâte, le cœur battant la chamade, au-devant du portier, pour demander à être reçu par le recteur-chancelier.
    Le campus était désert. Escoliers, étudiants, maîtres et lecteurs dînaient en le réfectoire. J’insistai. On me pria de me représenter deux bonnes heures plus tard.
    À deux doigts de forcer l’entrée, je me ravisai, tournai les talons et invitai mes compains dans une taverne où l’on nous servit un succulent coq au vin, copieusement arrosé d’un vin nouveau, gouleyant à souhait, produit par le baron de la Liquisse, le chevalier de Ginestous, en ses vignobles de Beaulieu.
     
    Vers none, l’esprit en douce mélancolie, sans être trop gai pour autant, le recteur de l’université me reçut en son cabinet.
    Son épitoge noire et rouge, gansée d’hermine, m’impressionna moins que ses paroles :
    « Chevalier, votre épouse a fait l’objet d’un mandat d’amener du prévôt de Sarlat, sur ordre de monseigneur Austère de Sainte-Colombe votre nouvel évêque ». Les bras m’en tombèrent et blèze, je béguettai :
    « Par le sang Dieu ! Pour quels actes ? Pour quels forfaits ? N’est-elle point lectrice en votre faculté ?
    — Si, bien sûr ! Elle a obtenu deux doctorats, l’un en physique, l’autre en farmacie. Une estudiante particulièrement vive et instruite. Nous lui avons confié la chaire d’apothicaire qui était vaccante. À titre probatoire.
    — Alors, pourquoi avez-vous levé votre main de dessus elle, votre Excellence ?
    — Messire Brachet, votre épouse est suspectée d’hérésie et de sorcellerie.
    — D’hérésie ? De sorcellerie ? Elle est d’une piété exemplaire !
    — Je sais bien que cette accusation est sans fondement, mais je ne pouvais m’y opposer. L’ordre était contresigné par le dominicain Durand Salvar, Inquisiteur général en charge des diocèses de Carcassonne. Il l’interroge depuis quelques jours.
    « Mais n’ayez crainte, votre épouse, nous l’apprécions beaucoup, ne pourra qu’être relaxée. Nous avons grande confiance en la justice ecclésiastique. Elle bénéficiera d’un édit de grâce », me dit-il sans grande conviction.
    La tête me tournait. Une douleur violente me déchirait. C’est au prix d’un effort surhumain que je parvins à me ressaisir :
    « Votre Excellence, pouvez-vous me remettre copie des diplômes que votre université lui a délivrés ?
    — Euh… Oui, revenez me voir sous quinzaine. J’en ferai dresser copie par un clerc assermenté.
    — Sous trois jours, votre Excellence. Sous trois jours, j’ai audience auprès du cardinal

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