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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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abstine ! » L’un des cardinaux se leva, s’approcha, pria les gardes de sortir. Il était blême. Le sang s’était retiré de son visage. Je poursuivis :
    « Mors…
    —  Ultima ratio  ! » chuchota-t-il en me donnant son anneau à baiser.
    « Ainsi, vous êtes ce fendant chevalier dont on m’a parlé ? Membre de l’Ordre de l’Étoile de la Noble Maison !
    — Et titulaire de la Croix de Fer de l’Ordre de Sainte-Marie des Allemands, dont j’ai encore plus grande fierté !
    — Humm… je vois cette décoration autour de votre col. Les chevaliers teutoniques ne sont pas toujours en odeur de sainteté auprès de la Curie.
    — Parce qu’ils relèvent de l’autorité de l’empereur du Saint Empire romain germanique, votre Éminence ?
    — C’est un peu cela, chevalier. Nos relations avec l’empereur Charles sont… disons toujours un peu tendues. Mais, parlez-moi de feu mon frère Louis-Jean et des affaires qui vous amènent à solliciter si pressante audience. Venez. Suivez-moi. Allons dans l’oratoire Saint-Michel, près la chapelle Saint-Martial.
    « Anglic, je te présente le chevalier Brachet de Born. Il m’a été recommandé par feu mon frère, l’Aumônier général de la Pignotte. Voudras-tu bien nous excuser quelques instants ? »
     
    Le cardinal d’Aigrefeuille conseillait le nouveau pape Urbain, avec le cardinal Anglic de Griomard, frère du Saint-Père. Tous deux étaient membres du tribunal de la Rote, m’apprit-il. Je m’en réjouis. Je ne pouvais mieux tomber pour obtenir une lettre de rémission au profit de mon épouse et de ma sœur. Encore fallait-il que la Pénitencerie l’approuve et les convainque de l’urgente nécessité.
    Pendant trois longues heures, je lui exposai l’affligeant état dans lequel se trouvaient les deux plus chères personnes à mon cœur. Il m’écouta avec grande attention, me posa moult questions. J’y répondis, lui montrai les diplômes de Marguerite, les faux en écritures de l’ex-baronne de Beynac, qui avait certainement dénoncé l’une et l’autre auprès du nouvel évêque de Sarlat. En passant toutefois sous silence le cas d’Arnaud.
    Il me remercia d’avoir remis la dernière fiole sacrée, contenant l’Eau et le Sang du Christ, à monseigneur Élie de Salignac. Il la leur avait fait parvenir avec fortes recommandations quant à l’usage qui pourrait en être fait. Il me dit l’avoir enchâssée dans un rétable, avec d’autres reliques précieuses. Je compris alors à quoi l’ancien évêque de Sarlat avait dû sa promotion en l’archevêché de Bordeaux…
    Le prélat me promit de diligenter une enquête sur la façon dont était instruit le procès en hérésie et en sorcellerie par l’inquisiteur dominicain, Durand Salvar, dont la mission relevait du Saint-Office.
    « Soyez confiant en la justice ecclésiastique, messire Brachet de Born. Si elle venait à faillir, je saurais être là pour rétablir la vérité. Nous allons vérifier les minutes des interrogatoires et nous informer sur l’origine des dénonciations. Les documents que vous m’avez remis sont à décharge et il est possible que la procédure soit cassée s’il s’avère que les dénonciations proviennent de personnes de mauvaise foi ou coupables elles-mêmes de crimes ou d’hérésie.
    « Je m’occupe incontinent et personnellement à faire instruire votre requête ! Sachez cependant être patient. Je saisis le cardinal Anglic de Griomard afin que, s’il m’arrivait malheur, vous puissiez compter sur lui.
    — Que la Vierge Marie vous protège, votre Éminence et que l’Esprit Saint éclaire les voies de leur innocence.
    —  In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. Amen  ! »
    Le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille me proposa de revenir le voir un mois plus tard. Il me suggéra de me présenter, non pas à la porte des Champeaux située dans l’aile des Grands Dignitaires, mais à la porte de la Peyrolerie, creusée dans le roc. Il donnerait ordre aux gardes pontificaux de me conduire à lui, dès que je m’y présenterais.
    Je retraversai la Cour d’honneur, franchis la porte des Champeaux, levai un œil sur les armoiries de feu le pape Clément, sixième du nom. Elles ornaient les deux tourelles octogonales reposant sur des culs-de-lampe circulaires sises au-dessus d’un arc percé de mâchicoulis, à environ trente coudées au-dessus du sol :

    d’argent à la bande d’azur accompagné de six roses de

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