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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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rafraîchi mes connaissances ce jour d’hui, près le recteur-chancelier de l’université.
    « Si toutefois aucun de nous ne s’y tenait, chevauchez à brides avalées vers le fort Saint-André et le Palais des Papes.
    « Messires, les guerres du roi de France ne sont point des parties de plaisir. Tu es bien placé pour le savoir, Guilbaud. Mais le combat que nous allons livrer est d’une autre nature. Soyez courageux ! J’ai grand besoin de vous ! les exhortai-je à haute voix.
    « Car il est des circonstances où, si la chance vous abandonne, si la diplomatie échoue, si vos ennemis s’acharnent contre vous, seuls la prière et les armes peuvent faire basculer notre destin ici-bas. La prière, le Diable et le glaive. Par Saint-Sébastien ! »

    Le neuvième jour du mois de décembre, lorsque nous nous présentâmes à la porte Narbonnaise, en la citadelle de Carcassonne, mes écuyers bretons et moi, bannière à l’arrêt sur l’arçon, on nous ouvrit grand les portes ! Merveilleux sauf-conduit en terre royale que l’Étoile de l’Ordre de la Noble Maison du Roi.
    Nous fûmes reçus peu après dans le château comtal, une forteresse dans la Citadelle, par Jean de Grave, seigneur de Peyriac et de Brosse-Cabaret, sénéchal de Carcassonne et du Languedoc. Les pierres devaient garder la mémoire des vicomtes Raimond Roger Trancavel, dont l’un était mort de dysenterie dans la prison de son château, après avoir été contraint d’ouvrir les portes à Simon de Montfort.
     
    Lorsque je fus convaincu des bonnes intentions du sénéchal, je l’informai du drame que je vivais. Il me jura de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour me faciliter la tâche. Je lui remis une courte rondelle que j’avais rédigée la veille.
    Il m’en parut fortement ému et me promit de la faire parvenir à mon épouse Marguerite. À ma mie. Et à ma sœur Isabeau, détenues dans la tour de Justice.
    « Isabeau ? Isabeau Brachet de Guirande ? êtes-vous sûr, messire ? suffoquai-je. En êtes-vous sûr ?
    — Sûr et certain. Je tiens ces informations d’un moine convers à ma solde. Icelui qui fera parvenir votre poème à votre bien aimée épouse et en donnera lecture à votre sœur atteinte d’une légère cécité. »
    Le sang s’était retiré de mon corps et bourdonnait à mes tympans.
    « Dieu, est-ce possible ? Savez-vous de quoi sont vraiment accusées mon épouse et ma sœur ?
    — J’ai grand peine à vous le dire. Il semblerait qu’elles soient suspectées d’hérésie, de sorcellerie ou de fornication aggravée.
    — De fornication aggravée ? Je ne puis y croire !
    — Messire Brachet de Born, là n’est pas la question. Le dernier bûcher a été dressé en notre belle cité, en l’an 1329, il y a plus de trente ans. Mais les dominicains, en désœuvrement depuis lors, sont friands de la moindre occasion pour saisir les biens des pénitents. Ces biens leur reviennent si elles sont convaincues d’hérésie, comprenez-vous ?
    « Sachez cependant que le père dominicain, Durand Salvar, est un homme respectueux des règles qui régissent la procédure inquisitoriale, telle qu’elle est définie par Bernard Gui et Nicolas Eymerich.
    — Par Bernard Guy et Nicolas Eymerich ? Le pire est à craindre !
    — Vous m’avez dit jouir d’une introduction auprès d’un des nouveaux conseillers du Saint-Père, le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille ? Aux fins de parer à toute éventualité, je ne saurais que vous conseiller de solliciter audience auprès d’icelui. Peut-être pourra-t-il intercéder auprès du Grand pénitencier pour vous délivrer une lettre de rémission ? Sait-on jamais… »
     
    Revoir celle que je n’avais jamais vu autrement qu’en songe par une nuit enneigée de l’hiver 1345 ! Pour laquelle je m’étais heurté à une conspiration du silence ! Celle dont j’ignorais tout lien de parenté, celle dont j’avais pisté les voies, du Pierregord à la Bretagne ! Que n’avais-je versé de larmes et pleuré de rage et de désespoir ! Pour la savoir accusée, en ce triste jour, d’hérésie ou de sorcellerie !
    J’étais éplapourdi, desbareté et fol de rage. Et n’entendais pas rester impuissant, mais tenterai de faire éclater la vérité sur mes bien-aîmées. Par tous les moyens. Et à défaut, pour les soustraire à ce que je redoutais. La justice des hommes ? J’entendais bien faire appel à la justice de Dieu. Envers et contre tous.

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